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Événements & colloques
Barthes et la traversée des signes

Barthes et la traversée des signes

Publié le par Alexandre Gefen

«J'ai des idées à même la langue.»

Il y a déjà vingt ans, Roland Barthes nous quittait, fauché par une camionnette alors qu'il se rendait au Collège de France où il occupait la chaire de sémiologie.

Le temps du purgatoire est passé. Celui de la relecture commence.

Roland Barthes fut un acteur majeur dans le débat d'idées des trente glorieuses, ces années d'effervescence théorique qui placèrent la France au premier rang des exportations de la pensée. On a parlé de philosophie du soupçon pour caractériser cette période de réflexion critique au sein du paradigme structural. Le qualificatif se veut négatif alors que l'entreprise fut féconde, surtout chez un Roland Barthes que son idiosyncrasie a toujours entraîné dans une lutte brillante et sans pitié contre toutes les idées reçues, c'est-à-dire contre cette bêtise du consensus social dont il partage avec Flaubert, la haine. Ce réflexe intellectuel l'a conduit à regarder, et à nous faire voir, comme jamais avant lui, tous les objets auxquels il s'est intéressé. Ce fut le théâtre antique puis celui de Brecht et de Vilar, le texte de l'histoire avec Michelet, le cinéma d'Eisenstein, les oeuvres picturales de Twombly, la photographie comme concept, sans oublier la littérature aussi bien contemporaine que classique, celle de Robbe-Grillet, de Sollers, de Sarduy, mais aussi celle de Chateaubriand, de Flaubert, de Proust... La liste est impossible à égrener.

Il a été le compagnon de route des avant-gardes littéraires et théoriques parce qu'il les a cru engagées dans une recherche des processus à l'oeuvre dans la signification. Et l'on sait combien il a fait sienne cette question du sens. Au point que devant tout, ou presque, ce qu'il a écrit on pourrait placer en facteur commun cette interrogation qui sert de titre à l'un des fragments du Roland Barthes par Roland Barthes: «Qu'est-ce que ça veut dire?».

Si pour Jean-Paul Sartre l'homme est un fabricant de récit, pour Roland Barthes il est un producteur de sens. Et ce sens, hors de toute herméneutique de la vérité, il s'est employé à en dévoiler les strates selon cette technique si barthésienne de l'effeuillage. C'est peut-être là la plus grande constance de cette intelligence que sa passion pour l'intelligibilité emporte avec délice jusqu'au nomadisme de l'esprit. Il ne faut, en effet, jamais oublier l'aspect délicieux de la quête intellectuelle de Roland Barthes, car le plaisir est toujours au rendez-vous chez cet amoureux de l'écriture.

Le colloque, et les rencontres qui le précèdent, s'attacheront à faire vibrer toutes les facettes d'un penseur et d'un écrivain qui ne se voulait assigné à résidence dans aucune théorie, ni dans aucun objet.

Programme :

Foyer-Petite Salle/Centre Pompidou

vendredi 17 janvier 2003:

15h00: Interventions inaugurales.

Claude Burgelin, professeur émérite à l'université Lumière-Lyon 2; auteur de Georges Perec, Le Seuil, 1988, rééd.2002; Les Parties de dominos chez Monsieur Lefèvre, Circé, 1996, rééd. 2002

Françoise Gaillard, philosophe, professeur à l'Université Paris 7

15h30: Le signe et la structure.

François Dosse, historien, auteur de L'Histoire du structuralisme, ed. de la Découverte, t.1, Le champ du signe, 1991, t.2, Le chant du cygne, 1992. «L'Aventure structuraliste»; dernier ouvrage: Michel de Certeau, Le Marcheur blessé, ed. de la Découverte, 2002. «L'Aventure Structuraliste.»

Roland Havas, psychanalyste (sous réserve)

Catherine Kerbrat-Orecchioni, professeur à l'université Lumière-Lyon 2; titulaire de la chaire Linguistique des interactions a l'Institut Universitaire de France. «Rencontre avec la linguistique»

16h30: pause

16h45: Nadine Gelas, professeur d'université, directrice de l'Université de la mode (Lyon 2) ,«Le signe vestimentaire»

André Rouillé, maître de conférences à l'université Paris 8; auteur de six ouvrages sur la photographie; ancien rédacteur en chef de la revue La Recherche photographique; dirige actuellement le site internet: paris-art.com, «Ombres dans la chambre claire».

Alain Fleischer, cinéaste, écrivain, artiste, directeur du Studio National des Arts Contemporains du Fresnoy, «L'Image sous la surface des mots».

Danièle Cohen-Lévinas, professeur de musicologie et d'esthétique musicale à l'université Paris 4-Sorbonne; auteur de La Voix au-delà du chant, 1987, Le Présent de l'opéra au Xxème siècle, chemin vers les nouvelles utopies, Art Édition,1994,; à paraître: Omaggio à Schönberg, Kimé: «Les icônes de la voix»

Débat sur la question sémiologique animé par Peter Stockinger, Maison des Sciences de l'Homme, professeur à l'INALCO, spécialiste de l'analyse sémiologique, en particulier des nouveaux médias et des nouvelles technologies de l'information.

19h00: pause

19h30: La tentation de l'écriture.

Philippe Roger, directeur de recherches au CNRS, enseignant à l'École des hautes études en sciences sociales, directeur de la revue Critique «Le grand roman comme mythe»

Antoine Compagnon, professeur de littérature française à l'université de Paris IV-Sorbonne et à l'université Columbia, New York, «Le projet romanesque»

Alexandre Gefen, assistant à l'université de Neuchâtel (Suisse) et directeur du site Fabula; travaille sur l'écriture biographique et la théorie des genres littéraires; co-auteur de Barthes au lieu du roman, Desjonquères/Nota Bene: «À quoi bon? Les pouvoirs de la littérature»

Stéphane Chaudier, maître de conférences à l'université Jean Monnet/ Saint-Etienne, «Roland et le biographique»

Marielle Macé, Fondation Thiers, docteur de l'Université Paris IV; co-auteur du volume Barthes, au lieu du roman (Desjonquères/Nota Bene, 2002) «Barthes et Sartre: comme un roman»

Animation: Claude Burgelin.

Samedi 18 janvier 2003:

11h00: Le paradigme critique et la question de la modernité.

François Noudelmann, professeur d'esthétique et président du Collège International de Philosophie: «Le militant déplacé»

Françoise Gaillard, philosophe, professeur à l'université Paris 7.

Claude Coste, maître de conférences à l'université de Caen; auteur de Barthes moraliste, ed. du Septentrion (Lille 3), 1998; édition de Comment vivre ensemble?, Seuil/IMEC, 2002, cours de Roland Barthes au Collège de France (1976-1977): «Barthes ou la différence infinie»

Bernard Comment, écrivain de romans et auteur de Roland Barthes, vers le neutre, Christian Bourgois, 1991, «Barthes très présent»

Thomas Clerc, maître de conférences à l'université de Paris 10-Nanterre; édition de Le Neutre, cours de Roland Barthes au Collège de France (dir. Eric Marty), Le Seuil/IMEC, 2002; «Notes éparses sur Roland Barthes»

Tom Bishop, directeur du Centre de Civilisation et de Culture Française à l'université de New York, professeur de littérature française. «Barthes et le théâtre im/populaire»

Animé par Anne-Sophie Chazaud, conservateur à la BPI.

13h30: déjeûner.

15h00: Postérité, Héritage, Actualité de Roland Barthes.

Réception/Interprétation à l'étranger.

Diana Knight, professeur d'études à Nottingham, G.B., auteur de Barthes and Utopia: Space, Travel, Writing, Clarendon Press, 1997; Roland Barthes, Tottingham French Studies, 1997; Critical Essays on Roland Barthes, G.K.Hall and Co, 2002

Andrew Stafford, professeur à l'université de Lancaster, Grande-Bretagne; auteur d'une biographie intellectuelle sur Roland Barthes, Roland Barthes, Phenomenon and Myth, Edinburgh University Press, 1998.

M.Watanabe, professeur honoraire de l'université de Tokyo, spécialiste de littérature française, metteur en scène.

homas Pavel, professeur à l'université de Chicago.

17h00: pause.

17h15: François Bon, écrivain; derniers ouvrages parus: Tous les mots sont adultes, méthode pour l'atelier d'écriture, Fayard, 2000; Mécanique, Verdier, 2001; Rollong Stones, une biographie, Fayard, 2002; site internet www.remue.net «Parler excessivement du réel; héritage de Mythologies».

Bruno Blanckeman, maître de conférences à l'université de Caen, spécialiste de littérature française contemporaine, auteur de Les Récits indécidables, Presses du Septentrion, 2000; Les Fictions singulières, étude sur le roman français contemporain, Prétexte éditeur, 2002; «Une écriture du trahir-vrai; Hervé Guibert, lecteur de Roland Barthes)»

Mathieu Lindon, écrivain et journaliste à Libération; auteur, entre autres, de La Littérature, P.O.L, 2001; Le Procès de Jean-Marie Le Pen, P.O.L, 1998; dernier ouvrage paru: Lâcheté d'Air France, P.O.L, 2002.«Roland Barthes par moi-même»

Pierre Bergounioux, écrivain, derniers ouvrages parus: Jusqu'à Faulkner, Gallimard, 2002. Aimer la grammaire, Nathan, 2002; B-17 G, Flohic, 2001; enseigne le français; «Bonté de Barthes».

Conclusion: Françoise Gaillard, «Le sacre du lecteur».

«J'ai des idées à même la langue.»

Il y a déjà vingt ans, Roland Barthes nous quittait, fauché par une camionnette alors qu'il se rendait au Collège de France où il occupait la chaire de sémiologie.

Le temps du purgatoire est passé. Celui de la relecture commence.

Roland Barthes fut un acteur majeur dans le débat d'idées des trente glorieuses, ces années d'effervescence théorique qui placèrent la France au premier rang des exportations de la pensée. On a parlé de philosophie du soupçon pour caractériser cette période de réflexion critique au sein du paradigme structural. Le qualificatif se veut négatif alors que l'entreprise fut féconde, surtout chez un Roland Barthes que son idiosyncrasie a toujours entraîné dans une lutte brillante et sans pitié contre toutes les idées reçues, c'est-à-dire contre cette bêtise du consensus social dont il partage avec Flaubert, la haine. Ce réflexe intellectuel l'a conduit à regarder, et à nous faire voir, comme jamais avant lui, tous les objets auxquels il s'est intéressé. Ce fut le théâtre antique puis celui de Brecht et de Vilar, le texte de l'histoire avec Michelet, le cinéma d'Eisenstein, les oeuvres picturales de Twombly, la photographie comme concept, sans oublier la littérature aussi bien contemporaine que classique, celle de Robbe-Grillet, de Sollers, de Sarduy, mais aussi celle de Chateaubriand, de Flaubert, de Proust... La liste est impossible à égrener.

Il a été le compagnon de route des avant-gardes littéraires et théoriques parce qu'il les a cru engagées dans une recherche des processus à l'oeuvre dans la signification. Et l'on sait combien il a fait sienne cette question du sens. Au point que devant tout, ou presque, ce qu'il a écrit on pourrait placer en facteur commun cette interrogation qui sert de titre à l'un des fragments du Roland Barthes par Roland Barthes: «Qu'est-ce que ça veut dire?».

Si pour Jean-Paul Sartre l'homme est un fabricant de récit, pour Roland Barthes il est un producteur de sens. Et ce sens, hors de toute herméneutique de la vérité, il s'est employé à en dévoiler les strates selon cette technique si barthésienne de l'effeuillage. C'est peut-être là la plus grande constance de cette intelligence que sa passion pour l'intelligibilité emporte avec délice jusqu'au nomadisme de l'esprit. Il ne faut, en effet, jamais oublier l'aspect délicieux de la quête intellectuelle de Roland Barthes, car le plaisir est toujours au rendez-vous chez cet amoureux de l'écriture.

Le colloque, et les rencontres qui le précèdent, s'attacheront à faire vibrer toutes les facettes d'un penseur et d'un écrivain qui ne se voulait assigné à résidence dans aucune théorie, ni dans aucun objet.

Programme :

Foyer-Petite Salle/Centre Pompidou

vendredi 17 janvier 2003:

15h00: Interventions inaugurales.

Claude Burgelin, professeur émérite à l'université Lumière-Lyon 2; auteur de Georges Perec, Le Seuil, 1988, rééd.2002; Les Parties de dominos chez Monsieur Lefèvre, Circé, 1996, rééd. 2002

Françoise Gaillard, philosophe, professeur à l'Université Paris 7

15h30: Le signe et la structure.

François Dosse, historien, auteur de L'Histoire du structuralisme, ed. de la Découverte, t.1, Le champ du signe, 1991, t.2, Le chant du cygne, 1992. «L'Aventure structuraliste»; dernier ouvrage: Michel de Certeau, Le Marcheur blessé, ed. de la Découverte, 2002. «L'Aventure Structuraliste.»

Roland Havas, psychanalyste (sous réserve)

Catherine Kerbrat-Orecchioni, professeur à l'université Lumière-Lyon 2; titulaire de la chaire Linguistique des interactions a l'Institut Universitaire de France. «Rencontre avec la linguistique»

16h30: pause

16h45: Nadine Gelas, professeur d'université, directrice de l'Université de la mode (Lyon 2) ,«Le signe vestimentaire»

André Rouillé, maître de conférences à l'université Paris 8; auteur de six ouvrages sur la photographie; ancien rédacteur en chef de la revue La Recherche photographique; dirige actuellement le site internet: paris-art.com, «Ombres dans la chambre claire».

Alain Fleischer, cinéaste, écrivain, artiste, directeur du Studio National des Arts Contemporains du Fresnoy, «L'Image sous la surface des mots».

Danièle Cohen-Lévinas, professeur de musicologie et d'esthétique musicale à l'université Paris 4-Sorbonne; auteur de La Voix au-delà du chant, 1987, Le Présent de l'opéra au Xxème siècle, chemin vers les nouvelles utopies, Art Édition,1994,; à paraître: Omaggio à Schönberg, Kimé: «Les icônes de la voix»

Débat sur la question sémiologique animé par Peter Stockinger, Maison des Sciences de l'Homme, professeur à l'INALCO, spécialiste de l'analyse sémiologique, en particulier des nouveaux médias et des nouvelles technologies de l'information.

19h00: pause

19h30: La tentation de l'écriture.

Philippe Roger, directeur de recherches au CNRS, enseignant à l'École des hautes études en sciences sociales, directeur de la revue Critique «Le grand roman comme mythe»

Antoine Compagnon, professeur de littérature française à l'université de Paris IV-Sorbonne et à l'université Columbia, New York, «Le projet romanesque»

Alexandre Gefen, assistant à l'université de Neuchâtel (Suisse) et directeur du site Fabula; travaille sur l'écriture biographique et la théorie des genres littéraires; co-auteur de Barthes au lieu du roman, Desjonquères/Nota Bene: «À quoi bon? Les pouvoirs de la littérature»

Stéphane Chaudier, maître de conférences à l'université Jean Monnet/ Saint-Etienne, «Roland et le biographique»

Marielle Macé, Fondation Thiers, docteur de l'Université Paris IV; co-auteur du volume Barthes, au lieu du roman (Desjonquères/Nota Bene, 2002) «Barthes et Sartre: comme un roman»

Animation: Claude Burgelin.

Samedi 18 janvier 2003:

11h00: Le paradigme critique et la question de la modernité.

François Noudelmann, professeur d'esthétique et président du Collège International de Philosophie: «Le militant déplacé»

Françoise Gaillard, philosophe, professeur à l'université Paris 7.

Claude Coste, maître de conférences à l'université de Caen; auteur de Barthes moraliste, ed. du Septentrion (Lille 3), 1998; édition de Comment vivre ensemble?, Seuil/IMEC, 2002, cours de Roland Barthes au Collège de France (1976-1977): «Barthes ou la différence infinie»

Bernard Comment, écrivain de romans et auteur de Roland Barthes, vers le neutre, Christian Bourgois, 1991, «Barthes très présent»

Thomas Clerc, maître de conférences à l'université de Paris 10-Nanterre; édition de Le Neutre, cours de Roland Barthes au Collège de France (dir. Eric Marty), Le Seuil/IMEC, 2002; «Notes éparses sur Roland Barthes»

Tom Bishop, directeur du Centre de Civilisation et de Culture Française à l'université de New York, professeur de littérature française. «Barthes et le théâtre im/populaire»

Animé par Anne-Sophie Chazaud, conservateur à la BPI.

13h30: déjeûner.

15h00: Postérité, Héritage, Actualité de Roland Barthes.

Réception/Interprétation à l'étranger.

Diana Knight, professeur d'études à Nottingham, G.B., auteur de Barthes and Utopia: Space, Travel, Writing, Clarendon Press, 1997; Roland Barthes, Tottingham French Studies, 1997; Critical Essays on Roland Barthes, G.K.Hall and Co, 2002

Andrew Stafford, professeur à l'université de Lancaster, Grande-Bretagne; auteur d'une biographie intellectuelle sur Roland Barthes, Roland Barthes, Phenomenon and Myth, Edinburgh University Press, 1998.

M.Watanabe, professeur honoraire de l'université de Tokyo, spécialiste de littérature française, metteur en scène.

homas Pavel, professeur à l'université de Chicago.

17h00: pause.

17h15: François Bon, écrivain; derniers ouvrages parus: Tous les mots sont adultes, méthode pour l'atelier d'écriture, Fayard, 2000; Mécanique, Verdier, 2001; Rollong Stones, une biographie, Fayard, 2002; site internet www.remue.net «Parler excessivement du réel; héritage de Mythologies».

Bruno Blanckeman, maître de conférences à l'université de Caen, spécialiste de littérature française contemporaine, auteur de Les Récits indécidables, Presses du Septentrion, 2000; Les Fictions singulières, étude sur le roman français contemporain, Prétexte éditeur, 2002; «Une écriture du trahir-vrai; Hervé Guibert, lecteur de Roland Barthes)»

Mathieu Lindon, écrivain et journaliste à Libération; auteur, entre autres, de La Littérature, P.O.L, 2001; Le Procès de Jean-Marie Le Pen, P.O.L, 1998; dernier ouvrage paru: Lâcheté d'Air France, P.O.L, 2002.«Roland Barthes par moi-même»

Pierre Bergounioux, écrivain, derniers ouvrages parus: Jusqu'à Faulkner, Gallimard, 2002. Aimer la grammaire, Nathan, 2002; B-17 G, Flohic, 2001; enseigne le français; «Bonté de Barthes».

Conclusion: Françoise Gaillard, «Le sacre du lecteur».