Questions de société
Bac 2012:

Bac 2012: "les correcteurs étranglés par la reconquête du mois de juin" (collectif des prof. de philo. de l'Académie de Strasbourg)

Bac 2012: les correcteurs étranglés par la "reconquête du mois de juin"

Communiqué du collectif des professeurs de philosophie de l'Académie de Strasbourg:

"De source officieuse, le cabinet du Ministère de l'Éducation Nationale a récemment arrêté le calendrier du baccalauréat général et technologique, calendrier qui devrait devenir officiel prochainement. Il prévoit que les épreuves débutent le lundi 18 juin avec la philosophie, et fixe  la publication des résultats du 1er groupe au 6 juillet.

En comptant les journées des réunions d'entente sur les sujets et d'harmonisation des notes, ainsi que les délais techniques d'édition des bordereaux de notes pour les délibérations du 5 juillet, le temps laissé aux examinateurs entre la réception des copies et la saisie informatique des notes est à nouveau lourdement amputé, pour atteindre désormais l'inacceptable. Toutes les disciplines connaîtront des conditions nettement dégradées. Celles  de la philosophie, en raison de la taille des paquets de copies  et de la durée minimale d'une correction normale, deviennent proprement impossibles: avec à peine 8 jours pleins pour des paquets comptant en moyenne entre 110 et 150 copies, voire beaucoup plus selon les académies, les correcteurs seront contraints à de l'abattage pur et simple, au mépris du droit des candidats à une évaluation sereine et équitable de leurs copies.

La décision d'un tel calendrier, de nature strictement politique, a été imposée par le cabinet du Ministre au détriment d'autres scénarii que la DESCO, se fondant sur une connaissance concrète des réalités de l'organisation de l'examen, lui avait pourtant proposés. Elle s'incrit dans la continuation de la politique dite de « reconquête du mois de juin », qui avait d'ores et déjà réduit sévèrement les délais de correction des quatre dernières sessions de l’examen. Elle révèle à présent que le Ministère est prêt à sacrifier les conditions du bon déroulement du baccalauréat sur l’autel d’un slogan creux de « communiquant », au point qu’on est en droit de se demander si l’arrière-pensée de cette politique n’est pas purement et simplement le sabotage et la liquidation de cet examen, premier grade universitaire, auquel une grande majorité des Français restent pourtant attachés.

Les professeurs de philosophie de l’Académie de Strasbourg s’étaient mobilisés dans leur quasi totalité lors des premières mises en oeuvre de cette politique induisant une réduction de la durée des corrections. Leurs Assemblées Générales, tenues à l’occasion des réunions d’entente, avaient contraint le Rectorat à recevoir une délégation, pour parvenir à la mise au point d’accords techniques garantissant un maximum de 12 copies par jour ouvrable. Ces accords, dont plusieurs académies s’étaient inspirées par la suite, avaient pu être reconduits jusqu’à présent, à la satisfaction de toutes les parties. Ils sont à présent réduits à néant par le fait accompli du Ministère. Mais ils montrent qu’une mobilisation suffisante des intéressés est en mesure de changer la donne, et ce qui a été obtenu localement – la reconnaissance du principe d’un maximum décent de copies par jour – pourrait l’être au niveau national.

C’est pourquoi ils appellent leurs collègues de toutes les académies et de toutes les disciplines concernées par l’examen à se mobiliser dès à présent, en rédigeant par exemple déclarations, adresses et pétitions, et en saisissant leurs associations disciplinaires et leurs syndicats, pour exiger que le Ministère revienne sur cette décision et avance les premières épreuves de l’examen au 14 juin au plus tard."

Le collectif des professeurs de philosophie de l’Académie de Strasbourg