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Autour du travail : pratiques, représentations et ambivalences

Autour du travail : pratiques, représentations et ambivalences

Publié le par Laure Depretto (Source : Léa Mestdagh)

Appel à communications 

6e Journée d’étude des doctorant.e.s du Cerlis, pôle Lien social et culturalisation
Date limite : 30 juin 2016

AUTOUR DU TRAVAIL :
PRATIQUES, REPRESENTATIONS ET AMBIVALENCES

7 NOVEMBRE 2016
UNIVERSITE SORBONNE NOUVELLE - PARIS 3
L’industrialisation au XIXème siècle et le progrès technique qui a suivi corrélés par un abaissement du temps de travail ont contribué à un accroissement des activités de temps-libre dans les sociétés industrielles modernes. De sorte que la notion de travail étymologiquement définie par la contrainte et la souffrance rattachée aux pratiques culturelles et amateurs peut sembler ambivalente. En effet, prise dans cette seconde acception, le travail peut apparaître comme étant optionnel, désirable et générateur de satisfactions autres que pécuniaires. Le changement de paradigme qui se retrouve dans le choix d’activités professionnelles liées par exemple au monde de l’art ou de la littérature peut être perçu comme de l’oisiveté, du « non-travail » (PEQUIGNOT, 2007). Lorsqu’on étudie la sociologie dans le cadre d’un doctorat, activité plus ou moins financée, rémunératrice, ou onéreuse, la notion de travail est inhérente à de nombreux sujets. Elle constitue même une des branches légitimes, à part entière, de cette discipline. Malgré cela, le travail de cette notion, qu’il soit théorique ou pratique, ne semble pas des plus évident lorsque l’on travaille
sur des objets en lien avec les arts et la culture. Toutefois le travail est constitutif de la société et il fonde à la fois l’appartenance économique et l’appartenance sociale. Il peut être une condition au lien social, notamment par ces fonctions de reconnaissance et de protection (PAUGAM, 2008). Pourtant qu’en est-il lorsqu’une de ces conditions n’est pas remplie ? Peut-on tout de même parler de « travail » lorsque celui-ci n’est pas reconnu matériellement ou symboliquement ? Qu’en est-il lorsque celui-ci ne nous protège pas socialement ou nous procure une situation d’instabilité et même de précarité ? La première question à se poser serait peut-être de savoir ce que l’on définit par « Travail ». Se pose ici l’un des objectifs de cette journée d’étude : tenter de décliner la pluralité des angles de vue pour tenter de définir ce concept et de voir ainsi comment on peut le mettre au travail dans une recherche en sciences sociales. Nous proposons de décliner cet appel à communication sous trois axes différents. Toutefois, toute proposition qui s’en écarterait tout en se rattachant à la problématique générale, quel que soit le champ sociologique ou la discipline, est la bienvenue. Le premier axe s’inscrit dans un questionnement en lien avec les arts et la culture tandis que le deuxième axe s’intéresse à la porosité entre loisir et travail, et que le dernier interroge le chercheur, sa thèse et son propre rapport au “travail”.


1. Questions de statut et de perception du travail dans les professions artistiques
Pour Howard Becker, l’expression « monde de l’art » désigne le réseau de tous ceux dont les activités, coordonnées grâce à une connaissance commune des moyens conventionnels de travail, concourent à la production d’oeuvres d’art. Les oeuvres portent ainsi toujours des traces de cette coopération, et le travail artistique est donc par définition un travail collectif. Cette façon d’envisager la création artistique entre en opposition avec la figure mythique de l’artiste comme « génie », ou comme étant un élu « touché par la grâce ». La dimension anonyme du travail collectif se pose également ici : quelles limites pose le manque de signature d’une oeuvre et quel est le statut de son créateur ? Le croisement des mondes de l’art et du travail non-artistique a une place spécifique dans le travail du chercheur, qui est obligé d’adapter sa méthodologie aux différents terrains. Certaines situations, certains milieux professionnels, certains mondes sont-ils susceptibles de se présenter comme des zones de confort ou d’inconfort pour (et en fonction) du chercheur qui souhaite en étudier le fonctionnement ? Quels outils et quelles stratégies peut-on utiliser pour étudier un monde de l’art, quand on se retrouve en dehors de lui ? Et plus précisément, comment approcher le croisement d’un monde de l’art avec un espace de travail non-artistique ?

2. Loisir et travail : travailler les pratiques culturelles et les pratiques amateurs
La frontière entre loisir et travail se voit en permanence recomposée par les pratiques des acteurs. Une épistémologie autour des usages du temps-libre et de la porosité entre travail et loisir permettra l’analyse des enjeux et des effets de ces pratiques. Il n’est pas rare d’observer le réinvestissement dans les activités de loisir de compétences professionnelles, et inversement, de voir les pratiques professionnelles nourries par des expériences menées sur les temps de loisir. De même, une posture professionnelle jugée insatisfaisante du fait de sa précarité, de son incertitude ou du fait qu’elle ne corresponde pas aux stratégies scolaires mises en place par l’acteur, peut se voir compensée par des loisirs valorisants réaffirmant l’image de soi. Vie professionnelle et activités de loisir se nourrissent alors mutuellement et permettent aux acteurs de bénéficier d’une reconnaissance sociale que leurs positions socio-professionnelles ne leur octroient pas forcément. On pourra s’interroger sur l’articulation entre temps de travail et temps de loisir. Le changement social qu’est l’avènement de « la société de loisirs » se traduit-il par un progrès de la personnalité individuelle (DURKHEIM, 1893) ? Le terme loisir exprime-t-il une consommation improductive du temps (VEBLEN, 1970) ? Y-a-t-il un sens à mesurer la productivité des loisirs ? L’analyse d’indicateurs quantitatifs (budget-temps) permet-elle de comprendre les orientations des publics (TEBOUL, 2004) ? La rémunération des pratiques amateurs et le budget consacré aux pratiques culturelles constituent-ils un critère d’évaluation de ces pratiques ?

3. Doctorant.e ! Quel rapport au travail...
L’université française a depuis quelques années à coeur de valoriser le doctorat comme une expérience professionnelle à part entière. En effet, alors que le temps de la thèse en sciences humaines et sociales se veut moins long, les exigences demandées aux doctorants ont indubitablement évolué vers davantage de responsabilités : charges de cours, organisations et/ou participation à des journées d’études et des séminaires, activités administratives, mais aussi développement des contrats Cifre. La valorisation de la recherche relève d’une insertion précoce au sein du monde professionnel et académique aujourd’hui. Pourtant, il semble que les doctorants aient parfois des difficultés à l’envisager comme telle. À partir de retours d’expériences, nous souhaiterions vivement identifier, et interroger ces freins. Sont-ils personnels ou exogènes à la thèse ? Aussi, quelles stratégies mettre en place afin de défendre sa recherche comme un « vrai » travail ? En somme, comment parler de la thèse à des “non initiés” ?

MODALITÉS DE SOUMISSION
Nous tenons à rappeler que cette journée d’étude, comme les précédentes, se destine à tous doctorants ou jeunes chercheurs travaillant sur la question du lien social, mais aussi des arts et de la culture au sens large. Néanmoins, toutes les propositions désireuses de partager une expérience méthodologique sur cette thématique sont les bienvenues. Les propositions de communication (3 000 signes maximum, espaces compris, titre + résumé) devront nous parvenir avant le 30 juin 2016 par courriel à l'adresse jed.cultureetarts.cerlis@gmail.com. La proposition devra être accompagnée d'une courte présentation biobibliographique (contact, affiliation institutionnelle, statut, directeur de thèse, principaux axes de recherche... 10 lignes maximum). Les résultats de la sélection seront communiqués courant début septembre 2016.

COMITÉ D’ORGANISATION
Anne Bessette, Catherine Kirchner-Blanchard, Léa Mestdagh, Mado Spyropoulou, Marie Le Grandic, (Doctorantes à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, CERLIS) et Louise Déjeans (Doctorante à l’Université Paris Descartes, CERLIS).