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Belgique. Portraits d’un pays (revue Textyles)

Belgique. Portraits d’un pays (revue Textyles)

Publié le par Groupe MDRN (Source : David Martens)

Belgique. Portraits d’un pays

Dossier Textyles, s. dir. Laurence Brogniez (ULB) & David Martens (KU Leuven – MDRN)

 

Dans le vaste domaine de la littérature de voyage, plusieurs genres tiennent le haut du pavé. Le récit de voyage est sans doute celui qui a bénéficié au cours de la modernité récente de la légitimité la plus marquée et de la plus grande reconnaissance littéraire. Présentant d’autres finalités et d’autres formes, le guide touristique a cependant lui aussi transformé la pratique du voyage et connaît un succès durable depuis le XIXe siècle. Fortement standardisé et relevant de la culture de masse, il est peu investi par les écrivains. Entre ces deux pôles de la littérature viatique, le portrait de pays constitue un genre méconnu. Il consiste en la description d’un territoire déterminé, qu’il s’agisse d’une nation, d’une ville ou d’une région, qui constitue le sujet principal ou exclusif du propos.

Non identifié jusqu’à récemment, ce genre mineur entretient souvent un rapport étroit avec le développement de l’industrie touristique, dans la mesure où il contribue à présenter les richesses des contrées. Il s’est notamment décliné sous la forme de collections d’albums illustrés de photographies et accompagnés de textes d’écrivains, plus ou moins en vue. Ces séries ont connu leur âge d’or durant l’entre-deux-guerres (« Les Beaux pays » chez Arthaud, « Visages de la France », aux Horizons de France) et, plus encore, durant les Trente Glorieuses, avec des séries telles que les albums publiés par La Guilde du livre, les « Albums des Guides Bleus » (Hachette), « Que j’aime » (Sun) « Escales du monde » (Les Documents d’art), « L’Atlas des voyages » (Rencontre) ou encore, en format de poche, « Petite planète » (Le Seuil) et, dans un autre registre, les albums Artis.

La place que la Belgique occupe au sein de ce continent éditorial est double : d’une part, parce que depuis son Indépendance, la Belgique a fait l’objet de nombreux portraits, en volumes (comme les Tablettes bruxelloises durant la première moitié du XIXe siècle ou encore le Diable à Bruxelles, fiction relevant d’une littérature panoramique au service du portrait de ville) ou dans des périodiques (le pays est présent dans la plupart des collections qui ont marqué le monde éditorial francophone au XXe siècle), qu’ils soient le fait d’écrivains belges ou d’étrangers ; d’autre part, nombre d’écrivains belges ont contribué à ce genre, que ce soit au travers de portraits du pays (Franz Hellens, Karel Jonkheere et Roger Bodart), de régions ou de villes belges (Dominique Rolin, etc.), ou encore d’autres contrées (Alexandre t’Serstevens, spécialiste du genre, sur l’Espagne, la Grèce ou le Mexique notamment).

Les portraits d’un pays tel que la Belgique soulèvent une série de questions particulières. Quels sont les passages obligés de la présentation de la Belgique, en fonction des époques ? Le portrait est-il toujours élogieux ou connaît-il des versions dépréciatives, ironiques ? Quelles sont les circonstances et conditions de publication de ces livres ? Quelles traces en trouve-t-on dans les archives ? Quelles sont les déclinaisons journalistiques (reportage…) et paralittéraires (chanson, BD…) du genre ? Comment s’articule le rapport entre texte et image (picturale, photographique) quand cette dernière est présente ? Sachant que le portrait de pays est un genre non fictionnel, dont la littérarité est conditionnelle, quels sont les positionnements et procédés adoptés au regard de cet enjeu ? Quelle est la fonction donnée à la littérature dans ces publications, notamment la place accordée à la littérature belge lorsqu’il s’agit de portraiturer la Belgique ? Quelles sont les finalités idéologiques, touristiques et promotionnelles de ces ouvrages et comment se déclinent-elles ?

Quelle est la part de la commande, tout spécialement lors des premières années de l’indépendance du pays et à l’occasion des périodes de commémoration ? Quelles sont les principales différences entre les portraits qui s’adressent à un public belge et ceux destinés à un lectorat plus large ? Quelle a été la réception de ces livres, en Belgique comme à l’étranger ? Compte tenu de la dimension synthétique du portrait, comment composent-ils avec les contradictions du pays, en particulier sur le plan linguistique ? Comment les auteurs de ces publications jouent-ils de leur « belgité » quand ils présentent leur pays ? Et lorsqu’ils s’agit de rendre compte d’autres pays ? Comment les auteurs étrangers de portraits de la Belgique rendent-ils compte de l’identité belge et se positionnent-ils par rapport à elle ? De quelle façon sont présentés les rapports avec les colonies ? Quelles sont les formes et les finalités des portraits consacrés aux colonies ?

Nous invitons les contributeurs à se pencher sur ces questions, sans exclusive, qu’il s’agisse de proposer des approches de portraits de la Belgique, de ses régions ou de ses villes, ou des portraits d’autres contrées par des auteurs belges, d’envisager des publications singulières ou ensembles liés à un auteur ou une période. Les réflexions sur les productions intermédiales sont particulièrement bienvenues.

 

Informations pratiques

Les propositions, entre 1500 et 2500 signes, sont à adresser à Laurence Brogniez (laurence.brogniez@ulb.ac.be) et David Martens (david.martens@kuleuven.be) pour le 1er septembre 2018 au plus tard. Le comité de la revue rendra un avis le 15 octobre 2018. Les articles seront à remettre en février 2019.