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Dérèglements du temps (Journées doctorales du Laboratoire Litt&Arts, Grenoble)

Dérèglements du temps (Journées doctorales du Laboratoire Litt&Arts, Grenoble)

Publié le par Marc Escola (Source : Camille Thermes)

Appel à communications

« Dérèglements du temps »

Journées doctorales du Laboratoire Litt&Arts, mai 2021, Université Grenoble Alpes.

The time is out of joint.” Shakespeare, Hamlet, I, 5, v.185.

 

À en croire le discours ambiant, nous sommes aujourd’hui devenus si familiers de l’étrange sensation selon laquelle voilà « le char du temps sorti de son ornière » que ces dérèglements, abondamment exploités dans les œuvres artistiques que nous fréquentons, font aussi partie de notre quotidien. À première vue, l’invitation généralisée à vivre l’instant pour ce qu’il est pourrait nous faire croire à une simplification du rapport de l’homme moderne au temps présent. Pourtant, la multiplication des recettes du bonheur qui nous sont proposées suffit à nous faire voir que la pleine saisie de la béatitude renfermée par l’instant présent ne va pas de soi[1]. Or, à une époque où chacun fait l’expérience quotidienne d’une fascination-répulsion pour le progrès et pour les transformations qu’il implique pour le monde dans lequel nous vivons, le lien de la société au futur n’est pas davantage simple... Symétriquement, le lien au passé se distord dans une tendance généralisée à un présentisme[2] qui, en donnant le pas à la catégorie du présent sur la saisie authentique du passé, implique pour la collectivité une perte de la référence au passé - non sans dommage[3] Là où, à la fin du XXème siècle, notre rapport à l'Histoire pouvait sembler pour certains devoir progressivement s'apaiser[4], force est donc de constater qu'il est aujourd'hui soumis au conflit et à la tension. Le temps est alors marqué par son caractère insaisissable et n'a cessé de se dérégler au fil de l'époque contemporaine occidentale. Celle-ci serait en effet marquée par un mélange des temporalités, entre un avenir pressant mais obscurci, un présentisme toujours fort et les restes de l'ancienne vision chrétienne encore prégnante dans nos sociétés, selon l'essai récent de François Hartog sur les différentes époques de Chronos[5].

Les questions liées au temps ont d’ailleurs été abordées avec une vigueur toute particulière dans le champ de la recherche au cours des dernières années, ce que rendent manifeste plusieurs grandes publications[6], tout comme la tenue de colloques qui se proposent d’explorer des problématiques variées et ambitieuses – à l’instar du phénomène débattu de la posthumanité[7], de la question plus classique de la représentation du temps dans les arts[8], ou encore de la transcription du phénomène de la vitesse dans l’œuvre d’art[9], ou des effets de la vitesse sur la perception du temps[10]  .

L’invitation à interroger le phénomène des dérèglements du temps et ses manifestations dans l’œuvre d’art tâche de prendre acte de la difficulté douloureuse de nos sociétés à saisir le temps dans son épaisseur réelle. Car c’est cette difficulté que viennent refléter, en l’exagérant et en la caricaturant parfois, pour mieux la penser, les différentes formes d’art. Les arts se saisissent de la question du temps à la fois sur le plan thématique, dans la représentation d’une société déboussolée en perte de repères temporels ; et sur le plan technique – par des bouleversements qui peuvent opérer, selon les œuvres, sur les plans narratologique, linguistique, poétique, ou encore dramaturgique. Le colloque fournira alors l’occasion de s’interroger sur la façon dont les œuvres d’art montrent, disent ou font vivre ces dérèglements du temps. Il sera aussi le lieu d’envisager, sur le plan méthodologique, avec quel regard, et selon quels outils les chercheurs des sciences humaines peuvent tenter d’appréhender la matière temporelle malmenée de telles œuvres.

Axes thématiques

            Accélération des transports et des communications, allongement de l’espérance de vie et rêves transhumanistes[11] d’un côté, réchauffement climatique, voire fin des temps[12] selon les théories de l’effondrement de l’autre : le temps n’a semble-t-il jamais été si affolé, ni si malléable qu’aujourd’hui. Dans ce contexte de redéfinition des temporalités climatiques et humaines, l’art a son rôle à jouer. Quelles sont les stratégies déployées par les artistes pour parler des horloges cassées, du temps arrêté ou des aiguilles qui s’affolent ? Anticipation, rétrospection, superposition voire télescopage : comment s’exprime dans les arts et la littérature la machine temporelle, lorsqu’elle se grippe ou s’enraye, lorsqu’elle se casse ou s’emballe ? Que faire lorsque différentes temporalités entrent en conflit, lorsque le temps humain, le temps des avancées technologiques et le temps climatique, le temps court des sociétés humaines et le temps long de l’écosystème semblent se contredire ? Comment les arts traitent-ils cette conflictualité temporelle, comment s’emparent-ils de la démultiplication des régimes temporels engendrée par l’accélération et la complexification des sociétés contemporaines ?

            Mais de quel temps parle-t-on ? Objet protéiforme et malléable, le temps semble rétif à la définition. Le temps est d’abord une mesure qui se veut objective et universelle, le temps scandé par les horloges et les montres, qu’il est possible de quantifier. Mais ce temps extérieur se double chez les sujets humains d’un temps intérieur, d’un temps vécu dont les lois échappent à la mécanique des aiguilles. La disjonction bergsonienne entre un temps objectif, extérieur, et la perception (interne à un sujet donné) du temps, est essentielle pour les arts, qui s’emparent non seulement du temps comme mesure scientifique mais également comme durée, temps vécu, perception de la conscience[13].  Qu’on se le représente comme une flèche orientée dans un sens ou dans l’autre (on dit alors que le temps coule à rebours[14], ce qui suppose qu’il a bien une direction), ou comme une distorsion de l’espace, suivant la modélisation einsteinienne de l’espace-temps, le temps se caractérise par son omniprésence aussi bien que son insaisissabilité. Cette difficulté de définition rejoint le constat kantien[15] selon lequel le temps, en tant que catégorie de la perception humaine, ne saurait faire l’objet de cette perception. Mais face à cette impuissance relative des philosophes à définir et circonscrire le temps, la littérature et les arts prennent le relais. Que l’on songe au Mrs Dalloway[16] de Virginia Woolf, ou à la Recherche proustienne, la littérature s’est emparée du temps comme d’une matière poétique, comme objet de discours non plus scientifique et philosophique, mais comme source de création artistique.

        L'époque récente connaît un intérêt marqué pour des genres fictionnels – que ce soit au cinéma ou en littérature – explorant la rupture majeure dans la marche du temps, à savoir sa chute ou fin progressive : extinction de l'espèce humaine, du vivant de manière plus large, urbanisation envahissante potentiellement dévastatrice[17] Le dérèglement climatique est une des manifestations les plus flagrantes de cette préoccupation, les temps (au sens large du terme) ayant été bouleversés par l'influence de l'homme sur son environnement dans ces différentes fictions (ou déjà dans la réalité elle-même). L'omniprésence de ce thème a conduit certains chercheurs à étudier l'émergence dans les discours d'un nouveau genre fictionnel lié à l'imaginaire climatique[18]

        Il est alors possible d'étudier le thème de la crise des temps d'un point de vue thématique (les représentations de la fin du monde ou de son délitement progressif dans des œuvres fictionnelles ou non) mais également sous son versant poétique : car comme le rappelle Irène Langlet, la catastrophe climatique, par exemple, n'est plus seulement un simple décor autour d'une intrigue romanesque, cinématographique, fictionnelle, elle est également un élément de poétique à part entière, le thème principal de la fiction, structurant ce genre littéraire dénommé aujourd'hui la cli-fi.[19] L'exploration de ces différents objets (fin du monde, catastrophe climatique, collapsologie, écofictions, etc) pourrait permettre l'étude du temps, son travail, ses représentations – sur les plans thématiques, techniques, poétiques – dans ces fictions centrées sur l'effondrement de nos sociétés.

Axe technique

            Dans Esthétique et théorie du roman, Mikhaïl Bakhtine relève la différence fondamentale existant entre « temps représenté » et « temps représentant » dans le processus d’écriture littéraire[20]. Mais la création permet-elle toujours, comme il semble le suggérer, de s’affranchir des règles temporelles ? Représenter le temps, est-ce nécessairement le maîtriser ? Quels sont les outils techniques à disposition des différents arts pour composer avec cette notion abstraite ?

            On pourra s'interroger durant ces journées sur les différents moyens de représenter, perturber, faire sentir le passage du temps dans les arts. Les arts narratifs par exemple, comme le cinéma et la littérature, se construisent généralement autour d'une diégèse qui peut se développer à travers différentes techniques connues. Analepses, prolepses, métalepses : les créateurs semblent pouvoir bousculer ou suspendre indéfiniment une chronologie dont ils sont les maîtres. Depuis Memento, Christopher Nolan explore ainsi différentes façons de penser et représenter la chronologie. Qu'il s'agisse de mettre en scène un passé pour explorer ses liens avec le présent, de bloquer le cours du temps pour rejouer le même moment ou de tenter simplement de représenter le temps qui passe, les œuvres déploient une infinité d’outils pour expérimenter, modeler le temps grâce à la fiction. À partir de Gérard Genette[21] ou Gilles Deleuze[22], on pourra s'interroger sur l'intérêt et la validité contemporaine de théories reliant littérature et temps, ou cinéma et temps.

Mais la narration n’est pas la seule à s'emparer de la question. Alors que le théâtre fait a priori coïncider le déroulement de la représentation et le déroulement de la diégèse, on a vu des auteurs comme Wajdi Mouawad mêler simultanément sur scène mémoire, événements passés et trajectoires contemporaines[23]. La représentation du temps a toujours été un enjeu pour la dramaturgie, qui institua à l’époque classique la règle des vingt-quatre heures et qui a toujours composé avec les entractes et les ellipses temporelles. Enfin les arts chorégraphiques, généralement perçus comme des arts de l’espace, ne cessent d’interroger notre rapport au temps dans les créations contemporaines. Ils donnent notamment leur place à la représentation de la vitesse, la lenteur ou l’accélération qu’il sera également intéressant d’aborder. Les études portant sur la relation entre art et Histoire auront bien sûr toute leur place ici, et l’on pourra observer les multiples techniques selon lesquelles les œuvres investissent cette relation depuis toujours. Deux siècles après l’essor des romans historiques, l’esthétique postmoderne questionne par exemple les linéarités chronologiques et mêle réalité et fiction pour interroger notre rapport au temps[24]. Par ailleurs récemment, le concept de postmémoire[25] est apparu comme une nouvelle manière d'envisager le prolongement du passé dans l’époque contemporaine et l’on pourra s'interroger sur les perspectives qu’il ouvre en termes de création.

            Enfin, il nous semble intéressant de questionner le rapport entre genre et temporalité, en partant de la notion bakhtinienne de chronotope[26]. Selon Bakhtine, ce sont justement les différentes configurations du temps et de l’espace qui donnent à chaque genre sa spécificité. On se demandera dans quelle mesure le temps participe à la construction générique des œuvres. En plus de convoquer les théories narratologiques, la question du temps soulève celle du genre, dans la mesure où les trois dimensions temporelles (passé, présent, futur) s’illustrent dans des genres distincts. Si les mémoires et les romans historiques ou le steampunk sont des genres qui explorent le passé de façon évidente, l’art peut se trouver aux prises avec le passé individuel ou collectif (l'Histoire) de façon plus ou moins directe. Des mémoires du Goulag au réalisme magique[27], de la littérature-témoignage[28] aux fictions historiques, les formes d’appropriation, de mise à distance, de reconstitution du passé et/ou de réflexion sur celui-ci sont légion. L'avenir peut avoir - ou non- une place prépondérante dans la structure de certains genres littéraires (science-fiction, utopie, dystopie, cyberpunk) ; place qu'il nous semble intéressant de questionner.

Axe méthodologique

            Si ces journées d'étude nous permettent d'étudier les dérèglements du temps sous leur aspect thématique, elles peuvent également amener une réflexion sur nos propres méthodologies de chercheurs et leur rapport au temps. Accomplir un travail de recherche, c'est en effet s'inscrire dans une époque, recevoir les influences d'un hic et nunc intellectuel charriant avec lui ses concepts, son vocabulaire, ses lieux communs souvent impensés[29]. L'activité de chercheur est donc indissociable d'un certain rapport épistémologique au présent, conduisant à un anachronisme de fait : utilisation d'un vocabulaire récent pour analyser des phénomènes passés (peut-on, par exemple, parler d'utopie avant Thomas More ?), mobilisation de concepts modernes sur des réalités passées (du dispositif foucaldien, aux classes marxistes ou sociologiques, jusqu'aux critiques régulièrement adressées aux études de genre en plein développement en France). À l'inverse, la mobilisation de concepts anciens, de philosophies passées (exemple, la poétique d'Aristote) permet souvent des relectures de phénomènes littéraires contemporains, sur un plan générique notamment. Ces phénomènes de dérèglements temporels dans la méthodologie de recherche trouvent également un écho récemment dans la méthode d'analyse de l'histoire de l'art d'Aby Warburg, telle qu'elle est décrite par George Didi-Huberman au sujet de l'image : l'analyse des œuvres se fait selon l'éclaircissement de temps discontinus, de chevauchements entre les époques, dont manifesteraient les sauts anachroniques faits par certaines œuvres picturales[30].

            A priori, l'anachronisme épistémologique est une posture dévalorisée dans le cadre d'une recherche scientifique, principalement dans des approches sensibles à l'histoire des idées, des mentalités, ou des représentations. En témoignent les réflexions récentes de Matthieu Letourneux sur l'approche problématique de la téléologie et axiologie des genres littéraires médiatiques[31]. Cet anachronisme est-il seulement évitable pour étudier un objet, sa constitution, son évolution ? Peut-on contourner ces phénomènes de chevauchements temporels dans la recherche, le passé étant mobilisé pour lire le présent, ou relu à la lueur de concepts contemporains ? Faut-il éviter à tout prix cet anachronisme pour produire une recherche scientifique[32] ? La mobilisation de concepts présents sur des phénomènes passés les condamnent-ils à être déformés ? Ne permettent-ils pas au contraire une relecture dynamique, consciente, l'exploration de territoires laissés dans l'ombre par les paradigmes traditionnels ?

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Ces journées peuvent donc être l'occasion d'inviter chaque chercheur à réfléchir sur l'ancrage temporel de sa propre recherche - passé ou présent - dans les domaines suivants : genre et histoire des genres, vocabulaire mobilisé pendant l'écriture de la recherche, concepts récents utilisés pour analyser des phénomènes anciens, enjeux moraux contemporains affectant la relecture d'œuvres passées[33].

 Nous accueillons des communications traditionnelles de 20 minutes mais nous acceptons aussi des formats différents (performances, ateliers, expositions…). Les doctorant.e.s du laboratoire Litt&Arts sont les bienvenu.e.s, mais également les jeunes chercheurs de tout autre laboratoire et de toute discipline.

Les propositions d’intervention, de 300 à 500 mots, sont à envoyer au comité d’organisation avant le 15 mars 2021. Les réponses parviendront aux intéressé.e.s à la fin du mois de mars.

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Comité d’organisation

Kévin Pelladeaud (kevin.pelladeaud@univ-grenoble-alpes.fr)

Gabrielle Bornancin-Tomasella (gabrielle.bornancin-tomasella@univ-grenoble-alpes.fr)

Camille Thermes (camille.thermes@univ-grenoble-alpes.fr)

Célia Mugnier (celia.mugnier@univ-grenoble-alpes.fr)

Adrien Gautier (adrien.gautier@univ-grenoble-alpes.fr)

 

Comité scientifique

Florian Barrière, Maître de conférences en Langue et Littérature latines, Université Grenoble Alpes

Laurent Demanze, Professeur de Littérature française, Université Grenoble Alpes

Corinne Denoyelle, Maître de conférences en Langue et Littératures françaises du Moyen-Âge, Université Grenoble Alpes

Isabelle Després, Professeur de Langue, Littérature et Culture russes

Delphine Gleizes, Professeure de Littérature française, Université Grenoble Alpes

Anna Saignes, Maître de conférences en Littérature comparée, Université Grenoble Alpes

 

 

[1] Une facilité trompeuse qui a été analysée récemment dans l’ouvrage d’Edgar Cabanas et Eva Illouz, Happycratie, comment l'industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Premier parallèle, 2018, 260 p.

[2] Sur l'obsession des sociétés occidentales contemporaines pour une jouissance immédiate au mépris de l'inscription dans l'avenir, voir les travaux du sociologue Zygmunt Bauman sur la "société liquide".

[3] François Hartog, Régimes d'historicité : présentisme et expériences du temps, Éditions du Seuil, 2003, 257 p.

[4] Le concept d'une « fin de l'Histoire », que Fukuyama entrevoyait dans la généralisation (quoique imparfaite et à venir) du modèle de la démocratie libérale, a fait long feu.

[5] François Hartog, Chronos; l’occident aux prises avec le temps, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des Histoires », 2020.

[6] Citons par exemple les travaux récents de Judith Lyon-Caen, La griffe du temps. Ce que l'histoire peut dire de la littérature, Paris, Gallimard, NRF Essais, 2019, 293 p.

[7] Citons notamment deux études sur le traitement du temps lors d’une période spécifique de l’histoire littéraire (Dire et penser le temps au Moyen Âge : Frontières de l’histoire et du roman, ouvrage collectif de 2005 ; Le temps dans le roman du XXe siècle, ouvrage collectif de 2010) ; ainsi que les travaux récents de Judith Lyon-Caen, La griffe du temps. Ce que l'histoire peut dire de la littérature (2019). 

[8] « L’Art du temps : représenter, maîtriser », Université Lyon 3, 24 janvier 2020.

[9]  « L’Homme face au temps, expériences de la vitesse », Université Lyon 3, 26 juin 2020.

[10] Congrès de la SERD “Vivre vite : Le XIXe siècle face à l'accélération du temps et de l'histoire (du 4 au 6 octobre 2021).

[11] Le mouvement transhumaniste croit en l’augmentation des capacités du corps humain par la science, qui devrait permettre, à terme, de repousser la mort.

[12] Pour n’en citer qu’un, l’on peut penser à l’essai de Slavoj Zizek, Living in the end times, London/New York, Verso, 2011.

[13]  « La durée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre, quand il s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs », Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience, Paris, GF Flammarion, 2013.

[14] Que l’on pense à l’ouvrage de Huysmans, A rebours, ou à Retour vers le Futur de Robert Zemeckis, ou encore à La Flèche du temps, de Martin Amis, le temps peut couler à l’envers…

[15] Kant, Critique de la raison pure, introduction, GF Flammarion, Paris, 2017.

[16] Grande tentative littéraire de saisir le temps de l’intérieur, de montrer comment se déploie le cours d’une journée au sein même d’une conscience singulière.

[17] Voir les réflexions sur l’Anthropocène, et l’Urbanocène de Michel Lussault.

[18] Voir Chelebourg Christian, Écofictions & Cli-Fi: l’environnement dans les fictions de l’imaginaire, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, coll. « Culture de jeunesse et culture de masse », 2019.

[19] Langlet Irène, « Cli-Fi & Sci-Fi. Littératures de genre et crise climatique », La Vie des Idées, 7 juillet 2020 (en ligne : https://laviedesidees.fr/Cli-fi-Sci-fi.html).

[20] « L’auteur-créateur se meut librement dans son époque. Il peut commencer son récit par le commencement, la fin, le milieu, partir de n’importe quel moment des événements qu’il représente, sans détruire pour autant le cours objectif du temps. C’est là que se révèle avec une grande clarté la différence entre le temps qui représente et celui qui est représenté. » Mikhaïl Bakhtine, Esthétique et théorie du roman, traduit du russe par Daria Olivier, Gallimard, 1978, p. 395.

[21] Gérard Genette, Figures III, 1972.

[22] Gille Deleuze, Cinéma 2 : L'Image temps, 1983.

[23] Incendie, 2007, ou plus récemment Tous des oiseaux, 2018.

[24] Harvey, David, The Condition of Postmodernity: an Enquiry into the Origins of Cultural Change, Blackwell.

[25] The Generation of Postmemory: Writing and Visual Culture After the Holocaust, Columbia University Press, 2012.

[26] Notion développée par Mikhaïl Bakhtine dans Esthétique et Théorie du Roman, le chronotope, littéralement « tempsespace », désigne le cadre spatio-temporel spécifique dans lequel s’inscrivent les différents genres littéraires.

[27] Perçu par certains chercheurs comme un courant indissolublement lié au passé colonial des pays où le genre a émergé.

[28] L’on peut ici penser au prix Nobel de Littérature 2015, La Fin de l’Homme Rouge de Svetlana Alexievitch, recueil de témoignages sur l’Union Soviétique et les années 1990.

[29] Voir les paradigmes scientifiques de Thomas Kuhn.

[30] Georges Didi-Huberman, L’image survivante. Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Paradoxe », 2002.

[31] Letourneux Matthieu, « Le genre comme pratique historique », Belphégor, n°14, 2016 (en ligne : https://doi.org/10.4000/belphegor.732).

[32] Sur la possibilité de genres littéraires généalogiques et analogiques, voir Shaeffer, Jean-Marie, Qu’est-ce qu’un genre littéraire?, Paris, Seuil, coll. « Poétique », 1989.

[33] Voir le questionnement sur les violences sexuelles en littérature dans le sillage de MeToo, et la polémique universitaire récente sur la lecture d'Oarystis d'André Chénier. « L’affaire Chénier. Sommaire. », Malaises dans la lecture, 7 juillet 2019 (en ligne : https://malaises.hypotheses.org/1003).