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Balzac et la modernité

Balzac et la modernité

Publié le par Marion Moreau (Source : Gleya Maâtallah )

 

Colloque international : Balzac et la modernité

L’URL Poétique théorique et pratique organisera les 11 et 12 avril 2013, à l’Institut Supérieur des  Sciences Humaines de Tunis, un colloque international sur :   Balzac et la modernité

Responsables : Gleya Mâatallah et José Luis Diaz

Argumentaire

Bien avant Baudelaire et son «Peintre de la vie moderne » (1863), la «modernité» est une notion-phare que Balzac « invente» dès le début des années 20 (première occurrence sous sa plume dans un article de 1822[1]). A la fois nouvelle dimension du vécu et catégorie esthétique essentielle dès l’après-1830, elle incite à prendre acte d’un nouveau mode de vie et de pensée, en rupture avec le poids des traditions et la tyrannie des routines, en un monde « révolutionné ». Alors que chez Baudelaire la «modernité » sera pensée surtout comme une esthétique plastique et littéraire en relation avec le nouveau monde urbain qui doit inviter le «peintre de la vie moderne» à «saisir le transitoire», Balzac se place d’abord face au moderne en historien qui cherche à avoir une vision d’ensemble des grands changements à l’oeuvre (économiques, sociaux, culturels) dans une société « révolutionnée », marquée par un processus de démocratisation et de dédifférenciation. Après 1830, comme le « siècle des révolutions » est aussi celui de la « révolution médiatique », le rythme accéléré de l’actualité imprime de plus en plus sa marque, tant sur le vécu des acteurs sociaux, sur les nouveaux modes de communication (la presse, le télégraphe) que sur les processus esthétiques qui essayent d’en rendre compte. Cette «révolution du moderne » affecte tant la production culturelle standardisée que les dispositifs esthétiques plus experts, au premier rang desquels le roman balzacien. Journaliste et fondateur d’organes de presse, mais aussi analyste du journalisme, collaborateur vedette de la «littérature panoramique», Balzac vit et traduit le monde moderne au rythme de l’actualité, selon diverses longueurs d’ondes. Mais c’est surtout le romancier en Balzac qui cherche à rendre compte du nouveau monde contemporain en ses diverses phases (Empire, Restauration, monarchie de Juillet). La question se pose à lui une fois qu’il abandonne progressivement (après 1830), son projet initial d’écrire une Histoire de France pittoresque. Alors s’enclenche le processus qui voit cet émule de Walter Scott transférer sur un présent en révolution son projet de roman historique embrassant toute l’histoire de France. Le roman balzacien va ainsi devenir progressivement une oeuvre-monde propre à dire le mouvement social qui affecte les diverses sphères de la société française, à sténographier les pulsations multiples d’une société en crise. C’est toute l’oeuvre de Balzac, en tous ses aspects, qui se trouve ainsi placée sous le faisceau de la modernité.

[1] Balzac, XIIe livraison des Annales françaises des arts des sciences et des lettres, à l’occasion de la sortie du Centenaire (28 déc. 1822).Texte cité et commenté par Roland Chollet, « Du premier Balzac à la mort de Saint-Aubin. Quelques remarques sur un lecteur introuvable », L’Année balzacienne 1987, p. 17-18.

« Le genre du roman est le seul qu’ait inventé la modernité. C’est la comédie écrite, c’est un cadre où sont contenus les effets des passions, les remarques morales, la peinture des moeurs, les scènes de la vie domestique, etc., et ce genre, notre seule conquête, est anathématisé par tout le monde.

Eh quoi! dirai-je aux détracteurs, un genre neuf ouvre une carrière à l’esprit humain ; et vous le proscrivez ?

Une grande idée philosophique perd-elle de son prix pour être dans un roman ? Une situation forte, une idée tragique, des tableaux réels et animés, des observations comiques que la censure répudie, une tragédie que l’on ne peut jouer, seront-elles méprisées, parce que l’auteur est obligé de les mettre en quatre volumes in-12, à seize, vingt ou trente lignes ? »

Le but de ce colloque est d’analyser les divers aspects de la relation complexe et passionnée que Balzac entretient tant avec le monde moderne qu’avec les genres et les catégories intellectuelles et esthétiques propres à le penser et à le rendre.

Axes de réflexion

1. Penser la modernité

- Philosophie de la modernité. La notion de modernité entre Balzac et Baudelaire.

- Sémantique de la modernité : les mots pour le dire (modernité actualité, monde contemporain, etc.)

- La réflexion esthétique sur le renouvellement des thèmes et des formes, dans les préfaces, la correspondance tout comme au coeur des oeuvres romanesques (voir l’inscription du débat sur les genres dans Illusions perdues).

2. Politiques de la modernité

- Modernes et antimodernes. Tradition et modernité, « résistance » et « mouvement », « gérontocratie » et « Jeune-France »,  novateurs et rétrogrades, progressistes et passéistes : débats socio-politiques chez Balzac et de son temps. Balzac « réactionnaire » en contradiction avec sa volonté de saisir le moderne ?

- Balzac face au changement social ?

 - Faut-il «changer le monde» ? Comment ?

3. Sémiotiques de la modernité et révolution médiatique

- La modernité et ses révolutions sémiologiques : codes vestimentaires, démarches, manières d’être, «parlures», nouveaux rythmes de la vie publique et privée, etc.

- Un monde soumis aux « vertigos de la mode » («De la mode en littérature », 1830) tant dans la vie sociale que dans la vie littéraire.

- La presse et la littérature industrielle dans tous ses aspects, comme conséquence et expression de la modernité. Balzac face à la montée en puissance des nouveaux modes d’expression et de communication(le journal, la lithographie, la réclame, l’« art industriel », etc.).

- Balzac journaliste et analyste du journalisme : théories et pratiques de « l’actualité » ; entre «Complaintes satiriques sur les moeurs du temps présent» (1830) et volonté de « saisir le siècle » en son actualité en crise.

4. Esthétiques de la modernité 

- Le roman-somme en tant que genre total, comme forme moderne d’expression de la modernité : «Le roman qui veut le sentiment, le style et l'image, est la création moderne la plus immense.» L’invention romanesque, les déclinaisons multiples de la forme « roman », comme moyens de traduire l’hétérogénéité  et le caractère dynamique du monde moderne.

- Rapport du roman au réel révolutionné : inscription dans la fiction du réel socio-économique (conflits Paris/province, révolution urbaine, mutations de l’économie et de la finance, changements dans la condition de la femme, lutte des classes, éréthisme de la vie moderne, désorganisation sociale, etc.)

- Quels styles, quels genres, quelles «écritures», quels «ethos », quelles «paratopies» pour rendre la modernité ?

Modalités de participation

Veuillez envoyer vos propositions (300 mots, avec une brève notice biobibliographique) à : gleyaksira@yahoo.fr  et joseluisdiaz@free.fr  avant le 5 janvier 2013. Prière d'indiquer sur le même document votre courrier électronique et votre université (ou votre institut de rattachement) La décision du comité scientifique sera communiquée aux auteurs des propositions le 25 janvier  2013.

Comité scientifique

Kamel Gaha

José Luis Diaz

Chaâbane Harbaoui

Hassan Slimane

Gleya Maâtallah

Comité d’organisation

Hassan Slimane

Gleya Maâtallah

Rim Taga

Salah Degani

Salah Oueslati

Saida Hamzaoui

Walid Ezzine

Maha Essaigh

Sami Bouallègue