Collectif
Nouvelle parution
B. Bonneville-Humann et Y. Humann, L'inquiétude de l'esprit ou pourquoi la poésie en temps de crise ?

B. Bonneville-Humann et Y. Humann, L'inquiétude de l'esprit ou pourquoi la poésie en temps de crise ?

Publié le par Laurent Zimmermann

Béatrice Bonneville-Humann et Yves Humann, L'inquiétude de l'esprit ou pourquoi la poésie en temps de crise ?

Editions Nouvelles Cécile Defaut

2014

288 p.

2350183599

 

   Le projet pouvait paraître utopique : réunir des poètes et des penseurs autour de la question d'inspiration hölderlinienne « Pourquoi la poésie en temps de crise ? », et tenter de dégager une réflexion collective, ou plutôt la réflexion d'un "collectif", sur le rôle que la poésie pourrait jouer dans la vie de l'esprit au XXIe siècle. La nécessité d'une telle préoccupation, avérée par la réception favorable du projet par les auteurs, nous conduit à espérer que ce livre soit reçu, entendu comme un engagement en faveur d'une plus grande visibilité de la poésie, nous n'osons pas dire un "manifeste" car ce n'est pas exactement le ton de l'ouvrage.

   Ce geste nous semble d'autant plus nécessaire que la poésie contemporaine est la grande oubliée des préoccupations littéraires et artistiques du temps présent. Effectivement, elle échappe artistiquement (et heureusement) au marché de l'art, et à ce que Michel Deguy appelle le « capitalisme culturel. »

   Mais ainsi elle se voit condamnée à une image d'élitisme ou de marginalité, postures qui ne correspondent pas à la vérité de son souci.

   Au-delà de la diversité des voix à entendre dans cet ouvrage, quelle unité, quel horizon commun se dessinent ? Quelles inquiétudes sont partagées ? Et en quoi la poésie contribue-t-elle de manière décisive à la vie de l'esprit (quand on souhaite ne pas laisser le monopole de l'esprit aux religions qui ont parfois contribué à galvauder le terme) - voire à la vie tout court ! ?

   Si la poésie doit être renvoyée à une nécessaire humilité ; si l'esprit ne peut se saisir que dans l'inquiétude qui lui est consubstantielle ; si la crise est - bien plus qu'une conjoncture - une condition, notre condition ; alors les dimensions de vision, d'anticipation, de résistance, de douceur et de musicalité de la poésie ne peuvent que convaincre de l'urgence de la perpétuer. Alors, ce livre, à défaut d'être un manifeste collectif, pourrait-il bien signer l'acte de naissance d'un collectif manifeste ?