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« Aulu-Gelle et la poétique : Les Nuits attiques à travers les âges »

« Aulu-Gelle et la poétique : Les Nuits attiques à travers les âges »

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Perrine Galand-Hallyn, org.)

Equipe d'accueil 4081 « Rome et ses renaissances »

 

Journée d'étude du samedi 10 janvier 2009

en l'honneur de Madame le professeur Jacqueline Dangel

Ecole pratique des Hautes Etudes, salle Gaston Paris

Organisation P. Galand-Hallyn

« Aulu-Gelle et la poétique: les Nuits attiques à travers les âges »

 

 

Aulu Gelle, lu avec intérêt par les linguistes et les historiens, n'a pas beaucoup intéressé la critique moderne en tant qu'auteur littéraire en quête, à sa manière, d'une esthétique. C'est pourtant sa « poétique », autant que le savoir varié contenu dans les Nuits attiques, qui a retenu l'attention des érudits à la Renaissance : la lecture d'Aulu Gelle, comme celle de Stace et de Quintilien, a conduit les humanistes à l'élaboration d'une nouvelle manière d'écrire « individualiste », fondée sur l'improvisation et la variété autant que sur l'érudition. La présente journée d'études, dédiée à une spécialiste de la poétique antique, Jacqueline Dangel, voudrait inaugurer une manière un peu différente de lire Aulu Gelle, à la lumière de ses amateurs de l'Antiquité tardive, du Moyen Âge et de la Renaissance. Elle devrait préparer une exploration plus approfondie de l'écrivain.

On verra tout d'abord (G. Galimberti) comment  une analyse attentive des Nuits Attiques permet de saisir l'importance des concepts d'elegantia et d'euphonie. Même si Aulu Gelle lui-même annonce dans sa praefatio qu'il n'existe pas de critère unifiant dans son recueil de commentaires (il s'agit d'une « miscella et quasi confusanea doctrina »5), on peut repérer un fil rouge : il s'agit pour l'auteur de procurer à son public un plaisir lié à l'élégance et à l'euphonie. On étudiera d'autre part (A. Garcea) comment le « canon » des auctores pris pour modèles par Fronton peut être utilisé comme pierre de touche pour mettre en évidence les nuances qui existent entre les idées littéraires d'Aulu-Gelle et celles de son maître. Il s'agit de différences dont il faut nécessairement tenir compte dans la reconstitution de la mouvance archaïsante, où rentrent des personnalités distinctes qu'il serait inapproprié de confondre à cause de leur intérêt commun pour les plus anciens représentants de la littérature latine. Ensuite, une comparaison entre Aulu Gelle et un autre grand « grammairien » de l'Antiquité, Macrobe (B. Goldlust), permettra d'approfondir ces perspectives. Aulu Gelle et Macrobe ont de très nombreux points communs : attachés au passé, à la culture romaine et même à l'archaïsme, ils ont tous deux composé des oeuvres de compilation, que l'on consulte ponctuellement souvent plus qu'on ne les lit, relevant des traditions didactique et antiquaire. L'auteur des Nuits Attiques est d'ailleurs l'une des sources favorites de Macrobe, qui le cite nommément, contrairement à ses habitudes. Pourtant, c'est parfois pour s'en distancier ostensiblement – en apparence – que Macrobe cite Aulu Gelle : c'est dans ce cadre complexe que se pose, par exemple, la question d'un ordre de composition, délibérément revendiqué dans les Saturnales, et délibérément refusé dans les Nuits Attiques (mais ne faut-il pas y voir une marque topique d'humilitas, voire de la fausse humilité ?). En revenant, après l'étude ancienne d'E. Türk, sur la lecture d'Aulu Gelle par Macrobe, à la lumière des principaux passages programmatiques et métapoétiques, on proposera une comparaison de leur projet littéraire et didactique respectif, en suivant des axes généraux (ordre, structure, finalité) et en abordant des points plus précis (connaissance de tel auteur - comme Fronton par exemple, écriture, mise en scène des conversations). Après cette série d'interrogations sur le texte et son contexte antique, on étudiera la réception du recueil dans la période médiévale, puis à la Renaissance (M.-E. Lecouffe). Les Nuits Attiques n'ont pas connu une diffusion aisée au Moyen Âge : le texte a circulé durant l'essentiel de la période en deux parties indépendantes, la première connaissant même une circulation plus tardive que la seconde. Au XVe siècle, à en juger par la floraison des recentiores et la relative précocité des premières éditions, l'oeuvre d'Aulu Gelle a connu un regain d'intérêt. En partant des premiers manuscrits conservés et/ou connus pour arriver à l'établissement du texte des premières éditions, nous tâcherons de retracer l'histoire de cette diffusion, en nous appuyant, entre autres, sur les manuscrits que nous avons conservés, les inventaires médiévaux de bibliothèques et les premières éditions publiées à la Renaissance. Enfin on s'attachera à l'examen de quelques cas d'espèce qui attestent l'influence des Nuits attiques d'Aulu Gelle dans la constitution d'une esthétique entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle (O. Pedeflous). L'étude partira de la lecture qu'en ont faite Politien (Miscellanées) et Erasme (De copia et Adages) et s'attardera sur la systématisation du regard esthétique opérée par leurs héritiers parisiens dans les années 1510-20, notamment par le biais d'une indexation des formules relevant de la pictorialité.

PROGRAMME

  

10h15-11h00

Giovanna Galimberti (Université de Milan) : « L'elegantia et l'euphonie comme moyens de critique littéraire chez Aulu Gelle »

 

11h00-11h45 : Alessandro Garcea (Université de Toulouse) : « Aulu Gelle, Fronton et le ‘canon' des modèles littéraires »

 

Déjeuner

14h00-14h45 

Benjamin Goldlust (Université de Bordeaux III) : « La poétique d'Aulu Gelle et sa lecture par Macrobe »

 

14h45-15h30 

Marie-Eugénie Lecouffe (Ecole des chartes) : « La réception d'Aulu-Gelle au Moyen Âge et à la Renaissance : diffusion des manuscrite et des éditions »

 

15h30-16h15

Olivier Pedeflous (Université de Paris-Sorbonne) : « ‘Noctes micantissimae' ». Les Miscellanées gelliennes à la Renaissance : un manuel d'esthétique ? »