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Apparitions fantastiques

Apparitions fantastiques

Publié le par Natalie Maroun (Source : Claire Cornillon)

COLLOQUE CRILA-CERLI-CERIEC

Université d'Angers

24-26 NOVEMBRE 2011

Apparitions fantastiques

Apparition et disparition dans la fiction brève (littérature et arts de l'image)

Il s'agira dans ce colloque pluridisciplinaire d'organiser la réflexion autour de trois axes :

l'imaginaire, le texte bref et la question de l'apparition. Pourquoi ce choix ? On sait d'abord

que « le fantastique excelle lorsqu'il est porté par un texte court et le plus souvent par la

brièveté de la nouvelle » (N. Prince, Le fantastique, A. Colin, p. 77) : Poe, James, Hawthorne,

Maupassant, Richepin, Schwob, Nodier, Gautier, Lorrain sont autant d'auteurs qui ont porté

la nouvelle aux nues, et leurs écrits permettent d'envisager le rapport étroit entre le fantastique

et la nouvelle. « La nouvelle réussit à merveille à créer la tension nécessaire et l'émotion

propre au genre. Il s'agit d'un récit bref et rectiligne, concentré sur peu de personnages, sur

un événement unique au caractère insolite, inouï et inédit […] Tout dans la nouvelle est

au service de l'efficacité fantastique » (Id., p. 78) : « [la nouvelle] a sur le roman à vastes

proportions cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l'intensité de l'effet » (Baudelaire).

Le fantastique, dit-on communément, déclenche « l'apparition » (R. Caillois) : apparition

de l'insolite, de l'inadmissible, de la chose ou de l'être surnaturel. Le mot fantastique se

rapporte au verbe grec phantasein qui signifie « faire voir en apparence, montrer, apparaître ».

Le fantastique commence donc par l'émergence, le jaillissement de quelque chose. Le même

mot phantasein est lié à phantasia, « l'apparition », et à phantasma, « le spectre, le fantôme »,

réunissant dans une même origine apparition et surnaturel. L'apparition est le principe actif

par lequel l'événement surprenant se manifeste. Elle atteint le héros, ouvre son expérience à

l'indicible. Quelque chose apparaît qui implique « l'infraction du réel » (J.-L. Steinmetz). Ce

basculement correspond souvent à une « monstration » (D. Mellier) qui consiste à « montrer

de manière excessive et hyperréaliste des créatures surnaturelles ».

Mais comme son double au miroir, la disparition participe elle aussi au jeu de/avec la

peur ou de l'insolite. Disparition d'une personne, d'une partie de son corps, d'un objet,

voire d'un lieu. Il existe aussi, au coeur du fantastique, un paradoxe lié à la lacune, au

manque, à la manifestation ou à « l'apparition » de l'invisible, à « l'image absente » (H. de

Régnier), au « visible paradoxal » (N. Prince). Comment alors exprimer ce qui échappe à la

représentation, sinon par le texte même, par ses figurations et ses escamotages stylistiques ?

C'est en s'effaçant que le texte de l'invisible en vient finalement à l'exhiber. L'écriture de la

disparition s'achève alors par une disparition de l'écriture.

Notre colloque se propose de développer ces pistes sur un mode transversal en réunissant

des spécialistes du texte court et des analystes de la littérature ou des arts visuels. Les formes

brèves sont toutes convoquées : nouvelle, novella, tale, short story, conte. De même pour les

genres ou sous-genres de l'imaginaire : fantastique, gothique, horreur, terreur, merveilleux,

fantasy, science-fiction, littérature de jeunesse, mythe. Aucune périodisation précise ne sera

préconisée.

Sur le plan de l'image, on s'intéressera à la transposition des textes dans les arts visuels.

L'adaptation de la nouvelle fantastique à l'écran pose des problèmes spécifiques. La forme

brève peut être conservée ou même condensée. A l'inverse, la fiction, largement étoffée

peut donner lieu à un long métrage qui permet aux motifs et figures (comme le spectral)

de s'inscrire dans un espace et de se déployer dans la durée. La question de l'apparition/

disparition est cruciale et donne lieu à des choix de mise en scène (monstration ou évitement,

suggestion ou fragmentation de la figure, répétition/variation, jeu sur le hors champ, la

lumière et l'ombre, les bruits diégétiques etc.) qui rejoignent des préoccupations théoriques

importantes. Il nous semble loisible enfin d'ouvrir un atelier aux spécialistes de traductologie

afin de réfléchir sur la pratique de la traduction en matière de nouvelles fantastiques (des

nouvelles « classiques » ont été traduites plusieurs fois).

Responsables de l'organisation :

-locaux (pour le CRILA) : Lauric Guillaud, Emmanuel Verdanakis, Pascale Denance,

Alice Clark (Université de Nantes) : mise en place des ateliers. Contact CERIEC : Anne-

Simone Dufief

-extérieurs : (pour le CERLI) Gilles Menegaldo (Université de Poitiers) : aire

cinématographique.

Des ateliers thématiques seront définis en fonction des propositions. La majorité

des communications sera faite en français. Toutefois, un atelier sera prévu pour les

communications en anglais (fonctionnement habituel du CRILA). Un autre atelier pourrait

réunir les théoriciens du genre.

Une journée d'étude préparatoire sous forme de séminaire ou de table ronde aura lieu le

23 juin. Le sujet sera « la nouvelle fantastique ».

Temps de parole imparti : 25 minutes + 5.

Merci d'envoyer vos propositions conjointement aux deux adresses mail suivantes, avant

fin juin :

-Lauric Guillaud : lauric.guillaud@sfr.fr

-Anne-Simone Dufief : simone.dufief@univ-angers.fr

Quelques auteurs anglophones célèbres du genre :

Coleridge, Lord Byron, John Keats, Washington Irving, William Austin, James Hogg, Mary

Shelley, Nathaniel Hawthorne, Poe, Emily Dickinson, J. S. Le Fanu, Lewis Carroll, Henry

James, Dickens, Oscar Wilde, Yeats, Ambrose Bierce, R.-L. Stevenson, Bram Stoker, Arthur

Machen, H.G. Wells, Robert Chambers, W.W. Jacobs, M.R. James, Kipling, Lord Dunsany,

Saki, E.M. Forster, A. Conan Doyle, Edith Wharton, Walter de la Mare, Mark Twain,

Virginia Woolf, Algernon Blackwood, D.H. Lawrence, Graham Greene, Somerset Maugham,

O'Henry, H.P. Lovecraft, Daphne du Maurier, Ray Bradbury, Ursula Le Guin, Nabokov,

Charlotte Perkins Gilman, Stephen King, Richard Matheson, etc.

Aire francophone :

Jean Cocteau, Marguerite Yourcenar, Léon Bloy, Jules Claretie, André Pieyre de

Mandiargues, Marcel Aymé, Théophile Gautier, Jules Lermina, Prosper Mérimée,

Maupassant, George Sand, Jean Richepin, Villiers de l'Isle-Adam, M. Renard, Henri de

Régnier, Gaston Danville, Catulle Mendès, Remy de Gourmont, Balzac, Charles Nodier,

Michel de Ghelderode, Jean Ray, Claude Seignolle, J.-L. Bouquet, Alexandre Dumas, Nerval,

etc.

Bibliographie sommaire sur la nouvelle :

- BONHEIM, Helmut, The Narrative Modes. Techniques of the Short Story, Cambridge, D. p.

Brewer, 1982, 197 p.

- BOUCHER, Jean-Pierre, «Le titre du recueil: le premier récit. Le Torrent d'Anne Hébert»,

Écrits du Canada français, no 65, 1989, p. 27-46.

- Id., Le recueil de nouvelles, Montréal, Fides, 1992, 216 p.

- CHKLOVSKI, V., «La construction de la nouvelle et du roman», Théorie de la littérature,

textes des formalistes russes réunis et traduits par T. Todorov, Paris, Seuil, «Tel Quel», 1965,

p. 170-196.

- DELOFFRE, Frédéric, La Nouvelle en France à l'âge classique, Paris, Didier, 1967, 130 p.

- ETIEMBLE, René, «Problématique de la nouvelle», Essais de littérature (vraiment)

générale, Paris, Gallimard, 1975, p. 220-236.

- FONYI, A., «Nouvelle, subjectivité, structure. Un chapitre de l'histoire de la théorie de la

nouvelle et une tentative de description structurale», Revue de littérature comparée, vol. 50,

no 4, oct.-déc. 1976, «Problématique de la nouvelle», p. 355-375.

- GODENNE, René, La nouvelle française, Paris, P.U.F., collection SUP, 1974, 176 p.

- Id., « Comment appeler un auteur de nouvelles?», Romanic Review, fév. 1967, vol. LVIII,

no 1, p. 38-43, Columbia University Press, New York & London.

- MORIN L., De la nouvelle fantastique au roman fantastique, Etudes Canadiennes, 1996,

vol. 22, n° 40, pp. 17-28.

- PELLERIN, Gilles, Nous aurions un petit genre, Québec, L'Instant même, 1997, 217 p.

- PRINCE, Nathalie, Le fantastique, Paris, Armand Colin, collection « 128 », 2008, 128 p.

- Id., Petit musée des horreurs. Nouvelles fantastiques, cruelles et macabres, Paris, Robert

Laffont, collection « Bouquins », 2008, 1152 pages.

- Id., « L'image absente. Une dialectique de l'invisible », dans Le livre et l'image dans la

littérature fantastique et les oeuvres de fiction (F. Dupeyron-Lafay dir.), Aix-en-Provence,

Publications de l'Université de Provence, 2003, p. 237 à 256.

- SHAW, Valérie, The Short Story: a Critical Introduction, London, New-York, Longman,

1983, 294 p.