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Architecture et littérature : une interaction en question, XXe-XXIe siècles

Architecture et littérature : une interaction en question, XXe-XXIe siècles

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Pierre Hyppolite)


Architecture et littérature : une interaction en question,

XXe-XXIe siècles

Quels sont les fondements épistémologiques des relations entre l'architecture et la littérature ? Métaphore structurale, analogies, diverses, emprunts, correspondances, interférences, interactions … caractérisent plus ou moins confusément leurs rapports. Les analyses menées lors des six colloques consacrés à l'étude des rapports entre l'architecture et la littérature avec La Société Française des Architectes se fondaient sur l'interdisciplinarité. Elles ont fait apparaître une exigence conceptuelle nouvelle fondée sur le constat de l'absence d'une théorie des processus de métaphorisation satisfaisante pour penser la diversité des articulations entre l'architecture et la littérature. Au moment où l'on assiste à un regain des études interdisciplinaires, il est intéressant de renouveler le regard porté sur cette transversalité particulière. Comment penser la diversité de ces échanges sans limiter l'analyse à une métaphorisation universelle considérée comme seule capable de définir leur relation ? Il s'agira de suivre l'évolution de ce dialogue dans le contexte moderne, postmoderne et actuel, aux XXe et XXIe siècles, en prenant en compte les conséquences du décloisonnement et de l'interaction des disciplines techniques, savantes, esthétiques mais aussi leurs tentatives de synthèse.

Les communications proposées s'inscriront dans les trois axes suivants :



1. Interférences et interactions créatives

En quoi l'architecture interroge-t-elle la littérature, quel que soit le genre, dans sa dimension rhétorique, mais surtout linguistique, voire sociologique ? Quels ont été les moments les plus marquants de ce dialogue depuis le début du XXe siècle jusqu'à nos jours ? Sur quels autres éléments se fonde-t-il ? Quelles en ont été les conséquences architecturales ? Que reste-t-il de leur actualité ? Au-delà de ces emprunts, équivalences, similitudes, homologies et correspondances qui ont contribué à renouveler le discours critique et la pratique architecturale, dès le début du XXe, on s'intéressera aux phénomènes d'interactions créatives entre ces disciplines.

On privilégiera, à titre d'exemples, l'étude des interactions entre la forme du bâti et le discours sur la littérature (continuité/discontinuité, construction/déconstruction, formalisme/dislocation…), entre la théorie critique et l'histoire de l'architecture contemporaine, (structuralisme/poststructuralisme, modernisme/postmodernisme, cultural studies…) en s'intéressant aux nouvelles pratiques de l'espace afin de saisir les enjeux du dialogue actuel entre l'architecture et la littérature.

L'architecture influence-t-elle la littérature ? Quelle place les littératures de l'anti, de l'auto ou l'hyper-référentialité accordent-elles à l'architecture ? Selon quels modes de présence l'architecture figure-t-elle dans la littérature moderne et actuelle ? En quoi l'architecture est-elle un objet herméneutique pour la littérature contemporaine dans la diversité de ses productions ? Quelles expériences de l'espace et de son habitabilité apportent-elles l'une à l'autre ? Quel rôle faut-il donner, dans l'échange interdisciplinaire, au discours sur l'architecture, quelle qu'en soit la forme (autobiographie, dialogues entre architectes et écrivains…) ?

Etudes de cas significatifs, problématisations croisées, réflexions théoriques sur les modes d'échanges (analogie, interférences…) et leurs fondements conceptuels seront privilégiés.

Un autre axe d'étude portera plus particulièrement sur deux autres aspects de l'articulation entre l'architecture et la littérature.

2. Architecture, narrativité et fiction

Les liens entre la narrativité et l'architecture constituent le sujet d'une réflexion théorique développée par Philippe Hamon et Paul Ricoeur. Le recours à la fiction en architecture fait aussi l'objet d'un questionnement amorcé par les théoriciens francophones de la fiction, Jean-Marie Schaeffer ou Marie Laure Ryan. Or, le caractère fictionnel de l'architecture, qui constitue une évidence pour les architectes, est pour les théoriciens plus problématique. Les points de vue des théoriciens du récit et de la fiction d'une part et des constructeurs « de fictions » que sont les architectes d'autre part seront ainsi sollicités sur la pertinence et l'articulation de ces deux notions susceptibles de réunir la pratique architecturale, les discours sur l'architecture et sur la critique littéraire contemporaine.

Où situer l'architecture dans un dispositif de représentation mimétique ? La spatialité de l'acte architectural s'adapte-t-elle à la temporalité du récit ou inversement ? Selon quels critères ? Les architectures des XXe et XXIe siècles s'apparentent-elles encore à des modèles narratifs ? Lesquels et selon quelles modalités ? Quels sont les liens entre le construire (et le construit) et le raconter (et la fiction) ? En quoi la pratique architecturale contemporaine relève-t-elle du travail de la fiction ? Où placer l'architecture dans la typologie des pratiques fictionnelles ? Dans quelle mesure la fiction en architecture est-elle assimilable à la fiction littéraire ? Comment penser l'articulation dialectique entre le réel et la fiction dans l'acte architectural ? A titre d'exemple, la réflexion sur le rôle du détail en littérature peut-elle être renouvelée à partir de la fonction du détail en architecture ? En quoi s'en distingue-t-elle ?

La question de la fiction sera examinée d'un point de vue théorique et pratique en tenant compte des différentes étapes du processus architectural, du projet (descriptions, plans, dessins, coupes, maquettes réelles ou virtuelles…), à sa réalisation (effective ou improbable) et aux divers scénarii d'occupation des sols.

3. Écriture, architecture et lecture

Afin de favoriser l'échange et le partage constructif du savoir entre les différents participants du colloque, des ateliers de conception architecturale en directe ou partagée seront proposés aux intervenants. Ils pourront s'organiser autour d'un écrivain et d'un architecte, ou avec un groupe de participants, à partir d'un atelier d'écriture ou sur un sujet précis préalablement choisi. Ces ateliers seront l'occasion d'explorer et de mettre à l'épreuve les problématiques communes à l'architecture et à la littérature qui auront été définies.

Universitaires (spécialistes de littérature, d'esthétique, de sémiotique, de linguistique et de critiques contemporaines), architectes et écrivains, nourriront ces échanges interdisciplinaires.

Les propositions (titre et une trentaine de lignes) accompagnées de quelques éléments biographiques seront transmises par courriel au plus tard le 30 septembre 2008 au coordinateur scientifique du colloque : pierre.hyppolite@wanadoo.fr.
(université de Limoges).

Les communications ne devront pas dépasser trente-cinq minutes. Elles feront l'objet d'une publication scientifique.

Direction du colloque :

- Pierre Hyppolite, université de Limoges, équipe ÉHIC, Groupe de Recherche Architecture, Art et Littérature, (pierre.hyppolite@wanadoo.fr),

-Antoine Leygonie, architecte DPLG, Société Française des Architectes, université Paris-VIII (antoine.leygonie@architectea.com),

-Agnès Verlet, université de Provence, Aix-Marseille I, équipe CIELAM (averlet@wanadoo.fr).