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Autour de Différence & répétition de G. Deleuze

Autour de Différence & répétition de G. Deleuze

Publié le par Marc Escola (Source : ED "Pratiques & théories du sens" (Paris 8))

Le département de philosophie de Paris 8 organise dans la semaine du 10 au 15 mars
2008 une série de rencontres autour de Différence et répétition:


"Divergences, partitions et croisements de nos lectures
Atelier autour de Différence et répétition".


Comme le montrera l'argumentaire ci-dessous, il ne s'agit pas d'un
colloque - et encore moins d'une commémoration - mais de rencontres
mettant en perspective une multiplicité de lectures d'un texte, l'objet de
la manifestation étant tout autant le texte lui-même que l'acte de lire.


Le choix de Différence et répétition n'est certes pas anodin et induit
déjà un rapport à la lecture qui ne saurait se réduire à s'inscrire en un
seul plan ou à poursuivre une seule tendance. Mais même si la question de
Deleuze lecteur n'est nullement à exclure de nos ateliers, il ne s'agit
pas non plus de s'en tenir là, mais bien de viser, par le croisement des
expériences, à ramener la lecture philosophique à sa position de problème.


La participation de cette semaine est ouverte à tout chercheur, enseignant
ou étudiant qui le désirera, la forme de son exposé n'étant pas établie a
priori mais pouvant se définir au cas par cas.

Nous comptons effectuer un
enregistrement de ces ateliers qui sera ensuite en libre accès sur le site
de l'université.

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Divergences, partitions et croisements de nos lectures
Atelier autour de Différence et répétition

Cela pourrait être déjà la source de ce que Deleuze nommait un « problème », une manifestation du souci qui a été le sien de conférer à l’histoire de la philosophie autre chose qu’un statut au sein duquel chacun viendrait puiser sa petite dose de reconnaissance. S’installer d’emblée dans une difficulté dont ni l’imaginaire ni le jugement ne sauraient à eux seuls triompher ; choisir comme mode de locomotion les concepts les plus incertains, ceux qui prêtent à sourire aussi bien que ceux qui sont sortis de tout sens commun après avoir trop longtemps servi à capitonner les cellules internes du positivisme ; venir débusquer l’événement dans ces réduits d’impuissance où les concepteurs d’empire, les maîtres en théologie et les marchands d’émotions ne sauraient se rendre ; convertir chacune de ces impasses en un labyrinthe auquel chaque empreinte, chaque écho, viendra offrir une nouvelle ouverture ; se tenir dans une lecture de l’attention qui est pour elle-même un geste de résistance, l’expérience vive de cette attitude à laquelle la raison administrative s’emploie, avec une extraordinaire pugnacité, à nous faire renoncer. Cela devrait être un problème pour la simple raison que Différence et répétition participe de ces lectures qui, à être trop vives, n’ont d’autres alternatives que d’introduire une philosophie au sein de laquelle toute notion est à la fois héritière d’un croisement de traditions et totalement inédite, éducatrice des sens qui l’ont précédés.
Ouvrir un atelier qui nous permette de confronter nos lectures de Différence et répétition, c’est-à-dire qui soit l’occasion de donner à voir aussi bien nos difficultés à nous en saisir que nos petits instants de jubilation à en être traversés, implique un certain nombre de refus qui ont déjà leur propre portée philosophique. Ce ne peut être un conclave de disciples, tant il est vrai que pour une philosophie du virtuel, il n’est de bastille plus efficiente que cette ferveur, fût-elle naïve, pathologique ou intéressée. Ce ne peut être une célébration, ce trait d’ironie qui en nos temps de soumission de la pensée à l’ordre s’amuserait à célébrer les quarante ans des interdits d’interdire, des plages secrètes soutenant les pavés, des universités critiques des sens obligatoires et créatrices de chemins de traverse. Ce ne peut être une instance de convergences ou une fabrique d’identités communes car, précisément, cela reviendrait à renoncer à lire, cela impliquerait qu’à ce ressaisissement de la philosophie il convienne de substituer une doxa. Ce ne peut être une réunion d’anciens combattants, un comité de redressements des fêtes défuntes ou un consistoire d’exégètes en mal de systèmes à édifier.
D’une certaine façon, ouvrir un atelier autour de nos lectures de Différence et répétition, cela devrait d’abord nous conduire à prendre la mesure de l’événement dont cette philosophie a manifesté la singulière exigence : à savoir que la métaphysique est par, l’usage même du temps, du langage ou du travail qu’elle implique, un acte politique ; autrement dit une opposition irréductible à cette forme de servitude qui voudrait qu’il y ait une place pour chaque chose, un sens pour chaque concept, un temps pour chaque forme d’activité, un partage clairement établi entre le monde commun et l’expérience intime, entre le sensible et l’intelligible, entre l’absolu et les données immédiates de l’expérience. Tout à la fois théorie de la connaissance et retournement des ontologies classiques, Différence et répétition constitue ainsi une occasion de nous amener à interroger le sens que nous conférons à l’acte de lire et, ce faisant, de ressaisir ce souci originel de la philosophie qui introduit effectivement une série d’écarts entre le sens donné et l’effet qu’il produit en chacun de nous.

Cet atelier se tiendra pendant la semaine du 10 au 15 mars 2008 dans le département de philosophie. Y interviendront les étudiants et les enseignants qui souhaiteront présenter leur propre lecture, et ceci quelque soit le département dont ils relèvent, le champ disciplinaire dont ils se revendiquent. Des chercheurs extérieurs à l’université sont aussi invités à se joindre à cet atelier. Le programme complet sera rendu public au début du mois de janvier 2008.