Essai
Nouvelle parution
Antonin Artaud

Antonin Artaud

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Vigilibris)



Antonin Artaud


Par Jean-Michel Rey, Jean-François Chevrier, Jean-Luc Nancy, Guillaume Fau, Raymonde Carasco,
Nelly Kaplan, Evelyne Grossman.


Coédition BNF / Gallimard.
Isbn: 2-07-011858-4
220 pages, 180 illustrations.
Prix : 39 €.


Antonin Artaud, celui par qui le scandale arrive, l'écrivain du refus et de l'outrance, l'homme du cri et de la révolte, marque le XXe siècle par son œuvre et par l'aura de sa personnalité d'artiste maudit, de "suicidé de la société".
Créateur et novateur radical au théâtre, en poésie, dans le dessin, son activité menée sur plusieurs fronts ne participe en rien d'une forme de talent touche-à-tout, mais plus foncièrement d'une rage de l'expression, de l'expulsion, qui bouleverse les codes, la langue, les signes.
L'œuvre d'Artaud, dispersée dans des collections publiques et privées, est ici rassemblée, tous types de support ou de technique confondus (poésie, théâtre, dessin, cinéma…), présentant les grands jalons de l'itinéraire et de l'univers Artaud pour en faire ressortir l'unité fondamentale : en préambule, le visage d'Antonin Artaud dans ses autoportraits vient alimenter une réflexion sur l'exposition de soi à soi et de soi à l'autre. L'expérience de la maladie et de la psychiatrie : la maladie et la médecine traversent la vie d'Artaud de part en part.

Vécue et pensée simultanément, la maladie constituera au fil des années pour Artaud l'épreuve fondamentale de la cruauté de la vie et la manifestation du ratage de la création : états dits pathologiques, épisodes délirants et toxicomanie servent alors une vision poétique, un "message révolutionnaire". À la faveur d'un spectaculaire renversement des valeurs, le poète-dessinateur devient l'aliéné "authentique", souverainement lucide, en butte à l'incompréhension d'un monde dégénéré.
La question du théâtre et du cinéma : puisant dans la tradition théâtrale et plastique occidentale, nourrie de l'influence du théâtre balinais et du contact avec la culture des Tarahumaras, attentive aux esthétiques et aux techniques contemporaines (surréalisme, radio, passage du muet au parlant), l'œuvre théâtrale et cinématographique d'Artaud fait figure d'utopie majeure du XXe siècle.
Ses textes théoriques ont marqué des générations de metteurs en scène et d'acteurs jusqu'à aujourd'hui. Le rapport à l'art : des premiers comptes rendus de salons rédigés au début des années 1920 à Van Gogh ou le Suicidé de la société en 1947, quelque chose du rapport à l'art se dit d'un bout à l'autre de l'œuvre d'Artaud.
Comme au théâtre, il s'agit de penser ensemble l'art et son double, la vie. Les textes d'Artaud sur l'art – la peinture du passé, celle de son temps mais aussi sa propre production graphique – tentent ainsi de faire vivre plus intensément sous le regard du spectateur ce qui se donne sous la forme fossilisée de l'œuvre, tout comme la mise en scène de la Cruauté et "l'athlétisme affectif" de l'acteur étaient chargés de ramener le théâtre à la vie