Essai
Nouvelle parution
B. Munoz, Des robots et des hommes. Les androïdes rêvent-ils de moutons éléctrique ? de Philip K. Dick

B. Munoz, Des robots et des hommes. Les androïdes rêvent-ils de moutons éléctrique ? de Philip K. Dick

Publié le par Marc Escola (Source : auteur)

Brian Munoz, Des robots et des hommes. Les androïdes rêvent-ils de moutons éléctrique ? de Philip K. Dick, BOD, 2016. ISBN 9782322114382.

Prix de l'ouvrage: 5 euros version papier. Existe aussi une version ebook.

 

Les androïdes rêvent-ils de moutons éléctriques ? est un roman de science-fiction qui a fait date, mais qui est resté célèbre pour le grand public grâce à l'adaptation au cinéma sous le titre de Blade runner.

Philip K. Dick a posé une question originale : est-ce qu'un androïde pourrait se prendre pour un homme ? Cette approche du problème de la place des robots dans les sociétés humaines est féconde. Elle a des implicites philosophiques que l'auteur de Des robots et des hommes. Les androïdes rêvent-ils de moutons éléctrique ? de Philip K. Dick interroge.

Pour ce faire, il met en perspective ce que les technosciences ont produit : l'idée d'un progrès inéluctable des technologies contemporaines. Cela dit, une question reste en suspend comme l'a bien noté le philosophe belge Gilbert Hottois : que faire de l'homme ? C'est ce fond philosophique et anthropologique que l'on retrouve dans le roman dickien. L'auteur de cet essai souligne l'originalité de ce roman capable de brouiller les frontières entre l'humain et le mécanique. Un robot peut-il sentir de l'empathie pour d'autres robots, pour les hommes et même pour les animaux ? Si c'est le cas : qui est le blade runner ? Un homme ou bien un androïde de dernière génération susceptible, à son insu, de se prendre pour un homme ? Rachel, la "nièce" du constructeur d'androïde avait, elle aussi, une histoire, des souvenirs, et ne pouvait penser qu'elle n'était qu'une créature de Rosen, son "oncle".

Outre cet aspect tragique du roman, Philip K. Dick avait déjà posé avec une formidable acuité les problèmes philosophiques et sociétaux qui commencent à poindre aujourd'hui grâce aux avancées technologiques de la robotique. La littérature de science-fiction est le lieu d'enchevêtrements des limites et des brouillages des repères classiques : androïdes, genoïdes, cyborgs, et autres créatures peuplent la monde des humains dans l'imaginaire de Philip K. Dick.

Mais comment ne pas comprendre que l'imaginaire structure nos découvertes et nos avancées technologiques ? L'auteur de cet essai distingue conceptuellement les mouvements qui se font jour aujourd'hui : transhumanisme, posthumanisme, et un humanisme existentialiste technique. Ce dernier est nouveau, et il est resté inaperçu. Il consiste à soutenir, selon l'auteur, "qu'une espèce humaine peut voir le jour sous la pression des techniques, mais elle ne s’inscrit ni dans la succession, ni dans le dépassement, mais dans la « transcendance » entendue comme phénomène humain régulier et continu. L’homme est en train de se faire, et cela est sa condition. Importent alors plus la valeur des tâtonnements et des essais de l’homme sur lui-même avec la technique et la technologie, que la question de la nature humaine. Ce n’est pas un naturalisme car l’humanité n’est pas une nature mais un état, ou mieux dit une condition et un projet". Dans le projet d'une 'humanité en train de se faire se pose la question actuelle de l'homme et de l'usage qu'il fait de sa technologie. Sur cela la littérature de science-fiction est susceptible d'apporter des propositions de réponses originales et fécondes.