Altérité et aliénation

Université Paul Verlaine – Metz
Centre de recherches ECRITURES (EA 3943)
Equipe HERMENEUTIQUES

Appel à communication du colloque
Altérité et aliénation
(Université Paul Verlaine – Metz, vendredi 14 et samedi 15 mai 2010)

Comité scientifique : Stéphane Haber (Université de Paris X), Frank Fischbach (Université de Toulouse 2),
Laurent Husson (Université Nancy I – IUFM de Lorraine) et Guillaume Seydoux (Université Paul Verlaine – Metz)

Comité d'organisation : Laurent Husson (Université Nancy I – IUFM de Lorraine) et Guillaume Seydoux
(Université Paul Verlaine – Metz)

La question des rapports entre le même et l'autre a été abordée selon différentes perspectives. Le présent colloque a pour but de confronter deux problématiques : celle de l'aliénation comme perte de moi-même dans l'Autre et celle du rapport à l'Autre comme confrontation à une altérité déjà présente.
Dans les années 50 et 60, la notion d'aliénation a joué un rôle essentiel dans l'analyse et la dénonciation des rapports économiques et sociaux. De nos jours, la diffusion du thème du « choc des civilisations » (Huntington), la multiplication des contestations des modèles traditionnels de l'identité humaine fondés sur une perspective universaliste ont pour conséquence le développement d'une rhétorique de l'altérité comme découverte ou expérience liée à la rencontre, à la reconnaissance ou à la peur d'un Autre. Cette inflation de la question de l'Autre amène à interroger la réalité et la pertinence de ce recours à l'altérité. Celui-ci n'occulte-t-il pas des processus d'aliénation ? De ce point de vue, le concept d'aliénation ne redevient-il pas un concept permettant d'analyser les controverses autour des questions de l'identité et de l'altérité ?
Le colloque se propose de développer les problématiques suivantes:

- L'altérité a-t-elle une autre réalité que celle de l'illusion ? Son affirmation n'est-elle pas le résultat d'une projection de ce que nous avons nous-mêmes oublié, nié, refoulé pour construire et affirmer notre identité ? Ces questions pourront être posées notamment dans les champs de la théologie et de la philosophie de la religion, où la figure de Dieu peut avoir ce statut d'Autre absolu (Lévinas), ou être considérée comme le fruit de l'aliénation fondamentale de l'homme à lui-même (Feuerbach).

- La prétention d'une unité du genre humain et la réduction de l'affirmation de l'altérité à un tel processus d'aliénation ne constituent-elles pas un déni de l'Autre ? Ou, au contraire, l'affirmation de l'altérité comporte-t-elle toujours un risque d'aliénation de l'autre ou de soi-même à sa différence, comme le soutiennent les universalistes ?

- Enfin, les injonctions contemporaines à « être soi-même », « autonome », « responsable », ne cachent-elles pas une forme d'aliénation d'autant plus sournoise qu'elle fait appel aux catégories des critiques « artistes » de l'aliénation, au sein d'un « nouvel esprit du capitalisme » (Boltanski et Thévenot)?

Ces questions seront abordées et éclairées de manière interdisciplinaire : la philosophie, les sciences humaines, la théologie, la littérature peuvent y apporter leur contribution.

Les propositions de communication (un titre, un argumentaire et les coordonnées complètes de
l'intervenant – nom, prénom, statut, institution, adresses postale et courrielle) doivent être envoyées par
courriel à seydoux@univ-metz.fr pour le 15 juin 2009.