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Alchimie du texte ou profanation de l’œuvre ? La génétique textuelle à l’épreuve du numérique (Rouen)

Alchimie du texte ou profanation de l’œuvre ? La génétique textuelle à l’épreuve du numérique (Rouen)

Publié le par Marc Escola (Source : Tony Gheeraert)

Alchimie du texte ou profanation de l’œuvre ?

La génétique textuelle à l’épreuve du numérique

Si, dans le champ des études littéraires, il est un domaine où les outils numériques ont fait la preuve de leur fécondité, c'est bien celui de la « génétique des textes ». Cette discipline, inventée dans les années 1970, se donne pour tâche de mieux comprendre l’élaboration des œuvres à partir de leurs textes préparatoires. Elle porte son attention sur des corpus jusque-là négligés (brouillons, manuscrits, carnets de travail, traces de toute sorte laissées par les écrivains), de façon à saisir au plus près le processus même de la création.

À l’origine, cette science toute nouvelle achoppait sur les limitations inhérentes au papier : la collecte de documents épars et de nature diverse, la mise à disposition de corpus éclatés, enfin l’exploitation de ces masses de données volumineuses, se heurtaient à des difficultés matérielles et financières difficiles à surmonter. Les publications d’ouvrages sur papier interdisaient également la circulation aisée à l’intérieur de ces vastes ensembles hétérogènes, et n’offraient pas non plus d’outils commodes pour appréhender et traiter ces informations.

La génétique a pleinement bénéficié des avancées progressives de l’informatique depuis cette époque : peu à peu, les progrès technologiques ont en effet permis de lever les principaux obstacles liés à l’emploi du support papier, et ont proposé aux chercheurs un socle de services vite devenu indispensable. Les dispositifs de numérisation, les bases de données, la création de standards éditoriaux adaptés, ont ainsi permis la mise en ligne peu onéreuse de documents « imparfaits » et « inachevés » jugés auparavant impubliables. De même, l’usage généralisé de l’hypertextualité, ainsi que le développement d’algorithmes de recherche avancée ont fourni à la « critique génétique » des instruments d’analyse susceptibles de renouveler notre compréhension des œuvres.

Depuis les années 2000, de vastes chantiers se sont alors ouverts. Des entreprises éditoriales ambitieuses, embrassant des corpus imposants, transforment le regard que nous portons sur la littérature. De l’altération des thèmes dans les manuscrits de Supervielle à la « génétique connectée » appliquée à Aimé Césaire, des brouillons hypertextuels de Madame Bovary aux pattes de mouche des Pensées, c’est dans le « laboratoire secret » de l’écrivain que nous allons pénétrer lors de ces journées. Y percerons-nous le mystère alchimique du geste créateur ? Ou plutôt, à trop fréquenter les arrière-cuisines de l’écriture, ne risquons-nous pas d’en finir pour toujours avec la légende du Génie, le mythe de l’Auteur et la sacralisation de l’œuvre  ?

Cette manifestation retracera l’aventure de la génétique textuelle à l’ère du numérique à partir de quelques études de cas. Organisée en partenariat avec le Cérédi, elle est destinée d’abord aux étudiants du master Humanités numériques de l’université de Rouen, mais elle est aussi ouverte à tout public intéressé par ces questions.

Contact : tony.gheeraert@univ-rouen.fr

Journée organisée dans le cadre du master Humanités numériques de l’université de Rouen (Faculté des Lettres et Sciences humaines), avec le soutien du CEREdI et la collaboration de l’IRIHS.

 

PROGRAMME

 

28 février 2017 Maison de l’Université
Place Émile Blondel, 76 130 Mont Saint-Aignan
Salle des Associations

 

9h45 :         Accueil des participants

10h15 :       Ouverture, par Jean-Claude Arnould (université de Rouen)

10h30 :       Françoise Simonet-Tenant (université de Rouen) : « La critique génétique : définition, intérêts et limites »

12h00 :       Discussion

12h30 :       Déjeuner

14h30 :       Marcello Vitali-Rosati (université de Montréal), « La genèse de l'Anthologie: pour une édition participative du Codex palatinus ?

15h :           Tony Gheeraert (université de Rouen) : Des papiers de Pascal aux manuscrits de Perrault: quelle genèse pour les oeuvres classiques?

17h              Discussion

 

1er mars 2017
Institut de Recherche Inter-Disciplinaire Homme-Société (IRIHS)

Rue Lavoisier, 76 130 Mont-Saint-Aignan - Salle de réunion

9h :             Laurence Macé (université de Rouen) : « Enjeux génétiques pour une relecture des Lumières »

10h30 :       Yvan Leclerc (université de Rouen) : « Genèses flaubertiennes : des œuvres et des lettres »

12h00 :       Discussion

12h30 :       Déjeuner

14h30 :       Jean-Louis Jeannelle (université de Rouen) : « Enjeux théoriques et pratiques de l'édition numérique : quelques cas de chantiers génétiques »

16h :           Florence Davaille : « Génétique textuelle sur textes francophones »

17h30 :       Discussion

18h :           Conclusions et clôture