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Bien écrire/mal écrire : écrire en “périphérie” de la norme (écrivains plurilingues, écrivains

Bien écrire/mal écrire : écrire en “périphérie” de la norme (écrivains plurilingues, écrivains "francophones")

Publié le par Ivanne Rialland (Source : Olga Anokhina)

Pôle "Multilinguisme et francophonie" de l'ITEM

(UMR 8132 CNRS/ENS)

 

JOURNEE D’ETUDE

organisée par

Olga Anokhina, Florence Davaille, Hervé Sanson

BIEN ECRIRE / MAL ECRIRE :

écrire en “périphérie” de la norme

(écrivains plurilingues, écrivains "francophones")

 

vendredi 16 novembre 2012

9h-17h

ENS 45 rue d’Ulm 75005 Paris

Salle DUSSANE (à confirmer)

L’étude des interactions entre les langues et celle des divers phénomènes linguistiques repérables dans le champ des littératures francophones constitue un axe d’investigation récurrent dans les recherches universitaires. Depuis ces travaux et les résultats déjà capitalisés, nous nous proposons d'interroger la problématique suivante : dans le rapport à une norme linguistique, que signifie le fait de « bien écrire », et conjointement celui de « mal écrire » ?

Cette question de l'évaluation d'une écriture par rapport à une norme s'est posée en France de façon récurrente puisque même des "écrivains nationaux", tels Hugo, Zola ou Stendhal, ont pu être considérés à leur époque, comme l’illustration par excellence du « mal écrire » ! Nous souhaitons envisager ici la question en ce qui concerne les écrivains plurilingues ou les écrivains pratiquant un autre français que celui de la France.

En ce qui concerne les écrivains plurilingues, les études littéraires classiques se limitent souvent à constater leur plurilinguisme sans révéler le véritable impact de la maîtrise de plusieurs langues sur leur pratique et sans comprendre les conséquences du choix d’écrire en langue non maternelle. Or, quelle que soit leur origine linguistique et le choix de la langue d’écriture, tous ces écrivains ont fait, à un moment donné, l’objet de critiques quant à leur expression écrite « peu conventionnelle » : on dit alors qu’ils écrivent « mal ». En revanche, une fois leur renommée bien assise, ces mêmes écrivains sont qualifiés de « stylistes extraordinaires » et on ne tarit pas d’éloges sur leur créativité linguistique « exceptionnelle » (Nabokov, Cioran). Toutefois, le lien entre le multilinguisme de ces écrivains et leur créativité est rarement mis en évidence et valorisé. On s'interrogera donc sur la véritable nature de leur écriture.

Une recherche sur ce sujet passe nécessairement par le recours aux manuscrits qui donnent au chercheur un accès privilégié aux traces des processus sous-jacents à la création. Contrairement aux affirmations des écrivains – qui peuvent être influencées par la conjoncture sociale, politique ou artistique, et qui, de plus, ont une forme réflexive donc scientifiquement non vérifiable –, les documents de travail permettent de mettre en lumière la véritable relation qui existe entre la position de facto de l’écrivain dans sa (ses) langue(s) et sa créativité.

Ainsi, plusieurs catégories d’écrivains pourront être étudiées dans cette perspective. La première est représentée par les écrivains qui écrivent dans des conditions d’émigration. Au XXème siècle, devenu le siècle d’errance et d’abandon des terres natales pour des millions de personnes, un grand nombre d’écrivains ont adopté une langue étrangère comme langue d'écriture, tout en gardant au quotidien leur langue maternelle. Les exemples sont nombreux : Vladimir Nabokov, Ivan Bounine, Elsa Triolet, Iossif Brodsky, Irène Némirovsky, Nancy Huston, André Makine, Émile Cioran, Samuel Beckett, pour n’en citer que quelques-uns. Il sera question de vérifier si, dans leur travail, ils ont vraiment abandonné leur langue d’origine, comme ils le prétendent souvent.

Un autre type d’écrivains est illustré par ceux qui ont élaboré leurs oeuvres dans un contexte culturel et linguistique pluriel (en Afrique, par exemple). Pour ces écrivains, le français devient la langue d’écriture, reléguant au second plan leur langue maternelle. Leur production est nourrie par cette pluralité qui peut être vécue par l’écrivain soit comme une source d’enrichissement et le fondement même de sa création, soit, au contraire, comme un combat à mener ou un clivage à surmonter sur les plans linguistique, culturel et politique.

D’autres écrivains emploient un français différent, mais ont été assujettis pendant longtemps à une « norme du français de France » toute puissante. Belges, Suisses et Québécois, par exemple, ont longtemps adopté la norme linguistique française de France. Ils ont alors réprimé leurs particularismes et pratiqué un purisme linguistique que les générations suivantes se sont employées à contester, au nom du respect de l’identité locale. La francophonie du Sud a suivi une évolution similaire : d’abord soumis à la norme du colonisateur, le modèle d’écriture adopté fut un modèle scolaire. Puis la vague des décolonisations entraîna la revendication d’"idiosyncrasies" au sein de la langue française et la reconnaissance de pratiques différentes du français. La question de la présence sous-jacente éventuelle d'une autre langue est ici également à interroger.

Le cas des auteurs qui écrivent dans des langues dites « minoritaires » (telle la langue d'Oc, le breton, le chti, le basque ou le corse…) est également intéressant à examiner car il s’agit de facto d’écrivains multilingues qui doivent faire un choix ou bien faire coïncider une langue nationale, qui est souvent une langue véhiculant la culture d’un état-nation, et une langue parlée par une communauté restreinte de locuteurs mais riche d’une vision du monde particulière.

Ces écrivains peuvent-ils véritablement s’affranchir de la norme ? Où se situe la frontière entre la transgression innovante vis-à-vis de la norme, la créativité linguistique, et le « mal écrire » ? Les jugements de valeur « bien écrire » / « mal écrire » sont-ils toujours pertinents ? Voici quelques-unes des interrogations que les intervenants de cette journée auront à coeur d'explorer.

 

CALENDRIER :

Le 4 septembre 2012 : date limite d’envoi des propositions d’intervention.

Le 20 septembre 2012 : notification des contributeurs.

Le 1er novembre 2012 : date limite d’envoi des textes.

Les propositions retenues pour la journée d’étude feront l’objet d’une publication dans le numéro 2 de la nouvelle revue électronique Continents manuscrits.org. Pour ce faire, les textes devront impérativement être envoyés avant cette date.

Le 16 novembre 2012 : journée d’étude.

Le troisième trimestre 2013 : publication du numéro.

 

Temps de parole imparti : 20 minutes.

Les articles publiés pourront compter entre 15 000 et 40 000 signes.

 

Merci d’envoyer les propositions de communication d’une page MAXIMUM aux trois organisateurs :

Olga Anokhina : olga.anokhina@freesbee.fr

Florence Davaille : davaille.florence@orange.fr

Hervé Sanson : sansonherve@sfr.fr