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Annie Ernaux, les écritures à l'œuvre

Annie Ernaux, les écritures à l'œuvre

Publié le par Alexandre Gefen

Colloque : Annie Ernaux, les écritures à l'œuvre

16 et 17 mars 2017

Amiens, Université de Picardie Jules Verne

L'œuvre d'Annie Ernaux a fait l'objet d'un nombre croissant de thèses et de colloques ces dernières années. Si ces travaux récents renouvellent les lectures d'un auteur devenu comme « classique » de son vivant, ils négligent peut-être encore trop souvent – à quelques exceptions près – l'approche linguistique et stylistique des textes, comme si ces enjeux formels n’étaient pas partie prenante du rapport que le texte instaure vis-à-vis du monde extérieur.

Suivant les intentions de l'auteur, les spécialistes mettent volontiers l'accent sur l'ambition cognitive de l'œuvre d'Annie Ernaux, la portée sociale, éthique et politique mais aussi historique et anthropologique de ses écrits. Si le métadiscours de l’auteur, revendiquant une situation « au-dessous de la littérature » (Une femme) est ici prégnant, il est source de malentendus et fait peut-être passer au second plan le questionnement sur la littérarité des textes. De plus, parsemant ses livres de commentaires métatextuels, revenant dans ses avant-propos ou dans de nombreux entretiens sur ses choix d'écriture, l'auteur a ainsi pu contribuer à infléchir le discours de la critique. En témoigne, par exemple, la fortune critique de cette « écriture plate » (La Place) régulièrement employée pour (dis)qualifier le style d'Ernaux. Mais cette étiquette tend à occulter les différents régimes d’écriture de l’œuvre.

Ce colloque voudrait ainsi prendre au sérieux la conscience des questions énonciatives dont témoignent bien des entrées de L’Atelier noir, ou encore cette sensibilité particulière « à la question de l'imaginaire linguistique » (C. Rannoux), notamment sensible dans les phénomènes de genèse et de récriture (de Passion simple à Se perdre). De fait, Annie Ernaux n'a cessé de réfléchir (à) la langue dans la diversité de ses formes et de ses usages. De la violence rhétorique des premiers romans (Les Armoires vides) à la retenue, la « syntaxe classique » des textes biographiques, de la langue populaire de l'enfance à la « langue littéraire » du « commun » (Les Années) en passant par « l'écriture photographique » (Journal du dehors, L'Usage de la photo) ou « factographique » (M.-J. Zenetti), son œuvre accuse l'écart et les tensions qui existent entre ces différents niveaux de style, de langue, et intègre dans le geste d’écriture la confrontation du sociolecte familial et de la langue littéraire.

Les communications pourront explorer ce plurilinguisme à l'œuvre dans ses aspects linguistique et stylistique : lexicologie, morphosyntaxe, énonciation, pragmatique... Elles pourront porter en outre sur des questions relatives à la traduction et / ou à la réception de cette variété linguistique et stylistique de l'œuvre à l'étranger. Les entretiens accordés par l'auteur pourront être inclus dans le corpus d'études, soit qu'il s'agisse de se référer à leur dimension métalinguistique, soit qu'ils soient eux-mêmes considérés comme méritant un examen linguistique spécifique.

 

Les propositions de communication devront parvenir avant le 15 juin 2016 par courrier électronique aux adresses suivantes :

aurelieadler@gmail.com

veronique.montemont@univ-lorraine.fr 

julien.piat@univ-grenoble-alpes.fr

Responsables : Aurélie Adler (UPJV, CERCLL-CERR), Véronique Montémont (ATILF, Université de Lorraine), Julien Piat (UMR Litt & Arts, Univ. Grenoble-Alpes)

Comité scientifique :

  • Bruno Blanckeman (Université Paris-3 Sorbonne)
  • Florence de Chalonge (Université de Lille-3)
  • Catherine Rannoux (Université de Poitiers)
  • Christelle Reggianni (Université Paris-4 Sorbonne)
  • Philippe Wahl (Université de Lyon-2)
  • Joël Zufferey (Université de Lausanne)