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Appels à contributions
Anarchisme et littérature au tournant du XXe siècle et au-delà

Anarchisme et littérature au tournant du XXe siècle et au-delà

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Études Littéraires)

Appel à contributions

Anarchisme et littérature au tournant du xxe siècle et au-delà

Pour une interrogation renouvelée sur les rapports entre littérature etpolitique à l'époque moderne, qui s'efforce de dépasser l'opposition binaireentre l'engagement et l'art pour l'art au profit d'une pragmatique comparée desactes politiques et littéraires, l'anarchisme représente un objetparticulièrement riche. Les liens entre les avant-gardes du premier xxe siècle et l'anarchismepolitique étant attestés (Breton et les surréalistes, Jarry, Artaud), il fautse demander s'ils ne sont que le résultat d'une coïncidence historique ou s'ilspermettent au contraire de mieux comprendre le fonctionnement de la littératureelle-même dans sa dimension politique, voire s'ils peuvent être étendus dans letemps (Poulaille, Camus).

Comme l'a noté Jürgen Habermas, on peut établir un lien entrel'anarchisme comme mouvement de table rase politique et l'esthétique desavant-gardes qui cherche à placer l'oeuvre hors de toute continuité historique.Peut-on faire l'hypothèse d'une matrice idéologique commune, brouillant lesfrontières politiques (on évoque souvent l'influence de Georges Darien surCéline qui se déclara en 1933 « anarchiste jusqu'au bout des ongles »),qui accorde une primauté absolue à l'individu (à la manière de Stirner), et àsa capacité à transformer le réel (comme le romantisme) ? Y a-t-il uneaffinité plus profonde entre l'acte politique et l'acte de création artistique,si bien que la littérature a pu apparaître comme une sorte d'« actepur », permettant à celui qui la pratique d'agir sur la société enrefusant toutes les institutions étatiques ou corps intermédiaires, comme lessurréalistes ? L'anarchisme se réduit-il en retour à un acte d'essenceesthétique dépourvu de programme politique, qui semble avoir fasciné Mirbeau ouFénéon ? La littérature moderniste et l'anarchisme se rapprochent-ils parleur refus commun de la « représentation », au sens aussi bienpolitique qu'esthétique, comme l'atteste l'attirance de Mallarmé pour la « bombe »,en rupture avec les « prophètes », aussi bien romantiques querévolutionnaires ?

Les contributions pourront aborder ces questions sous l'angle aussibien de l'histoire des idées que des ressorts textuels d'une esthétique « anarchiste »,sans nécessairement se limiter à la période du tournant du xxe siècle.

Sebastian Veg

Chercheur

Centre d'étudesfrançais sur la Chine contemporaine

Membre associé duCRAL (EHESS-CNRS)

sveg@cefc.com.hk

Une propositiond'une page est à envoyer à l'éditeur avant le 20 juillet

Date de remise destextes : 15 septembre 2009