Questions de société
Appel pour un contre-sommet européen à Louvain contre le processus de Bologne

Appel pour un contre-sommet européen à Louvain contre le processus de Bologne

Publié le par Sophie Rabau

Appel : Le pire ennemi du savoir n'est pas l'ignorance mais l'illusion du savoir

Appel pour un contre-sommet européen à Louvain contre le processus de Bologne


« C'est la crise ! » est la phrase la plus prononcée durant ces derniers mois. Oui, c'est la crise. Une crise économique traverse la société. Mais la crise est aussi sociale, culturelle, environnementale, en un mot elle est générale. Si l'implosion du système économique et financier est aujourd'hui utilisée comme un argument pour accélérer la marchandisation de nos vies, des biens et des services publics, précarisant encore plus le travail, nous ne sommes pas dupes.

En Grèce, la jeunesse et les travailleurs se sont insurgés, dans tous les espaces publics, contre leur gouvernement corrompu et ses réformes néo-libérales. En Espagne, on ne compte plus le nombre de facultés occupées ces dernières années, mobilisées contre le processus de Bologne. En Italie, depuis plus de trois mois, le monde de l'éducation est en révolte, et les facultés construisent, jour après jour, une autre réforme du système universitaire. En France, les lycéens, les enseignants et les chercheurs manifestent contre les réformes gouvernementales du système éducatif, tout comme les étudiants l'an dernier contre la loi d'autonomie des universités (LRU). De l'Allemagne a été lancée l'idée d'une « Global week of action » avec au centre le thème de l'éducation.

Toutes ces mobilisations s'opposent à des réformes qui ne sont ni sectorielles, ni nationales mais la poursuite de logiques néolibérales imposées à l'échelle mondiale. On assiste à une privatisation sauvage de l'instruction et à l'asservissement de l'enseignement supérieur au pouvoir économique. Les mouvements débordent largement le cadre universitaire et le monde de l'éducation. Les barrières mentales, physiques et techniques que les gouvernants construisent consciencieusement à coups de matraque et d'enfumages médiatiques ne sont que le moyen de restreindre nos libertés, notre émancipation, nos aspirations. Nous nous rassemblons peu à peu dans la même direction : une opposition radicale à la rentabilisation des biens communs.

Nous voulons faire des universités des lieux de rassemblement, de rencontre, de savoir libre et émancipateur. L'éducation est indissociable de la socialisation.

Les mesure politiques qui construisent et nous enrôlent dans ce projet de société, par la transformation et les réformes des systèmes d'éducation, s'inscrivent dans le processus de Bologne adopté en 1999 par les gouvernants de 46 États européens.

Le 28 et 29 avril à Louvain et Louvain La Neuve en Belgique se réunit, comme tous les deux ans, la conférence ministérielle pour « évaluer les progrès accomplis et les nouvelles mesures à mettre en place » et pour faire le point sur les réformes universitaires engagées et celles à mettre en oeuvre. A-t-on demandé leur avis aux étudiants, aux enseignants et chercheurs, aux personnels, aux travailleurs de l'Europe ? Outre les ministres de l'éducation seront aussi présents des membres consultatifs tels que Business Europe (organisation patronale européenne) et l'ESU (European Student Union) pour faire le bilan de ce Processus.

AGISSONS MAINTENANT !!! L'instruction est comme la liberté : elle ne se donne pas, elle se prend ! Rencontrons–nous à Louvain.

Les puissants de toute l'Europe se réunissent donc pour parler de notre éducation, de notre futur et nous qui concrètement vivons et construisons cette société, nous ne pouvons pas manquer au rendez-vous. Nous sommes devant une occasion unique pour contester ce Processus, pour unir l'élan des mobilisations locales dans une optique qui dépasse les frontière nationales, pour commencer à construire et partager un savoir loin de toute logique économique, libre et accessible à tous.

Nous appelons donc les assemblées générales, les mouvements, les facultés occupées, les collectifs, les organisations syndicales et politiques et toutes personnes à un CONTRE-SOMMET EUROPÉEN. Partageons nos expériences et stratégies, établissons un réseau, donnons à nos révoltes partout en Europe un souffle encore plus puissant.

Nous appelons aussi à faire passer (et traduire) cet appel dans toutes les assemblées générales des universités, dans toutes les coordinations nationales des mouvements, dans les facultés occupées, dans tous les lieux de travail et d'éducation.