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Barbares et barbaries aujourd'hui

Barbares et barbaries aujourd'hui

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Janusz Przychodzen)

Barbares et barbaries aujourd'hui

Colloque international & interdisciplinaire

Université McGill, les 6-7 avril 2005

Avec l'appui de la Chaire James McGill

Appel de communications



Rapidement, barbares et barbarie sont redevenus des termes clés de la culture et de la géopolitique actuelles. Teinté de fortes connotations, les phénomènes aussi vieux que l'histoire de la civilisation occidentale - sinon toute civilisation -, références obligées de son évolution, agissent dans leurs manifestations contemporaines tantôt comme l'envers, tantôt comme le complément, sinon la subversion ou la justification de l'Empire. Toutefois, si ce dernier a déjà acquis une place dans des polémiques, des réflexions et des critiques au sujet du monde d'aujourd'hui, les barbares et les barbaries se meuvent encore dans l'imaginaire social de manière obnubilée, voire ambivalente, sans appréhension globale. Pourtant leurs représentations culturelles récentes, ne serait-ce que dans En attendant les barbares de John Michael Koetzee ou Les invasions barbares de Denys Arcand, accompagnées d'un spectre d'événements, qui va du cannibalisme aux génocides ethniques, de l'exploitation la plus sauvage au trafic d'être humain (servitude pour dette, prostitution, travail forcé), en passant par des violences, des abus et des transgressions inouïes mais devenues quotidiennes, banalisent des expériences critiques du passé et témoignent d'un cheminement de la société mondiale qui soulève un bon nombre de questions éthiques, juridiques, politiques et esthétiques.



Qui sont les barbares contemporains ? Qu'est-ce que la barbarie (d')aujourd'hui ? Quelles différences entre leurs formes actualisées et leurs avatars diachroniques ? La barbarie est-elle uniquement un corrélat négatif de la chute de la civilisation ou un phénomène civilisateur qui, contrairement au lieu commun, serait également apte à témoigner d'une évolution, à subir un progrès ? S'agit-il au fond d'une culture et de l'envers de la culture ? Ou bien, peut-on penser la barbarie de manière autonome ? Est-ce un nouvel horizon de l'indépassable, limite de la sociabilité ? Quels sont la place, le rôle, le potentiel sinon le pouvoir de la barbarie aujourd'hui ? Est-elle un adversaire, un assesseur ou une survivance de la mondialisation ? Quelles sont les formes de barbarie dues aux enjeux économiques ? Dans ce contexte de libération totale des échanges commerciaux, pourquoi les pays dits civilisés encouragent la violation des droits de l'homme alors qu'au fondement de la démocratie se trouve justement le respect de la vie, de la dignité et de l'égalité ? Si le profit devient le moteur principal de l'action, quelle place sera réservée à la protection de l'environnement social déjà en place ? Si dans le monde actuel, il n'y a plus de place pour le dehors, comment la barbarie stigmatise-t-elle alors le contemporain ? La nature de la barbarie, sa coloration du neutre au positif (acceptable), en passant par le révoltant, change-t-elle avec la culture et, partant, avec la nature de la parole esthétique, politique ou éthique ? La barbarie, échapperait-t-elle vraiment à tout jugement ? Appréhender positivement la barbarie serait, finalement, un symptôme de décadence (déviation) ou d'une civilité limite ? Quels sont les rapports entre la barbarie et ses multiples corrélats dont la décadence (Kulturpessimismus, par exemple), le primitivisme esthétique et l'inculture ?



Du point de vue historique, plusieurs reformulations actuelles de la barbarie et du barbare ne seraient-elles que des échos des thèses anciennes de Johann Gottfried Herder - Une autre philosophie de l'histoire (Auch eine Philosophie der Geschichte), de Edward Gibbon - The History of the Decline and Fall of the Roman Empire, ou celles de Giovanni Botero - Della ragion(e) di stato ? Comment se situer par rapport aux réflexions de Bernard-Henri Lévy, La barbarie à visage humain; de Jean-François Mattei, La barbarie intérieure, essai sur l'immonde moderne, ou celles de Claude Rawson, God, Gulliver and Genocide : Barbarian and European Imagination 1492-1945?



Cet appel de communications s'adresse aux chercheurs en sciences humaines (linguistique, philosophie, droit, sociologie, littérature, architecture, sciences politiques, etc.), aux journalistes, artistes et écrivains, qui oeuvrent dans le domaine de la culture et de la société contemporaines, mais tout projet de repenser et de situer la problématique dans d'autres perspectives: historique et culturelle, sera également bienvenu. Prière de faire transmettre des propositions de communication* d'environ 250-300 mots, en français ou en anglais, à l'une des personnes responsables avant le 30 novembre 2004 :



*Le temps alloué de communication sera de 30 minutes, suivi d'une période de questions de 10 minutes. Les actes du colloque, assortis par un comité de sélection, seront publiés dans la collection Discours social/Social Discourse éditée à Montréal, Canada, par la Chaire James McGill de langue et littérature françaises de l'Université McGill. Prière de se présenter au colloque avec une version définitive du texte : maximum 12 pages; format rft; notes exclusivement référentielles; sans bibliographie; images numérisées, le cas échéant.



Responsable scientifique

Marc Angenot, Université McGill
Courriel: marc.angenot@mcgill.ca


Organisateurs

Janusz Przychodzen, Université York
Courriel: januszp@videotron.ca

Aurelia Klimkiewicz, Université de Montréal
Courriel: aurelia.klimkiewicz@UMontreal.CA