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Colloque : « Représentations animales dans les mondes imaginaires :vers un effacement des frontières spécistes ? » (Artois) 

Colloque : « Représentations animales dans les mondes imaginaires :vers un effacement des frontières spécistes ? » (Artois)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Laura Muller-Thoma)

Colloque : « Représentations animales dans les mondes imaginaires :vers un effacement des frontières spécistes ? » 

 

Université d’Artois, « Textes et Cultures » (E.A. 4028)

Organisé par Marie Lucie Bougon (Artois), Charlotte Duranton (Ethodog - Research in Canine Ethology), Laura Muller-Thoma (Artois)

14-15 Novembre 2019

Date du rendu des communications : le 1er octobre 2018

 

PRESENTATION
On connaît le développement critique des animal studies depuis une dizaine d’années[1], tandis que la question animale s’impose toujours davantage aux consciences et dans les représentations. Au cœur de l’actualité de la recherche nationale et internationale, les relations que nous entretenons avec les autres espèces se sont vues particulièrement étudiées avec l’avènement de l’éthologie, science du comportement des animaux, et sont aussi à l’interface de la psychologie et de l’anthropologie. Si l’on sait l’importance des « présences animales » dans les littératures et cultures d’enfance et de jeunesse[2], le colloque « Représentations animales dans les mondes imaginaires : vers un effacement des frontières spécistes ? » invite pour sa part à une réflexion spécifique sur ce que les fictions de l’imaginaire reflètent elles aussi, pour leurs lecteurs, quant à ces évolutions dans la conception des rapports entre l’animal et l’humain.

L’on voit en effet s’exercer en fantasy une tension particulièrement fructueuse entre la mise en scène d’invariants mythiques ou anthropologiques (de l’animal psychopompe à l’animal-totem en passant par le monstre hybride) et une grande sensibilité aux préoccupations sociétales, caractéristique du pôle commercial de la production culturelle.

On partira donc du fait que les animaux domestiques, sauvages ou fictifs sont omniprésents dans les littératures de l’imaginaire : on les retrouve aussi bien en fantasy d’inspiration médiévale (Fitz Chevalerie est particulièrement attaché à ses chiens dans le cycle de L’Assassin Royal[3]), que dans la fantasy jeunesse (on peut citer à titre d’exemple Harry Potter, qui rencontre Sombrals, Hippogriffes et autres Basilics[4]), ou encore en Bit-Lit, où se côtoient Selkies et Lycanthropes en tous genres. Et ces animaux sont, la plupart du temps, bien plus que de simples figurants : ce sont en effet les Aigles qui viennent sauver Frodon et Sam des flammes du Mordor dans le Seigneur des Anneaux[5], et les dragons de Daenerys Targaryen, dans le Trône de Fer, participent activement aux guerres de leur « mère » humaine[6].

 

Et là ne s’arrête d’ailleurs pas l’intérêt des animaux, puisqu’ils jouent également différents rôles dans les cultures des mondes imaginaires du genre :

  • Proches de l’humanité dans la pénibilité du quotidien (on pense surtout aux nombreuses montures des personnages de fantasy médiévale, comme par exemple dans le jeu vidéo World of Warcraft[7]), les animaux partagent avec l’être humain une animalité originelle immémoriale, ainsi que des peurs et des instincts primitifs. En fantasy jeunesse, ils jouent souvent le rôle, inspiré des contes ou des mythes, de guides et d’accompagnateurs dans des quêtes qui dépassent les personnages. Ainsi, les animaux parlants de Narnia[8] accompagnent, protègent et guident les jeunes héros, et leur permettent de surmonter les dangers et les épreuves, et d’accomplir des objectifs partagés, comme celui de sauver le monde de Narnia d’un hiver sans fin[9].
  • Malgré cette proximité avec nous, les animaux constituent également une figure de l’altérité, une alternative étrange et étrangère. Les dragons de Robin Hobb en sont un parfait exemple : ils forment une société à part, sont doués d’une mémoire collective et d’une grande longévité, et se considèrent eux-mêmes comme une espèce supérieure. Les dinosaures extraterrestres[10] ou les animaux télépathes[11] que rencontre Peggy Sue dans ses aventures sont eux aussi symboles d’un autre monde autonome et indépendant, peut-être même plus avancé que le nôtre.
  • Quoi qu’il en soit, aux animaux sont également associées à des symboliques fortes, issues en partie de la période médiévale. Dans le Trône de Fer, plusieurs animaux illustrent les blasons de grandes maisons : un loup, pour les terribles Stark du nord, une pieuvre, pour les Greyjoy, seigneurs des mers, ou encore un lion pour les très fiers Lannister. Dans Harry Potter également, les différentes maisons de l’école Poudlard se voient associer un animal “totem” : le courage du lion pour les Gryffondor, la volonté du blaireau pour les Poufsouffle, l’intelligence du corbeau pour les Serdaigle, et la perfidie du serpent pour les Serpentard. Et dans Le Hobbit[12], c’est bien la sagesse du dragon qui est mise en avant lorsque ce dernier se dispute avec Bilbo après que le demi-homme lui ait dérobé l’un de ses trésors. Enfin les animaux des littératures de l’imaginaire se voient allouer la même dimension métaphysique que l’on peut leur trouver dans le matériau mythique et légendaire. La licorne symbolise la pureté et l’innocence incarnée, comme par exemple dans Reckless[13], et la corneille à trois yeux de George R. R. Martin personnifie des pouvoirs incroyables : la divination et les voyages de l’esprit dans le temps et l’espace. Chez Philip Pullman enfin, l’animal est si proche de l’être humain que le personnage et son daemon forment à eux deux une seule et même âme.

 

AXES DE RECHERCHE 

L’animal comme figure de l’altérité

  • Anthropomorphismes
  • Sociétés animales

L’animal, compagnon fidèle ou bête sauvage

  • Communiquer avec les animaux
  • Animal sauvage, animal domestiqué
  • Métamorphoses

Symboliques animales

  • Héraldique
  • Imagerie animale: une interprétation humaine?
  • Animal et métaphysique

Nature et Culture ?

  • L’animal dans la représentation (esthétique) de l’environnement naturel ou/et urbanisé
  • Littérature et écologie, écocritique
  • Dépassement de l’anthropocentrisme

 

Le colloque envisagé s’inscrit au sein des travaux du laboratoire « Textes et Cultures » de l’université d’Artois, dans le prolongement des travaux menés d’une part autour du merveilleux par Anne Besson et Evelyne Jacquelin (notamment Le merveilleux et son bestiaire[14]), d’autre part autour de l’animal en littérature de jeunesse par Florence Gaiotti. Dans le cadre de l’équipe « Littérature et culture de jeunesse », il correspond au nouveau programme quinquennal « Patrimoines en mouvement », dans la réflexion qu’il articule entre des invariants mythiques, des traditions intertextuelles, et la traduction de nouveaux positionnements éthiques chez les producteurs comme chez les consommateurs.

Fruit de la collaboration entre deux littéraires et une éthologue, il entend privilégier une approche interdisciplinaire, tous les domaines d’expression de la fantasy (illustrations, bandes dessinées, jeux vidéo et jeux de rôle, films, séries, etc.) visant à être mobilisés pour considérer ces problématiques.

 

COMMUNICATIONS

Les propositions de communications, d’une demi-page à une page environ, sont à faire parvenir aux directrices scientifiques, accompagnées d’une courte présentation biobibliographique, pour le 1er octobre 2018 au plus tard.

marielucie.bougon@gmail.com

charlotte.duranton@cegetel.net

laura.mullerthoma@yahoo.fr

 

 

[1] Voir par exemple : Christophe Cervellon, L'Animal et l'Homme, coll. Major, Ed. PUF, 2004.

Lucile Desblache, La Plume des bêtes, Paris, L’Harmattan, 2011.

Philippe Descola, Par-delà Nature et Culture, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 2005.

Jean-Paul Engelibert et alii, La Question Animale, entre sciences, littérature et philosophie, PUR, 2011.

Poirier Jacques, L’Animal Littéraire, des Animaux et des Mots, Presses universitaires de Dijon, 2010.

[2] Le numéro 34 des Cahiers Robinson leur a été consacré : Présences animales dans les mondes de l’enfance, sous la direction de Florence Gaiotti, Arras, 2013.

[3] Robin Hobb, L’Assassin Royal 2e et 3e cycles, 2003-2006, 2014-2017, Les Aventuriers de la Mer, 1998-2000, Les Cités des Anciens, 2009-2013.

[4] J.K. Rowling, 1997-2007.

[5] J.R.R. Tolkien, 1954-1955.

[6] George R. R. Martin, 1996-2011.

[7] Blizzard Entertainment, 2004-2017.

[8] C.S. Lewis, 1950-1956.

[9] C.S. Lewis, Le Lion, la Sorcière Blanche et l’Armoire Magique, 1950.

[10] S. Brussolo, Peggy Sue et les fantômes : Le zoo ensorcelé, 2003.

[11] S. Brussolo, Peggy Sue et les fantômes : Le jour du chien bleu, 2001.

[12] J.R.R. Tolkien, 1937.

[13] Cornelia Funke, 2010-2015.

[14] Anne Besson, Evelyne Jacquelin, Jean Foucault et Abdallah Mdarhri Alaoui (dir.), Le merveilleux et son bestiaire, Paris, L’Harmattan, 2008.