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Théâtres et performances des Premiers Peuples: protocoles d'engagement (revue Percées)

Théâtres et performances des Premiers Peuples: protocoles d'engagement (revue Percées)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Catherine Cyr)

Appel à contributions pour la revue Percées : 

"Théâtres et performances des Premiers Peuples: protocoles d'engagement"

 

Appel à contributions textuelles et numériques pour un dossier thématique de la revue Percées - Explorations en arts vivants,qui a pour sujet “Théâtres et performances des Premiers Peuples: protocoles d’engagement”. Prévu pour le printemps 2022, ce dossier thématique est codirigé par Jill Carter (Université de Toronto) et Julie Burelle (Université de la Californie, San Diego).

Ce dossier se veut un lieu d’échanges et de réflexions pour un vaste éventail de chercheur•es/artistes des Premiers Peuples de l’île de la Tortue[1] qui œuvrent à faire pivoter ou à réinventer les protocoles d’engagement qui régissent actuellement les institutions culturelles dirigées par la communauté dominante coloniale. 

L’expression “protocole d’engagement” fait référence à la mise en pratique de principes ou valeurs qui, par leur activation, indiquent une intention spécifique. Dans le contexte de la création artistique, un protocole peut servir à établir les conditions matérielles, spirituelles et esthétiques nécessaires au développement d’une œuvre et/ou à la transformation des lieux de création en espaces sécuritaires pour les artistes PANDC (Personnes Autochtones, Noires et De Couleur), ainsi que pour les communautés pour/avec lesquelles ces artistes créent leur travail.

Offrir du tabac à une aînée, par exemple, met en pratique un principe de réciprocité et signale chez la personne qui donne le tabac un désir d’initier une relation sur ses bases ainsi qu’une compréhension des responsabilités reliées à cette réciprocité. 

Un protocole peut inclure des gestes cérémoniaux, la reconnaissance territoriale, l’embauche de conseillers culturels, ou la création d’espaces réservés aux autochtones, ce que David Garneau (Métis) appelle des “espaces irréconciliables autochtones” qui permettent aux Premiers Peuples de “librement refuser le mensonge de la réconciliation, cette boiteuse campagne de relations publiques orchestrée par une nation qui continue de se bâtir sur des assises marquées par le vol, la duplicité et la violence.[2]

Un protocole peut servir à jeter les bases d’une nouvelle relation avec des collaborateur•trices, avec des institutions, et avec le public comme c’est le cas pour les protocoles décrits dans le traité artistique qu’a signé l’artiste Kim Senklip Harvey (Sylix/Tsilhqot’in) avec The Arts Club Theatre Company de Vancouver et The Citadel Theatre d’Edmonton. 

Si certains protocoles qui régissent la transmission d’un récit, d’un chant ou d’une danse sont spécifiques à une nation, dans d’autres cas, ils doivent être ré-imaginés pour répondre à un autre contexte interculturel. Dans la plupart des cas, ces protocoles visent à amorcer ce que Jill Carter (Anishinaabe/Ashkenazi) décrit comme “un virage relationnel,” un premier pas nécessaire “si les Premiers Peuples et les Allochtones veulent développer une alliance qui respecte enfin tous ses membres - humains et autres qu’humains.[3]

Bien que les contributeurs•trices ne soient pas tenu•es de répondre directement aux textes de Jill Carter et Kim Senklip Harvey cités plus haut, nous les invitons à envisager leur contribution comme faisant partie d’une constellation de voix orientées vers l’une ou l’ensemble des questions suivantes :

Kim Senklip Harvey affirme : “Avant tout, les protocoles autochtones. Point Final.” Quelles sont les stratégies mises de l’avant par les artistes des Premiers Peuples afin de recentrer, comme le fait Senklip Harvey, les protocoles de leurs nations tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des institutions dominantes coloniales? 

Quels virages au sein des institutions coloniales dominantes ou à l’extérieur de celles-ci, dans les médias, les organismes subventionnaires, et/ou au sein des programmes de formation seront nécessaires afin d’assurer la mise en place et le respect des protocoles autochtones ? 

Existent-ils des exemples de collaborations au cours desquelles des co-conspirateurs•trices allochtones, ont “refusé de jouer le rôle d’occupants” et ont plutôt, comme le souhaite Carter, cherché à créer de “nouveaux traités relationnels”? La co-conspiration indique ici une posture positive et complice, une alliance active se traduisant par des gestes concrets en vue de déconstruire les structures de pouvoir en place. 

Quelles formes, thèmes et discours sont au centre de ces nouvelles pratiques et de ces protocoles?

Les contributions en langues autochtones[4], en français et en anglais[5] de la part de voix autochtones sont vivement encouragées. Nous invitons aussi les contributions de personnes allochtones intéressées à participer à cette importante conversation. Percées étant publiée sur une plateforme numérique, les textes proposés pourront comporter des éléments audiovisuels (photographies, vidéos, documents sonores, etc.). Nous sommes aussi à la recherche de contributions plus libres (entretiens, poèmes, images, carnets, etc.) pour la section “Documents” qui accompagne le dossier.  

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Pour soumettre une proposition (250 mots) ou pour obtenir plus de détails, contactez Julie Burelle (jburelle@ucsd.edu) ou Jill Carter (jill.carter@utoronto.ca)

Date butoir pour soumission : 1er février 2021

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[1] Et plus particulièrement de la partie que l’on appelle Canada.

[2] Dans Carter, Jill. “Master Class. Retreating to/Re-treating from “Irreconcilable Space:” Canadian Theatre Workers and the Project of Conciliation ”The Directors Lab: Techniques, Methods and Conversations About All Things Theatre, Edited by Evan Tsitias, Toronto: Playwrights Canada Press, 2019, 185-201, p.186

[3] Carter, Jill. Ibid.

[4] Pour les textes soumis dans une langue autochtone, nous espérons offrir un service de traduction vers le français. En attendant, nous demandons qu’un résumé de la contribution en français ou en anglais accompagne la soumission.

[5] Les textes soumis en anglais seront traduits en français.