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Collectionner la Révolution française

Collectionner la Révolution française

Publié le par Emilien Sermier (Source : Julie Ridard)

 

APPEL A CONTRIBUTIONS

Collectionner la Révolution française

23, 24 et 25 septembre 2015

Grenoble et Vizille

 

Pourquoi et comment collectionner la Révolution française ? Qui ont été ces collectionneurs, comment et sur quoi ont-ils fondé leur érudition, leurs techniques de collectionneur, leurs réseaux ? Ce sont ces parcours que le présent colloque se propose d’interroger.

Pour détourner une phrase célèbre de Saint-Just, peut-on collectionner « innocemment » ? Rechercher, rassembler, conserver, le cas échéant exposer, des objets et/ou des écrits de la Révolution française, suppose au minimum un intérêt pour l’idée même de collection, mais peut aussi impliquer le désir de transmettre le souvenir et les héritages des années 1789-1799.

Le premier cas peut tenir de la simple érudition, d’un esprit inclinant à la collection, voire d’achats susceptibles de donner lieu à échanges, reventes, etc., sans que le politique y trouve toujours sa place.

Le second cas renvoie au domaine des « passeurs de révolution », de celles et ceux pour qui objets, images, écrits relèvent aussi d’une mémoire à transmettre aux générations successives, éventuellement au nom de l’idée d’une révolution qui ne serait pas encore advenue et de principes qui resteraient à défendre.

Quelle que soit l’hypothèse suivie, si elle est privée, la collection reste fondamentalement l’œuvre d’une vie et ne survit pas souvent à celle ou à celui qui l’a créée, au gré des héritages et des dispersions après-décès.

On le sait, une partie importante des collections publiques au XXIe siècle provient de collections privées ainsi dispersées. Cependant les collections publiques ne sont pas seulement le résultat de rachats ou de dons de fonds privés, mais également le fruit de volontés politiques afin de construire, pour des collectivités entières, des objets de mémoires à partager et donnant du sens à la Révolution, qui finissent par constituer des  patrimoines nationaux.

 

1 / Souvenirs et transmission (de la Révolution à la fin des années 1820)

On étudiera ici les premières collections rassemblées au contact même de l’événement et dans les décennies suivantes, avec comme borne la fin des années 1820. Il s’agira de prendre en compte par exemple la mission confiée par le Directoire exécutif à Antonelle, Mehée et Réal pour rassembler des collections de journaux et de toutes sortes de documents à l’automne 1795, en vue d’écrire une première « histoire populaire » de la Révolution, mais aussi la collection d’affiches réunie par Portier de l’Oise, sans oublier tout ce qui a pu être rassemblé par des protagonistes de l’événement pour transmettre tout à la fois le souvenir et des pièces sur lesquelles appuyer ce souvenir. À l’inverse, ces premiers collectionneurs peuvent justement éprouver le besoin de réunir des objets et documents pour sortir du protagonisme et entrer dans la confection de l’Histoire.

2 / Collections érudites, collections engagées (des années 1830 à l'avènement de la IIIe République)

Des années 1830 à l’avènement de la Troisième République, si militantisme et érudition ont pu encore faire bon ménage, si les principaux historiens de la Révolution française ont pu eux aussi devenir des collectionneurs (privé/public, avec Michelet aux Archives nationales), le monde romantique se construit de son côté sur une certaine image de la Révolution à son tour appuyée sur des collections. Dans ce siècle qui connaît plusieurs autres révolutions, on fera également la part belle aux collections réunies par des royalistes nostalgiques de l’Ancien Régime.

3 / Le temps de la collection officielle (IIIe République)

Sous la Troisième République et tout particulièrement à l’époque du Centenaire de la Révolution française, émerge la thématique de la collection publique, même si naturellement nombre de collectionneurs privés sont toujours très actifs. On insistera ici sur les premières grandes collections publiques (musées, bibliothèques, Archives, etc.) et sur leurs liens avec le discours de la République sur ses racines révolutionnaires.

4 / L’âge des collectionneurs

Des années 1920 aux années 1970, à côté des collections publiques, se multiplient les collectionneurs privés tandis que s’accentue la circulation internationale des collections. Comme l’illustre le cas du libraire français Michel Bernstein, l’entre-deux guerres est une période propice à la création et au développement de collections privées d’une immense richesse. L’internationalisation est également le fruit des contacts noués entre des historiens par-delà les frontières nationales. Les cas de l’URSS et des États-Unis seront plus particulièrement étudiés.


5 / Bicentenaire et popularisation de la collection

Le Bicentenaire et ses lendemains seront au cœur de la dernière demi-journée, avec notamment toute la question des objets souvenirs en 1989 et dans les années suivantes.

Recoupant le plus souvent l’ensemble de ces questions, ordonnées ici de manière chronologique, les thèmes suivants seront abordés de manière prioritaire :

  * Les grandes collections : les collections d’imprimés, journaux, pamphlets, livres, etc. ; les collections d’objets révolutionnaires, avec à la clef une interrogation quant au dénigrement de la Révolution française supposée avoir été une période désastreuse pour les arts. On sera ici attentif aux différentes manières de collectionner, mais aussi à l’idée d’esquisser un classement des types de collections.

  * Les collectionneurs : qui étaient-ils ? quels étaient leurs motifs ? Avaient-ils des techniques d’acquisition particulières ? Quand commence-t-on à collectionner ? D’où le collectionneur tire-t-il les moyens financiers pour assouvir sa passion ? La passion peut-elle laisser la place à une spéculation ? Peut-on étudier en détail les grandes ventes qui ont marqué les XIXe et XXe siècles ? Comment apparaissent les collections publiques et comment des collectionneurs privés voient-ils leurs acquisitions se fondre un jour dans une collection publique ? Quels dons aux collections publiques ont été les plus marquants (et sous quelle forme juridique ?) ?

  * Les liens avec les historiens, certains hommes de Lettres, et bien sûr les milieux politiques. Quelle est ainsi la part de l’engagement républicain ? Celle d’un engagement intellectuel et/ou religieux « minoritaire » (francs-maçons, juifs, protestants, etc.) ? Comment le collectionneur pense-t-il sa collection comme un outil qui lui permettra de devenir également un passeur de révolution ?

  * Collectionner au XXIe siècle. La popularisation de la collection oblige-t-elle à un regard nouveau sur la nécessité de l’expertise ? Les objets du bicentenaire peuvent-ils être considérés comme des objets de collection ? Les usages de l’Internet bouleversent-ils la donne ? Quels sont aujourd’hui dans le monde les bibliothèques, centres d’archives, musées, etc., où sont déposées des ressources importantes (ce dernier point donnera lieu à la constitution d’un répertoire publié avec les actes du colloque et permettant notamment aux chercheurs de se repérer dans le monde des collections publiques) ?
 

Ce colloque sera organisé du 23 au 25 septembre 2015, à Grenoble et Vizille, avec les partenaires suivants : Société des Études robespierristes, Institut d’Histoire de la Révolution française (université Paris I Panthéon-Sorbonne / UMS 622 CNRS), CRHIPA (Centre de recherche en histoire et histoire de l’art, Italie, pays alpins, interactions internationales, université de Grenoble / Pierre Mendès-France-Grenoble 2), UMR LIRE 5611, pôle grenoblois (université de Grenoble / Stendhal-Grenoble 3), Musée de la Révolution française (Vizille).

Comité organisateur : Gilles Bertrand, Michel Biard, Catherine Brun, Alain Chevalier, Virginie Martin, Martial Poirson, Hélène Puig, Pierre Serna, Cyril Triolaire.

 

Les propositions de communication (prévoir 20 min) sont à envoyer avec un résumé d’une page au maximum et une brève bio-bibliographie, au plus tard avant le 1er octobre 2014, de préférence par courrier électronique (en format .doc ou .docx) à l’adresse suivante : catherine.brun@upmf-grenoble.fr (ou, à défaut, à l’adresse postale : CRHIPA, UPMF, BP 47, 38040 Grenoble Cedex 9).