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 HACKERS : la fiction du virtuel

HACKERS : la fiction du virtuel

Publié le par Laure Depretto (Source : Matthieu Freyheit)

Appel à communications

HACKERS : la fiction du virtuel

Journée d’étude organisée par Frédérique Toudoire-Surlapierre et Matthieu Freyheit, Université de Haute Alsace, ILLE (EA 4363)

Mulhouse, 11 avril 2014

 

De nombreux chercheurs en Humanités Numériques interrogent aujourd’hui les différentes influences des technologies liées au cyberespace sur nos usages du monde et nos rapports aux autres comme à soi. Nos pratiques de lecture ne sont pas épargnées, et le discours commun est le plus souvent alarmiste. Milad Doueihi calme cependant les esprits en scindant deux savoir-lire distincts et non exclusifs : « Lire en ligne n’est pas la même chose que lire un livre : les deux opérations sont radicalement différentes. […] la compétence numérique est une compétence autonome, qu’il ne faut pas nécessairement lier au savoir-lire de la culture imprimée et à ses institutions1». Il reste que la littérature demeure victime, dans les esprits, de cette nouvelle culture numérique, au même titre qu’un monde tout entier livré en pâture à d’étranges wizzards, cow-boys et autres brigands de grands chemins numériques : les hackers.

Yannick Chatelain et Loïck Roche2 voient dans ces figures l’avènement – parfois fantasmé – d’un cinquième pouvoir angoissant : notre monde appartient-il aux hackers ? Influences politiques, économiques, sociales et culturelles, le hacker semble capable de tout dans un monde qu’il pénètre et domine depuis l’ombre éclairante de son écran. Héros de la libération technologique, les hackers ont, sous leurs diverses formes, fait du chemin dans l’imaginaire collectif qui les saisit à son tour dans une pluralité d’objets. Leur portée littéraire reste pourtant à interroger. Ces héros immobiles ont bien leur place dans la production romanesque : de la culture cyberpunk au roman policier en passant par la littérature de jeunesse, la cyberaventure augmente peu à peu sa bibliothèque. Mais si le hacker influence notre monde et son devenir, sa mise en littérature l’influence-t-elle à son tour ? La mise en roman ou en film du hacker constitue-t-elle une tentative de reprise du pouvoir en opposant la fiction au virtuel ?

Cette journée d’étude propose de remettre l’objet fictionnel au centre du débat, et d’interroger les manières dont nous nous saisissons du hacker pour le comprendre, l’interroger, l’admirer, le craindre... Piratage, hacking, hacktivisme, cracking : comment la fiction s’empare-t-elle des visages démultipliés de ce nouvel acteur social ? À titre d’exemple, la mise en avant de héros adolescents pour une histoire adolescente mérite d’être interrogée, notamment au sein d’une littérature de jeunesse présente sur le sujet. De la même manière, les problématiques de genre questionnent les représentations masculin/féminin des usages numériques. Les motifs de la cybercriminalité, du pouvoir technologique et du risque numérique enregistrent quant à elles les terreurs virtuelles que les hackers nous imposent, tandis que ceux de la révolte et de la résistance convoquent l’idée d’une libération par le numérique. Par ailleurs, les problématiques d’identité virtuelle et de devenir-numérique interrogent la position numérique de l’individu mis en situation de développer des compétences nouvelles, et de nouvelles faiblesses. Dans un retour primitif de la proie et du chasseur, le hacker réalise une ouverture des champs de l’aventure, et impose de définir le rôle et l’agencement de la fiction dans la relation du réel au virtuel. 

Littérature comparée, littérature de jeunesse, bande dessinée, cinéma, et autres : les organisateurs accueillent les propositions de tous les champs d’étude de la création fictionnelle.

Les propositions, longues d’une vingtaine de lignes environ, accompagnées d’une bibliographie indicative ainsi que d’une courte présentation bio-bibliographique, sont à envoyer au plus tard le 31 octobre 2013 aux deux adresses suivantes :

frédérique.toudoire@free.fr

matthieu.freyheit@gmail.com

Une publication est envisagée aux éditions Orizons.


1. Milad Douehi, La Grande conversion numérique, Paris, Seuil, 2011, p.50-55.

2. Yannick Chatelain, Loïck Roche, Hackers! Le cinquième pouvoir: qui sont les pirates de l'internet?, Paris, Maxima, 2002.