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Arrêt sur scène / Scene Focus, n° 9 : 

Arrêt sur scène / Scene Focus, n° 9 : "Scènes d'exécution dans les théâtres anglais et français XVIe-XVIIe s. (B. Louvat, N. Myers (dir.)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Bénédicte Louvat)

Arrêt sur scène / Scene Focus, n° 9, 2020.

"Scènes d'exécution" dans les théâtres anglais et français (XVIe-XVIIe siècles)

Dirigé par / Edited by

Bénédicte Louvat (Université Toulouse – Jean Jaurès)

& Nicholas Myers (Université Paul-Valéry Montpellier 3)

97 p.
 

Telle qu’elle est conçue dans l’Europe de la première modernité, l’exécution est un spectacle ritualisé, qui obéit à une dramaturgie ordonnée autour de scènes attendues, destiné à un public qui doit en tirer des leçons politiques et morales. Il n’est guère étonnant, dans ces conditions que, de part et d’autre de la Manche, le théâtre se soit emparé de ce matériau dramatique idéal dont, cependant, les dramaturges ne peuvent ni surtout ne souhaitent donner une simple imitation. Représenter l’exécution au théâtre, c’est inscrire ce qui est généralement son dernier événement dans une intrigue, un enchaînement d’actions, un tissu relationnel et émotionnel complexe, qui peut à loisir interroger la légitimité du châtiment et de ceux qui l’ordonnent, et faire entendre la parole et les justifications du condamné. C’est aussi, selon des modalités différentes dans les théâtres anglais et français, s’interroger sur les conditions de représentation d’une telle scène que l’on peut, au choix, montrer – en recourant à des techniques qui remontent au théâtre médiéval –, raconter par l’intermédiaire d’une hypotypose qui frappera l’imagination des spectateurs ou encore éluder, pour des raisons qui peuvent être idéologiques ou morales. Enfin, les pièces à exécution de la période constituent un poste d’observation particulièrement fructueux de la représentation de l’Histoire en train de se faire et, dans le cadre du dialogue franco-anglais qui constitue l’horizon de la réflexion, de la manière dont on reçoit et interprète, en France, les exécutions anglaises les plus retentissantes de la période et, en Angleterre, celles qui ont lieu sur le territoire français.

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Public execution, as carried out in early modern Europe, is a ritualised spectacle, inscribed within a dramaturgy organised around expected scenes and aimed at a public which is supposed to draw the appropriate political and moral lessons from it. It is therefore unsurprising that theatre on both sides of the Channel should have seized on this ideal dramatic material, although playwrights neither could nor wished to limit themselves to a simple imitative representation of the act. Representing execution in the theatre involves enfolding what is usually the final event into a plot, a series of actions, a complex web of emotions and relations, which collectively interrogate the legitimacy of the punishment and of those who ordered it, while giving a platform to the discourse and justifications of the condemned person. It also involves questioning the conditions in which such a scene may be represented. Depending on the dramatist’s choice, the execution can be directly shown by recourse to stage techniques going back to the medieval tradition, recounted through the rhetorical process of hypotyposis, designed to bring the event vividly to the mind’s eye, or simply avoided, for reasons that can be ideological or moral. Lastly, those plays in the period which feature executions present a privileged vantage point for viewing history itself in the making. More specifically – and particularly pertinent to the explicit vocation of this collection to explore the cultural dialogue between the two countries – they throw a searching light on the ways in which the most striking public executions in England were received in France, and vice versa.

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Sommaire / Contents

Bénédicte Louvat (ELH/PLH, EA 4601, Université Toulouse – Jean Jaurès) et Nicholas Myers (IRCL, UMR 5186 CNRS et Université Paul-Valéry Montpellier 3)
Introduction
Marie-Madeleine Fragonard (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)
La justice spectaculaire. L’exécution des sentences : pratiques et représentation théâtrale

I. Montrer, raconter, taire : modalités de représentation de la scène d’exécution
Pierre Pasquier (CESR, UMR 7323 CNRS et Université François Rabelais de Tours)
La réalisation technique des scènes d’exécution capitale sur la scène française du XVIIe siècle
Yan Brailowsky (Université Paris Nanterre)
« La tête qui bondit » ou la décollation de Marie Stuart
Caroline Labrune (Académie de Versailles)
La mort n’est pas une fin. La scène d’exécution est-elle vraiment une « scène à faire » ?

À écouter : L’exécution de Mariane (extraits de La Cour sainte du Père Caussin et de La Mariane de Tristan L’Hermite) (les étudiants et enseignants de lettres modernes Annlyse Boquet, Lauriane Brégou, Luc Davin, Marine Frileux, Rania Mezlef et Catherine Pascal. Direction : Bénédicte Louvat)

II. Exemplarités et contre-exemplarités
Gilles Bertheau (CESR, UMR 7323 CNRS et Université François Rabelais de Tours) :
Execution and the Questioning of Authority in Three Early Modern English History Plays
Nathalie Oziol (IRCL, UMR 5186 CNRS et Université Paul-Valéry Montpellier 3) :
State Violence and Last Sentences in Thomas Kyd’s Spanish Tragedy
Ruoting Ding (University of Electronic Science and Technology of China, Chengdu, Sichuan) :
Les tragédies de l’exécution chez La Calprenède : ambiguïté judiciaire et esthétique aristotélicienne

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En ligne : 

https://ircl.cnrs.fr/productions%20electroniques/arret_scene/arret_scene_focus_contents.htm