Essai
Nouvelle parution
C. Cipolla, Les Lois fondamentales de la stupidité humaine

C. Cipolla, Les Lois fondamentales de la stupidité humaine

Publié le par Marc Escola

Les lois fondamentales de la stupidité humaine
Carlo Cipolla

Laurent Bury (Traducteur)

 

DATE DE PARUTION : 02/05/12 EDITEUR : PUF ISBN : 978-2-13-060701-4 EAN : 9782130607014 PRÉSENTATION : Broché NB. DE PAGES : 71 p.

Comment évaluer l'impact de la stupidité humaine sur nos destins personnels et sur l'ensemble de la société ? Vaste question à laquelle l'historien Carlo Maria Cipolla décida en 1976 de répondre par un bref essai au ton éminemment scientifique. Au ton et seulement au ton : car derrière la rhétorique académique se cache un texte désopilant, qui ressortit au genre " pseudo-scientifique ", comme en son temps le célèbre Cantatrix Sopranica de Georges Perec, ou aujourd'hui les très sérieuses recherches de Jean-Baptiste Botul.

Diffusé en 1976 aux Etats-Unis sous la forme d'une édition limitée et numérotée, Les lois fondamentales de la stupidité humaine a été publié en italien en 1988 (dans un recueil générique intitulé Allegro ma non troppo), et pour la première fois dans sa langue originale, l'anglais, à l'automne 2011.

Sommaire:

PREMIERE LOI FONDAMENTALE
DEUXIEME LOI FONDAMENTALE
INTERMEDE TECHNIQUE
TROISIEME LOI FONDAMENTALE (QUI EST AUSSI UNE REGLE D'OR)
DISTRIBUTION DES FREQUENCES
STUPIDITE ET POUVOIR
PUISSANCE DE LA STUPIDITE
QUATRIEME LOI FONDAMENTALE
MACROANALYSE ET CINQUIEME LOI FONDAMENTALE

*  *  *

Sur lefigaro.fr, en date du 3/5/12, on peut lire cet article de J. de Saint-Victor:

Selon Carlo Cipolla, brillant historien italien, même les lauréats du prix Nobel n'échapperaient pas à la stupidité…

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Schiller disait que «contre la stupidité, les Dieux même luttent en vain». Fort de ce principe, le grand historien de l'économie Carlo Cipolla, professeur à Berkeley et à l'École normale de Pise, a fait paraître un petit essai qui est devenu un best-seller en Italie. D'une plume agile et ironique, en parodiant la «stupide» façon qu'ont les économistes du «choix rationnel» de classer l'action humaine en schémas bien établis, l'auteur s'est employé à décrire ce qu'il appelle les «cinq lois fondamentales de la stupidité humaine». M. Cipolla n'est pas M. Teste: «La bêtise n'est pas mon fort.»

Fort d'une approche pseudo-scientifique où la rhétorique académique cache un texte désopilant, qui n'est pas sans faire penser à Perec ou à Botul, l'économiste construit un petit chef-d'oeuvre d'excentricité. Il ne nous parle ni de bêtise ni de crétinerie, mais bien de stupidité stricto sensu. Son propos n'est pas réactionnaire et il n'envisage pas de réintroduire des distinctions entre individus. Pourquoi? Tout simplement, nous dit-il, parce qu'il a rencontré des individus stupides aussi bien à l'usine, dans les médias qu'à l'université ; même les «lauréats du prix Nobel» n'y échapperaient pas, selon ses travaux, fruits «d'années d'observation et d'expérimentation». Partout, ajoute-t-il, «on rencontre toujours le même pourcentage d'individus stupides, pourcentage qui (…) dépassera toujours vos attentes».

Face à ce mystère de la condition humaine, on s'interroge. Mais quelle est cette stupidité si prégnante dont nous parle M. Cipolla? La troisième loi fondamentale, qu'il appelle aussi ironiquement la «règle d'or» (ce qui n'est pas sans faire songer au sérieux de ceux qui rêvent de nous imposer une telle stupidité constitutionnelle), part du principe que «l'humanité se divise en quatre grandes catégories: les crétins, les gens intelligents, les bandits et les êtres stupides».

Un humour très «British»

Il faut laisser au lecteur le soin de découvrir les multiples figures que peuvent recouvrir ces quatre catégories à leur marge. Le bandit peut être parfois intelligent, parfois stupide, parfois crétin. Disons, pour introduire le lecteur à la pensée redoutablement aiguisée de M. Cipolla, que le crétin est celui qui agit de façon à ce que son action entraîne une perte pour lui-même et un gain pour nous ; le bandit est celui qui obtient un gain en nous causant une perte ; tandis que le stupide est «celui qui entraîne une perte pour un autre (…) tout en n'en tirant lui-même aucun bénéfice et en s'infligeant éventuellement des pertes». D'où l'importance de la dernière loi fondamentale: «l'individu stupide est le type d'individu le plus dangereux», plus dangereux encore que le bandit…

On laissera au lecteur le soin de dévorer ce petit livre bref, retenu, mais profond, d'un humour très British (il a d'abord été écrit en anglais en 1976), qui s'amuse à nous entraîner dans des casuistiques proprement burlesques mais, au fond, totalement terrifiantes: par exemple, le général qui cause d'innombrables victimes et des dégâts colossaux pour obtenir une médaille de plus doit-il être classé dans la catégorie «bandit parfait» ou dans celle de la «stupidité pure»? À vous de lire le professeur Cipolla…