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Appels à contributions
Autorité et légitimité du chercheur

Autorité et légitimité du chercheur

Publié le par Thomas Parisot (Source : Anika Disse)

Journées d'étude

« Autorité et légitimité du chercheur »
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris
3-4 février 2006

Appel à contribution

L'université et les institutions savantes corollaires ont fondé et confirmé au cours du temps la légitimité de leur activité entre autres en affirmant leur qualité de gardiens de la vérité, présentant l'accession à cette dernière comme nécessaire à l'humanité. En effet, la recherche scientifique mène dans le meilleur des cas à une connaissance exacte et approfondie à caractère universel et objectif de la chose étudiée, à laquelle, par principe, le chercheur tente de parvenir, quel que soit son domaine d'étude, dans l'idée de contribuer au progrès de l'humanité sur les plans moral et technique.

Si ce principe n'a pas changé, on rencontre en revanche aujourd'hui de moins en moins de lettrés humanistes, embrassant d'amples matières, et dont l'entreprise forme l'oeuvre d'une vie. La tendance générale est aux spécialistes examinant une infime portion du vaste terrain d'exploration des chercheurs ou formant des groupes de recherche autour de thèmes aux perspectives trop larges pour être abordé en solitaire. En effet, bien que depuis une vingtaine d'années, les intérêts se portent souvent sur des approches pluridisciplinaires, il semble que le temps et l'argent manquent pour considérer, seul, les aspects multiples avec lesquels un objet d'étude peut être approché. Il n'est pas rare de faire appel à d'autres spécialistes, lorsque certains aspects de notre propre terrain d'exploration nous échappent. Encore plus aujourd'hui qu'hier, le chercheur s'appuie sur des autorités confirmées pour poser les jalons autour de son cercle restreint d'investigation. La question qui se pose est comment évaluer les résultats des autres spécialistes ? Quel discours persuade et comment ? De quelles stratégies discursives et politiques, de quelles méthodes d'approche et fondements épistémologiques le chercheur se sert-il pour convaincre son auditoire de la véracité de ses analyses et conclusions ?

L'hypothèse de départ consiste à penser que des mutations d'ordre social, politique et métaphysique au XXe siècle ont bouleversé le paysage scientifique au point de saper les fondements (généralement positivistes du XIXe siècle) sur lesquels le chercheur individuel s'appuyait, plus ou moins consciemment et rigoureusement, pour donner autorité à ses résultats et à ses développements analytiques. Au cours du siècle, les courants de pensée, les méthodes d'approche et les objets d'analyse se sont diversifiés au sein même des disciplines, qui se sont par ailleurs renouvelées, démultipliées, fractionnées ou éteintes. Les procédés de légitimation du travail de recherche ont-ils changé avec ce nouveau contexte ? L'apparition de nouvelles technologies est venue révolutionner les pratiques de la communauté scientifique, accompagnées de questions sur leur propension à atteindre des résultats objectifs. De ces événements, il ressort une conscience épistémologique accrue, pénétrant les textes des chercheurs, entourant les résultats de leur recherche d'un ensemble de circonvolutions discursives et méthodologiques, parfois au point où l'intérêt pour la méthode prend le pas sur celui de l'objet d'étude.


Ces journées de réflexion s'adressent aux chercheurs
de toutes disciplines confondues et de toutes les institutions. Elles ont pour objectif premier de créer un espace de discussion autour d'une question qui nous concerne tous et sur laquelle il est difficile, et donc rare, d'échanger in vivo entre matières, horizons géographiques, filiations savantes et échelons hiérarchiques.

Il est question d'aborder la discussion sous trois angles de vues différents : 

1. par le témoignage des chercheurs sur leurs pratiques de recherche et leurs manières d' « autoriser » leur travail ;

2. par une mise en relation de ces témoignages avec l'histoire plus générale des processus de légitimation au sein des disciplines ;

3. par une présentation des interprétations de plusieurs chercheurs sur un même objet défini à l'avance, pour une comparaison en temps réel des formules discursives et méthodologiques dont ils se servent pour étayer leur analyse.


Dans un premier temps, cet appel à contributions s'adresse aux chercheurs qui exposeront le cheminement de leurs investigations scientifiques.

Appel à contribution. Les pratiques de recherche

Il s'agira d'entendre les intervenants sur la manière dont ils pratiquent concrètement leur recherche à l'heure actuelle et comment leurs résultats sont légitimés par des stratégies discursives et méthodologiques, des contextes de production et de réception, permettant d'« autoriser » leurs interprétations. L'objectif est de donner la parole à des chercheurs confirmés et débutants. Ils présenteront leur aisance ou difficulté à faire valider leurs analyses sur leur propre terrain d'étude, quel qu'il soit, en s'appuyant sur les questions suivantes :

La méthodologie  : en quoi les nouvelles technologies donnent-elles plus d'autorité aux résultats, comparées aux méthodologies plus anciennes ? Quelles méthodes sont validées, par qui et pourquoi ?

Les modalités du travail en équipe  : comment travaille-t-on ensemble sur un même sujet, par exemple, dans une étude pluridisciplinaire ? Qui se porte garant des résultats au sein d'une équipe et comment ? 

La recherche pluridisciplinaire  : comment aborde-t-on une étude pluridisciplinaire seul ? quelle crédibilité le chercheur peut-il acquérir lorsqu'il effectue une recherche pluridisciplinaire dans des matières pour lesquelles il n'a pas suivi le cursus d'étude complet ? Quelles conditions faut-il remplir pour être un spécialiste dans une matière ?

Les disciplines récentes et les sujets actuels ou inhabituels  : par quels processus de justification autorise-t-on une étude dans une discipline récente, par exemple les études cinématographiques ou psychanalytiques ? Doit-on, et comment, justifier différemment un objet d'étude actuel ou inhabituel de son corollaire plus traditionnel ?

Objectivité et subjectivité  : par quels moyens le sociologue défend-il un discours général, par exemple sur un groupe sociologique, à partir de propos recueillis chez un échantillon de population ? Dans toutes les matières, en quoi certaines méthodes, plus que d'autres, portent le sceau de l'objectivité ?

Les distinctions hiérarchiques  : quelle importance requiert l'échelon hiérarchique et l'institution du chercheur dans le processus d'autorisation ?

La transmission : les stratégies discursives d'autorisation changent-elles, et comment, selon le public auquel on destine son propos ?

Pour que la discussion sur le sujet puisse évoluer et s'approfondir, ces journées d'étude s'inscrivent dans l'ambition plus large de former, à la suite de cette première rencontre de février 2006, un réseau de chercheurs, délocalisé et pluridisciplinaire, soucieux de collaborer activement au développement de ces réflexions sur les modalités de travail du chercheur, sur son rôle social et sur l'autorité de ses propos. Une publication avec la contribution des intervenants est projetée, dont la forme et le contenu seront organisés à partir des pistes lancées durant le colloque.

Modalités d'inscription

Les propositions de communication ne doivent pas dépasser les 400 mots. Elles seront accompagnées d'une brève présentation du parcours de recherche effectué jusqu'ici (max. 200 mots), en spécifiant notamment les coordonnées complètes (incluant une adresse électronique), le domaine d'étude, l'université d'appartenance et le sujet de recherche actuel.


Veuillez envoyer vos candidatures à l'adresse suivante, au plus tard le 1er juillet 2005 :


Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales

A l'attention de Mme Anika Disse

G.A.H.O.M.

Bureau 807

54, Bd Raspail

75006 PARIS


ou à l'adresse électronique suivante (et pour toute question) :
colloque_ehess2006@yahoo.fr

Les propositions de communications seront sélectionnées dans le courant de l'été.

Les réponses seront envoyées au plus tard le 1er septembre 2005.

Comité scientifique

Anika Disse, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris

Colin Lemoine, Université de la Sorbonne, Paris IV

Thomas Parisot, Université de la Sorbonne, Paris-IV

Organisation
Anika Disse, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris

  • Adresse :
    Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris