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Bulles marines et cases maritimes. Mers et océans dans la BD (Poitiers & Angoulême)

Bulles marines et cases maritimes. Mers et océans dans la BD (Poitiers & Angoulême)

Publié le par Marc Escola (Source : Frédéric Chauvaud, MSHS Poitiers et CIBDI)

Appel à communications

Bulles marines et cases maritimes 

Mers et océans dans la BD 

Colloque international

Jeudi 24 septembre

Poitiers, Espace Mendès France 

Jeudi 12 novembre 2020 

Angoulême, Vaisseau Moebius – New Factory 

Organisateurs : Frédéric Chauvaud et Thierry Sauzeau

Avec le soutien du GIS Histoire et sciences de la mer, de la MSHS de Poitiers, de l’EMF, de la CIBDI, du Réseau de Recherche Régional (RRR BD).

 

Très tôt, la bande dessinée s’est attachée aux espaces maritimes. Christophe, présenté comme le père de la bande dessinée française, avait fait de la famille Fenouillard dès 1889 une référence. Dans les conversations chacun relatait les mésaventures d’Agénor, de Léocadie et de leurs deux filles Artémise et Cunégonde. La famille Fenouillard se rendit aux bains de mer à Saint-Malo. Le père entreprit de leur faire comprendre la différence entre bâbord et tribord, puis la famille se rendit au Havre, puis visita des bateaux où quelques membres de la famille connurent des « révoltes d’estomac », traversèrent l’Atlantique, mirent le cap vers le "détroit de Behring", se rendirent au Japon, testèrent le principe d’Archimède, furent aperçus à Pondichéry, Antioche, au Caire et à Séville avant de regagner leur commune.

Par la suite, marins, îles, bateaux, littoraux, sous-marins ont peuplé les planches d’auteurs comme Saint-Ogan, dont plusieurs couvertures des albums retraçant les aventures de Zig et Puce, personnages nés en 1925, bientôt rejoint par Alfred le pingouin, donnent la première place à la mer ou à l’océan (Zig et Puce à New YorkZig et Puce cherchent DollyZig et Puce et FuretteRevoilà Zig et Puce…). De l’autre côté de l’Atlantique, Milton Canniff, assisté par Noel Sickles, devient un auteur considérable pour sa grande série amorcée en 1934 dans le New York Daily News : Terry et les pirates, qu’il dessina jusqu’en 1946.

Avec Hergé et les aventures du petit reporter du XXe siècle, la mer et l’océan occupent une place importante et donnent, à des millions de lecteurs, du rêve et de l’exotisme. Que ce soit dans Les cigares du pharaonL’Île noireL’Oreille casséeLe Crabe aux pinces d’orLe secret de la LicorneL’Île MystérieuseCoke en Stock ou encore Vol 740 pour Sydney… les flots sont souvent menaçants. Ils illustrent l’aventure, la nature indomptée, la punition, le secret, la cupidité humaine… mais aussi l’espoir et la rédemption.

L’album célébrissime d’Hugo Pratt, La Ballade de la mer salée (1967), puis la grande série Tramp (Jean-Charles Kraehn et Patrick Jusseaume, 1993-2019) ont fait de l’espace maritime un territoire d’aventures, un lieu où toutes sortes de personnages se côtoient et parfois s’affrontent. Dans la production de romans graphiques, certains héros de papier ont véritablement existé comme Magellan (Christian Clot, Thomas Veruet et Bastien Orenge, 2012). D’autres sont des personnages de fiction revisités, voire ressuscités comme Long John Silver, inventé par Robert Louis Stevenson dans L'Île au Trésor. La série éponyme est née en 2007 (Xavier Dorisson et Mathieu Lauffray) et quatre albums ont vu le jour. Des adaptations de romans ont mis à l’honneur intrigues, atmosphères et marins (Les Marins perdus de Jean-Claude Izzo, et dessiné par Clément Belin, 2008).

La tentation biographique reste pour l’heure timide, toutefois Tabarly bénéficie d’un album (Avec Tabarly, Dary, Courtois, 2008). Le réel s’invite aussi avec la traversée du docteur Bombard en 1952 (Sébastien Gannat, 2014) ou avec des bandes dessinées documentaires comme Histoires du Vendée Globe (Alexandre Chenet et Renaux Garreta, 2016), ou encore avec l’évocation de navires célèbres comme le Lusitania (S.O.S Lusitania, Patrick Cothias, Patrice Ordas, et Jack Manini, 2013), la Jeanne D’Arc (Bernard Giraudeau, Christian Cailleaux, 2008), et bien sûr le Titanic, vu en particulier par Attilio Micheluzzi, (Titanic, 1990). Dans le registre réaliste, il convient de ne pas oublier les batailles maritimes devenues une collection chez Glénat, avec Salamine, Lépante, Trafalgar ou encore Tsushima… Les expéditions et les voyages ont également séduit auteurs et lecteurs (Emmanuel Lepage, Voyage aux îles de la Désolation, 2011), mais rien ne vaut les récits de flibustiers, de corsaires et de Pirates. Surcouf mais surtout Barbe-Rouge (Charlier et Hubinon) ont marqué des générations et font partie de la culture populaire. Des personnages célèbres comme Alix, Blake et Mortimer, Astérix, Ric Hochet, Tif et Tondu…ont été confrontés à l’élément liquide et ont, à leur manière, contribué à l’acculturation des lecteurs.

De très nombreux thèmes sont abordés. Dans la bande dessinée dite historique ou d’histoire la traite négrière est évoquée par François Bourgeon dans Les passagers du vent dont le premier album fut publié il y a tout juste quarante ans. La BD de reportage n’hésite pas, elle, à traiter de questions d’actualité. C’est ainsi que Rizzo et Lelio Bonaccorso ont signé À bord de l’Aquarius (2019).

Un nombre impressionnant d’albums traite de l’univers marin, dans des styles les plus divers et des approches les plus variées, allant de la ligne claire des aventures du capitaine Rob (2 albums, 1959) aux dessins de M.S. Bastian parfois qualifié de postexpressionnistes qui donnent à la mer, aux pirates et aux navires une esthétique renouvelée (Strapazin 18, 1989).

Colloque pluridisciplinaire, Bulles marines et cases maritimes accueillera des communications historiques, géographiques, esthétiques, sociologiques, littéraires, philosophiques…

Trois orientations méritent d’être privilégiées. En premier lieu, les « personnages » fictionnels ou non. Les flibustiers et les marins aventuriers (Isaac le pirate mis en scène par Blain ou Théodore Poussin, dessiné par Frank Le Gall), les explorateurs, (James Cook), les navigateurs et navigatrices (Florence Arthaud), les militaires (le vice-amiral Nelson), mais aussi les bateaux et sous-marins célèbres (L’Hermione, le Nautilus…), sans oublier la foule des matelots anonymes.

Dans un deuxième temps, les espaces et les éléments : quelle mer ? quelle île ? quel port ? quel littoral ? Les tornades, les tempêtes, les mers d’huile, mais aussi les fonds sous-marins, féériques ou anxiogènes (Sanctuaire, Christophe Bec et Xavier Dorison) devraient retenir l’attention. Des rivages aux profondeurs océanes, il s’agira d’explorer et d’analyser les territoires marins, sans oublier ceux offerts par les bandes dessinées dites de science-fiction où des planètes entières sont dépeintes comme entièrement aquatiques, comme dans le quatrième opus des aventures de John Diffoll (Moebius et Alejandro Jodorowsky, Ce qui est en haut, L’incal, tome 4, 1985) aux somptueux décors subaquatiques.

En troisième lieu : les intrigues et les tribulations. Par exemple, dans Les Indes fourbes (2019) Alain Ayrolles et Juanjo imaginent la suite du récit de Francisco de Quevedo. Les péripéties innombrables des personnages de One Peace(Eiichirõ Oda), le trafic d’armes, de l’Italie au Mexique, dans Outremers (Bruno Le Floc’h, 2011-2012), le sort du Bataviaet de Jéronimus Cornelisz (Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx, 2008-2010), La Grande traversée (Uderzo et Goscinny, 1975)… attestent d’un véritable fourmillement qu’il conviendra de suivre et de restituer.

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Les propositions de communications (1000-1500 signes) et une courte notice bio-biblio (300-500 signes) sont à adresser, avant le 10 mars, à Frédéric Chauvaud frederic.chauvaud@univ-poitiers.fr et à Thierry Sauzeau thierry.sauzeau@univ-poitiers.fr, ainsi qu’à Florence Cavin florence.cavin@univ-poitiers.fr.

Le retour des expertises aura lieu le 30 mars.

Les organisateurs prennent en charge les nuitées, les repas, les frais d’inscription et la publication des actes sous la forme d’un véritable livre.