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Autopsie du zombie

Autopsie du zombie

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Jérôme-Olivier Allard)

Autopsie du zombie

11 mai 2012
Dans le cadre du 80e Congrès de l'ACFAS
Palais des Congrès de Montréal

Le colloque Autopsie du zombie interroge la figure polysémique du zombie contemporain telle qu’elle est représentée dans la littérature, le cinéma, les arts visuels et les jeux vidéo depuis les années 2000. Veuillez faire parvenir vos propositions de communication aux organisateurs (autopsiezombie@gmail.com) au plus tard le 1er février 2012. Les propositions devront contenir les renseignements suivants : le titre de la conférence, un résumé d’au plus 1500 caractères (espaces comprises) et une brève notice bio-bibliographique. Les présentations qui seront retenues devront se dérouler en français et ne pas dépasser 20 minutes. Une sélection des conférences sera publiée sous la forme d’un dossier thématique en 2012-2013 dans la revue électronique Zizanies.

Problématique

Le mythe du zombie puise ses origines dans la tradition orale caribéenne, qui elle-même fait écho à de vieilles légendes africaines. Métaphore dénonçant l’asservissement de l’esclave, la figure littéraire du zombie a été abordée par plusieurs auteurs antillais, notamment René Depestre dans Hadriana dans tous mes rêves (1988). La société occidentale s’est rapidement approprié ce mythe pendant l’époque coloniale. Plusieurs auteurs du XIXe siècle – pensons à Mary Shelley, Ambrose Bierce et Edgar Allan Poe –, ont peuplé certaines de leurs oeuvres de monstres (dé)morts ou ramenés à la vie. Au cours des années 1920 est apparue, chez Howard Philip Lovecraft, une créature morte-vivante primitive, aux facultés mentales limitées et habitée par une intense violence. Plusieurs critiques accordent toutefois au cinéaste américain George Andrew Romero la paternité du zombie contemporain. (Bishop, 2006; Lauro et Embry, 2008; Sutherland, 2007) Depuis 2001, ce mort-vivant anthropophage a connu une importante (ré)émergence dans l’imaginaire contemporain. Le zombie, humain dénaturé et décivilisé, monstre sadique à l’oralité exacerbée dont la seule finalité est de se repaître de chair humaine, est devenu un antagoniste par excellence du genre de l’horreur, que ce soit au cinéma, dans les jeux vidéo ou dans la littérature. Figure centrale de dizaines d’oeuvres récentes – notamment Dead Island (Techland, 2011), Breathers (Browne, 2009) et Zombieland (Fleischer, 2009) –, le zombie métaphorise certaines phobies de l’Occident du XXIe siècle, qu’on pense à la paranoïa xénophobe post-9/11 ou à la hantise pandémique.

Depuis le début des années 2000, le zombie contamine l’imaginaire occidental contemporain. À titre indicatif, notons que la Zombie Movie Database (penchant zombifique de l’IMDB) dénombre, entre 2002 et 2009, plus d’une centaine de films mettant en scène des zombies – une vingtaine de productions de ce genre sont d’ailleurs prévues pour 2012. De nombreux jeux vidéo confrontent les joueurs à des hordes de zombies affamés de chair humaine. Le zombie envahit aussi la littérature, la bande-dessinée, les séries télévisées et l’art visuel. Comment expliquer cet engouement du public pour le mort-vivant anthropophage ? Et comment s’expliquer des phénomènes sociaux parafictionnels comme les Zombie Walks, ces manifestations pacifiques (à teneur politique ou simplement ludique) où des participants, notamment en marge du mouvement Occupy Wall Street, se déguisent et marchent comme des zombies ? Dans ce colloque – qui se veut un lieu de rencontre convivial pour des penseurs issus de différents champs de recherche, de la littérature au cinéma, en passant par les jeux vidéo et l’art visuel – nous voulons autopsier le zombie. Il s’agira d’emblée de l’envisager comme une figure de cet Autre qui nous assaille, qui menace de nous contaminer de sa différence, pour ensuite s’intéresser à ses manifestations marginales. Que se produit-il, en effet, lorsque le zombie, d’antagoniste, devient protagoniste ? Si l’homme, en situation de survie, peut devenir monstre, le zombie, lui, peut-il (re)devenir humain ? Figure polysémique et investie idéologiquement, le zombie permet aux créateurs de représenter les citoyens marginalisés et de tenir un discours renouvelé sur la justice et l’équité sociale. Le colloque Autopsie du zombie accueillera des spécialistes issus autant des sciences humaines que des arts et des lettres.