APPEL A PROMOUVOIR FRANÇAIS, LETTRES, ARTS, PHILOSOPHIE, SCIENCES HUMAINES…
Le dispositif institutionnel mis en place récemment dans le cadre de la recherche et de l’enseignement en France suscite réflexion et nécessite des rééquilibrages plus favorables à l’intérêt général. En effet, la loi sur la recherche votée en 2006, à l’origine de la création des pôles de compétitivité1de même que la LRU (loi sur les libertés et responsabilités des universités)2 adoptée en 2007 ont des conséquences préjudiciables pour l’avenir des disciplines littéraires, linguistiques, artistiques ainsi que pour celui de la philosophie et des sciences humaines et sociales (SHS).Avec cette nouvelle législation, l’accroissement de la collaboration des universités et des entreprises, en particulier par la médiation de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), crée une concurrence excessive entre universités, sur le critère principal de la rentabilité. La quasi-exclusion de ce dispositif des disciplines et filières moins « rentables » sur un plan strictement commercial conduirait à une catastrophe nationale d’ordre culturel, scientifique, artistique, social…
D’ores et déjà, la baisse des effectifs dans les universités de Lettres, arts et sciences humaines est alarmante ; à cet égard, il est important d’en soutenir l’exercice : maintien des diplômes nationaux – seuls à même de garantir l'égalité de principe de tous les étudiants d'une même discipline sur le territoire -, des préparations aux concours nationaux de recrutement (Capes, agrégation.. .), des masters dans tous les établissements, meilleure articulation entre classes préparatoires et licences, amélioration des débouchés professionnels des diplômés…. Tout cela ne pourra se faire à moyens constants, la misère présente des UFR concernées étant une cause essentielle de leur manque d'attrait. Comment ne pas voir que la revalorisation des formations universitaires en Lettres, arts et SHS s'impose pour intéresser de plus nombreux lycéens à choisir la série L des lycées et pour sauver, ce faisant, cette dernière?
En effet, le rapport de l’Inspection Générale de l’Education Nationale (IGEN) Evaluation des mesures prises pour revaloriser la filière littéraire3, publié en 2006, met en garde sur la menace de disparition de cette filière : rappelons que le public, comme dans le Supérieur, en est majoritairement féminin, par conséquent vulnérabilisé. Dans le même temps, un discours largement médiatisé relègue le Français, discipline pourtant fondamentale, à l’enseignement de la lecture et de l’écriture à l’école primaire, à la lutte contre l’illettrisme…Cette situation est d’autant plus préoccupante que, confronté à la crise des valeurs sociales et juvéniles dans le contexte de la mondialisation, le système scolaire doit renforcer, comme l’indique la dernière loi d’orientation, l’éducation à la citoyenneté, celle-ci étant l’une des missions principales de l’enseignement du Français.
Pour la sauvegarde de la filière L, l’une des propositions de l’IGEN réside dans la création de cinq dominantes : littératures et civilisations, arts et culture, communication et maîtrise des langages, sciences humaines, institutions et droit. Parmi ces dominantes, les trois premières sont des spécialités académiques du Français et des Lettres : cette clarification permet de cultiver des liens précieux entre enseignements supérieur et secondaire dans ces disciplines et d’ouvrir, ce faisant, la filière L au monde de l’intellect et des métiers. Cela dit, la réhabilitation de cette filière et au delà de l’enseignement du Français présuppose une plus grande harmonisation de la formation des maîtres, dans les trois domaines des Lettres (dont il est important de maintenir l’enseignement), des sciences du langage et des sciences humaines, ces dernières spécialités étant nécessaires à la maîtrise théorique des composantes communicationnelles et culturelles des enseignements, à l’heure de la mondialisation. A l’instar du statut tripartite des Lettres Classiques, ces spécialités doivent être intégrées au statut des Lettres Modernes4 ; par ailleurs, pour la mise en pratique de cette démarche, l’on peut prendre exemple sur la création des IREM (Instituts de recherche sur l’enseignement des Mathématiques), à l’origine de la pérennisation d’un pôle scientifique de qualité (filière S).
Pour conclure, nous demandons que soit négociée avec tous les acteurs du système éducatif une autre réforme de l'Université et de l’Ecole, qui fasse droit à leurs missions essentielles, désintéressées et universelles, d'élaboration et de transmission des savoirs et des cultures.
Dans cette perspective, nous appelons à la rédaction d’un manifeste qui médiatise la réflexion spécifique des littéraires, linguistes, artistes, philosophes et spécialistes des sciences humaines sur « l’économie de la connaissance» , ce concept ambigu ayant été promu par le Conseil européen de Lisbonne (mars 2000)5 et étant à l’origine des involutions actuelles.
Dans le cadre du débat sur la LRU, nous invitons enfin universitaires, enseignants, étudiants, parents d’élèves…à se mobiliser sur ces questions fondamentales de citoyenneté qui engagent notre avenir.
Premiers signataires :
-Edgar Morin, philosophe et anthropologue à l’EHESS et à l’UNESCO (Paris)
-Henri Callat, philosophe et animateur de l’ADREUC (Association pour le développement des rencontres et des échanges universitaires et culturels)- Carcassonne
-collectif « Promotion du Français et des Lettres » de Toulouse :Martine Boudet (Lettres Modernes), Françoise Amiel (Lettres Modernes), Josette Combes (socio-linguiste), Christine Sedraine (Français Langue Etrangère- FLE), Martine Steinmetz (Lettres Modernes)
-ATTAC éducation : Régine Tassi coordonnatrice (philosophie)
- Jean Paul Engelibert Maître de conférences en littérature comparée (SNESUP)- Université de Poitiers
- Franc Bardou écrivain occitaniste
- Lucienne Boudet (espagnol) -Limoges
- Arthur Chareyre (philosophie) co-fondateur du groupe interdisciplinaire Helena.
Contact (pour soutien) : promofs.lettres@gmail.com
Références de lecture : contributions associatives à rajouter SVP
www.universite-democratique.org/spip.php?article159
www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1506
Destinataires du courrier :
Associations
AFEF, Association française des professeurs de Français
APL Association des professeurs de Lettres
Association Sauver les Lettres
APLAES Association des professeurs de langues anciennes de l’enseignement supérieur
APPLS Association des professeurs de Lettres et de Première supérieure
CNARELA Coordination nationale des associations régionales des enseignants de langues anciennes
SEL Sauvegarde des enseignements littéraires (Jacqueline de Romilly)
ApFLA-prepa Association des professeurs de français de langues anciennes de Classes préparatoires
Appy.école
APPEP Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public
FELCO -Fédération des enseignements en langue et culture occitane (Marie Jeanne Verny)
IEO (Institut d’études occitanes)
GFEN (Groupe français d’éducation nouvelle)
Association Sauvons la recherche (SLR)
Association ATTAC (Marc Delepouve)
Groupe Simone Sagesse (sociologie de la parité et des cultures de genre)
Sciences citoyennes
ADREUC (Association pour le développement des rencontres et échanges universitaires et culturels)
Séminaire interdisciplinaire de l’Université de Toulouse -Rangueil
HELENA
Revues et sites de spécialité
Revue Pratiques
Revue Le français aujourd’hui
Site Fabula
Web Lettres
Equipes universitaires
Université Populaire (Michel Onfray)
Université Populaire –Narbonne (Michel Tozzi)
Philippe Meirieu psycho-pédagogue
Equipe du Dictionnaire d’analyse du discours (Dominique Maingueneau- Patrick Charaudeau)
Syndicats enseignants et étudiants
FSU, SGEN-CFDT, SNES, SNESUP, SUD, FNEC-FO, CGT Education Nationale…
UNEF, SUD Etudiant, Confédération étudiante
Coordination nationale étudiante
Institutions éducatives internationales
FIPF Fédération internationale des professeurs de Français
UNESCO (Edgar Morin)
Centre international de recherches et d’études transdisciplinaires –CIRET (Basarab Nicolescu)