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Aspects de la fête dans les années 1920 et 1930

Aspects de la fête dans les années 1920 et 1930

Publié le par Emilien Sermier (Source : Mathilde Poizat-Amar)

 

Aspects de la fête dans les années 1920 et 1930

26 avril 2014 / Reid Hall, Paris

 

Au lendemain de la Grande Guerre, l’Europe et le Monde, désireux de rompre avec les traumas et fantasmes de la Grande Boucherie, se lancent à corps perdus dans la festivité et le ludisme. Des deux côtés de l’Atlantique, sous les accents syncopés du jazz, dans les déhanchements du charleston, une jeunesse retrouvée revendique, avec insouciance et parfois de manière totalement insolente, le droit à l’amusement et au bonheur. Comment la fête est-elle représentée dans la littérature et le cinéma des années 1920 et 1930 ? Nous aborderons cette journée d'étude en envisageant les pistes d'études suivantes :

            Qui sont les fêtards ? Qui lance la fête ? De quelle fête s’agit-il ? À quels besoins et motivations la fête est-elle supposée répondre ? Quand la fête prend-elle fin ? Comment ? Et pourquoi ?

            À quels abus associe-t-on l'esprit de fête ? Songeons aux drogues récréatives, à l'ivresse mais également aux expériences plus extrêmes offertes par le développement du cannabis, de l'opium, de la cocaïne, des amphétamines ... et de la nourriture : comment se requinque-t-on de deux heures non-stop de jazz ? Avec du saucisson ou avec une pincée de "blanche" ? À quelles formes de de divertissements associe-t-on les festivités? La littérature et le cinéma laissent la part belle à la chanson aussi bien qu'à la danse. Les écrivains fredonnent les premiers tubes de jazz, dansent sur leurs rythmes effrénés et découvrent avec émerveillement les premiers films "100% dansant et chantant" - pensons à Al Johnson, Le Chanteur de Jazz, Beauvoir, Sartre, les surréalistes, mais aussi la Lost Generation.  Cependant, si on se retrouve entre gens de la bonne société pour un tango dans les salles de danse du Ritz ou de La Coupole, on continue d'aller dans les guinguettes, ces Eldorado du dimanche filmés par Marcel Carné, recrées in situ par Julien Duvivier pour sa Belle Equipe, sans oublier les bals musettes captés par René Clair dans Sous les toits de Paris, Quatorze Juillet, puis magnifiées des années plus tard sous la forme d'un Bal de quartier par Ettore Scola, musiques d'époque à l'appui. Les films offrent également une nouvelle opportunité aux chanteurs du music-hall.

             Les cinéastes taillent des rôles sur mesure à Maurice Chevalier, Mistinguett, Joséphine Baker, Charles Trenet, Fernandel dans des bluettes plus ou moins inoffensives. Quant à Danielle Darrieux et Albert Préjean, ils chantent avec entrain que la Crise est finie et Qu'on ne voit ça qu'à Paris !

            Le monde de  la littérature et danse se croisent également, grâce à des collaborations multiples (Cocteau et Cendrars avec les ballets russes et suédois par exemple). La danse nourrit la fiction littéraire chez Virginia Woolf, Samuel Beckett, Paul Claudel, Louis-Ferdinand Céline, répugne à Marcel Proust, se théorise chez Paul Valéry, tant sur le plan thématique (fascination pour la figure de la danseuse, du spectacle, etc.) que sur un plan métaphorique (écriture comme mouvement, etc.).  Quels liens tissent les arts entre eux autour du motif de la fête?  

            Nous nous pencherons également sur les traces laissées par les festivités de l'entre-deux guerre dans des œuvres contemporaines : Après Minuit de W. Allen, biographies dessinées sur Picasso, sur Kiki de Montparnasse), et la magie opère à nouveau.

            Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles il s’agira de répondre au cours de cette journée, au cours de laquelle on pourra réfléchir sur les œuvres de Raymond Radiguet, Georges Simenon, Francis Scott Fitzgerald, Paul Morand, Gertrude Stein, Jean Giraudoux, Ernest Hemingway, Irène Némirovsky, James Joyce, Agatha Christie ...

 

Mathilde Poizat-Amar, University of Kent (GB) /

Université Nanterre-Paris Ouest

Tiphaine Martin, Université Denis Diderot-Paris 7

Dominique Lanni, Université de Malt

 

Programme de la journée

 

08h45 – 09h00 : accueil des participant-e-s

La Fête bourgeoise 

présidence : Ana de Medeiros

9h00-09 h30. Anne-Hélène Dupont, « Fête de la fin et fin de la fête : la matinée chez la princesse de Guermantes dans le Temps retrouvé de Marcel Proust »

9h30-10h00.Florica Courriol, « Aspects de la fête dans Concert de Bach de Horensia Papadat-Bengescu »

10h00-10:30. Mathilde Poizat-Amar, « La nuit bleue de Dan Yack. Blaise Cendrars (1929) »

10h30 Pause

La Fête au cinéma

présidence : Mathilde Poizat-Amar

11h00-11h45. Karine Chevalier, « La Fête aux masques ou les pulsions démasquées du cinéma »

11h45-12h30. Tiphaine Martin, « Tristes cocktails : faire la fête chez Scola, Lubitsch, Duvivier et Camerini »

12h30-14h00. Déjeuner

La Fête tragique

présidence : Dominique Lanni

14h00-14h30. Marthe Compain, « Mireille Havet et les dessous de « l’univers fardé de Paris »

14h30-15h00. Gabriella Quadrato, « “In the middle of my party, here’death”. La fête tragique du roman d’après-guerre »

15h00-15h30. Roxana Bucur, « Les Trouble-fête »

15h30 Pause

Ailleurs la fête

présidence : Tiphaine Martin

16h00-16h30. Nadjia Amrane, « La fête comme métaphore et savoir dans Gatsby le Magnifique »

16h30-17h00. Dominique Lanni, « “Crier, danser, se réjouir, s’exprimer, c’est être nègre”... Paul Morand face aux envoûtantes ressources de l’instinct et aux forces primitives des Noirs »