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Appels à contributions
Le roman français moderne à l’aune du dialogisme bakhtinien

Le roman français moderne à l’aune du dialogisme bakhtinien

Publié le par Matthieu Vernet (Source : MINDIE Manhan Pascal)

Appel à contributions pour ouvrage collectif

Le roman français moderne à l’aune du dialogisme bakhtinien

Le dialogisme est une notion fondamentale qui reste attachée à l’oeuvre de Bakhtine au point que Todorov T. intitula son livre de présentation du critique russe Mikhaïl Bakhtine, le principe dialogique. Le dialogisme, au sens Bakhtinien, concerne le discours en général, et désigne les formes de la présence de l'autre dans le discours. Selon Bakhtine, l'être humain, contrairement aux choses,  ne peut s'appréhender de manière juste qu'en tant que sujet, c'est-à-dire résultant d'interrelations humaines ; il ne peut être abordé que de manière dialogique.

Dans le champ littéraire, le dialogisme travaille particulièrement ce que Bakhtine appelle « slovo », traduit par « mot », mais expliqué par les divers commentateurs ou traducteurs comme ayant le sens de « discours », « parole ». Le mot est toujours mot d'autrui, mot déjà utilisé ; il traduit un sujet divisé, multiple,  interrelationnel. C'est en cela qu'il est fondamentalement dialogique. Dans le roman polyphonique, le dialogisme permet la confrontation des discours contradictoires. Dans sa présentation de La Poétique de Dostoïevski, Julia Kristeva montre bien d'une part la convergence des vues de Bakhtine avec la psychanalyse et d'autre part la fécondité de cette approche pour l'appréhension des romans de la modernité : « Le discours de l'auteur [de roman polyphonique] est un discours à propos d'un autre discours, un mot avec le mot (…) (non pas un métadiscours vrai). Il n'y a pas de troisième personne unifiant la confrontation des deux : les (discours) contraires sont réunis, mais non pas identifiés, ils ne culminent pas dans un « je » stable qui serait le « je » de l'auteur monologique. Cette coexistence des contraires, distincte de la « monologique » explose la littérature moderne : pluralité des langues, confrontation des discours et des idéologies, sans conclusion et sans synthèse sans « monologisme », sans point axial. Le « fantastique », « l'onirique », le « sexuel » parlent ce dialogisme, cette polyphonie non-finie, indécidable » (Poétique de Dostoïevski, p. 15).

La critique dialogique a alors rouvert l'analyse du texte, trop exclusivement centrée sur les structures internes, à son extériorité. Son aspect le plus important réside donc dans son pouvoir de donner naissance à des énoncés imprévus, à des idées et à des opinions n’appartenant en propre à aucun des deux locuteurs, mais qui sont essentiellement le fruit de leur interaction.

Appliqué au roman, le dialogisme suppose qu’un dialogue complexe s’élabore dans tout le texte entre différentes instances narratives, car les romans, selon Bakhtine, jouent le rôle de réservoir, absorbant et contenant l’expérience du monde, tout en demeurant toujours ouverts, disponibles et perméables à toute nouvelle sensation ou combinaison possible.

Partant du fait que l’oeuvre romanesque naît et vit d’un faisceau de rencontres, faisant du genre un écrit hybride, polyphonique, votre analyse cherchera à faire ressortir cette dimension. On pourra, par exemple, se demander en quoi le roman français moderne et contemporain est ouvert, hybride donc dialogique. Ou bien selon quelles modalités il reflète ce qu’on pourrait nommer «circularité» ou «partage d’espaces littéraires». Il semble que les réponses à ces interrogations montrent que le roman français moderne est un lieu  de divers langages  et de contre-discours, technique, et même poétique.

Cela dit, le comité scientifique vous invite à lui faire parvenir votre proposition d’article qui comprendra le titre, un court résumé en français et en anglais, ainsi que des références biobibliographiques de l’auteur avant le 30 décembre 2012 aux adresses suivantes : mindypascal@yahoo.fr/, claudedomon@yahoo.fr

L'avis du comité scientifique portant sur les propositions : 15 février  2013

Les articles entièrement rédigés, en Times New Roman 12 ; interligne 1,5 et de 15 pages maximum devront être envoyés avant le : 30 avril 2013

L’avis du comité scientifique après examen des articles : 30 mai 2013

Retour des articles retenus et révisés (si nécessaire) par les auteurs : 15 juin 2013

NB : Le comité scientifique sera particulièrement attentif aux assises théoriques des  différentes contributions ainsi qu’au respect du chronogramme. 

 Responsable du projet :

Prof. Manhan Pascal MINDIE

Docteur d’État, Maître de Conférences au Département de Lettres modernes

Université Alassane OUATTARA de Bouaké