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Nouvelle parution
Akofena, n° 2 :

Akofena, n° 2 : "Diversité et plurilinguisme : enjeux, représentations et catégorisation"

Publié le par Université de Lausanne (Source : Amoikon Dyhie ASSANVO)

Akofena, n° 2 : "Diversité et plurilinguisme : enjeux, représentations et catégorisation"

L3DL-CI, 2020.

EAN13 : 27080633.

 

Akofena regroupe dans ce numéro spécial, une partie des actes du colloque « Diversité et développement : spécificités, fragments, totalité, unité » qui s’est déroulé les 28, 29 et 30 Novembre à l’Université Félix Houphouët-Boigny (Abidjan-Côte d’Ivoire). Ce numéro fait suite à l’ouvrage préambule au colloque Diversité et développement en questions. Des réalités complexes (LEZOU KOFFI, 2018) et au numéro 28 de la Revue ANADISS portant sur La diversité : significations, matérialités et pratiques discursives[1] (ARDELEANU, LEZOU KOFFI, ADOU : 2019). A n’en point douter, la diversité est un thème fécond que les différentes contributions ont tenté de saisir dans ses facettes multiples et protéiformes : « l’homme est diversité […] Tout est diversité » (Karamoko, 2018)

Arc’boutée à la problématique « diverselle », la question du plurilinguisme infère des enjeux politiques, économiques, sociaux, identitaires, culturels qui prescrivent trois niveaux selon que l’on se situe à l’échelle mondiale, régionale ou locale : « à chaque niveau, il est facile de faire apparaître, par exemple, une hiérarchisation des langues, d’ordre éminemment politique, autour de laquelle tout s’ordonne » (M. Oustinof 2007, p.8). La dynamique des relations humaines, les migrations et les rencontres ne nient donc pas des tensions internes entre évolution sémantico-pragmatique et nécessité de régulation sociétale.

Huit contributions de ce numéro, réparties en deux axes, en rendent compte.

L’axe un (1) analyse la construction des identités linguistiques. Celles-ci s’observent dans les pratiques langagières inscrites dans des champs spécifiques de pratiques sociales. Akissi Béatrice BOUTIN et Kouakou Antoine KOUAKOU l’illustrent sur des corpus de la vie quotidienne tandis   Dominique Edoukou AKA et Yves Marcel YOUANT analysent respectivement des corpus de discours littéraires et politiques. Le plurilinguisme engendre également des catégorisations collectives. Ainsi, la question des minorités en Roumanie retient l’attention de Cristina UNGUREANU.

En somme, le plurilinguisme révèle chez les locuteurs, des attitudes linguistiques qui forgent leur identité individuelle ou collective. Il participe également d’une esthétique littéraire. Enfin, il est un facteur de variation linguistique.

L’axe deux (2) examine les enjeux sociopolitiques du plurilinguisme. Le choix de la langue d’apprentissage en contexte plurilingue revêt des enjeux socio-économiques, pédagogiques et socioculturels comme le démontrent respectivement Taieb BENDAKFAL, Bi Trazié Serge BLI, Kalidja Siby FOFANA.

En majorité, les contributions de la section VARIA du numéro rendent compte d’expériences didactiques menées au Gabon. Eugénie EYEANG et Andréa Joa TSASSA DIOBA montrent, à partir d’entretiens semi-directifs avec les enseignants gabonais et d’observations de classe, le rôle déterminant des sciences du langage et de la communication dans l’enseignement-apprentissage des langues. Jean-Aimé PAMBOU et Jean Jacques ESSONO ENY, à partir une recherche de type qualitatif, présente les résultats d’un questionnaire sur l’utilisation des grilles de correction de la production écrite en quatrième année, dans le cadre des débats fréquents sur l’Approche par les compétences de base au Gabon. Mexcent Zué ELIBIYO et Prisca SOUMAHO reviennent sur un objet mythique de la période coloniale et jusqu’aux années post indépendance : le symbole.  L’étude qui s’inscrit dans une démarche réflexive consiste à le présenter non plus sous un angle négatif, mais plutôt comme un outil susceptible de promouvoir les langues nationales dans une perspective de développement. Théodorine NTO AMVANE décrit l’analyse menée en classe sur un texte littéraire et explique de quelle manière la pédagogie de la traduction du texte littéraire s’articule avec la théorie du sens.

Trois contributions complètent ces réflexions. Deux, parmi elles, décrivent la propriété systémique de la langue. Kanabein Oumar YEO et Munseu Alida HOUMEGA décrivent le phénomène de la nominalisation verbale et des verbo-nominaux en Yacouba, une langue mandé de Côte d’Ivoire. Ils observent que le yacouba compte des unités qui dans certains emplois peuvent fonctionner tantôt comme nom et tantôt comme verbe. Ce double usage pose problème au niveau de la démarcation de la classe des verbes de celle des noms. Mahamadou OUATTARA décrit le fonctionnement de la néologie terminologique dans le domaine juridique en koulango. Il met en exergue les différents types de procédés de création lexicale dans cette langue gur de Côte d’Ivoire.

Enfin, Mireille Denise KISSI analyse la scénographie en tant que procédé de construction de l’ethos collectif dans le discours électoral en Côte d’Ivoire mettant ainsi en exergue, les spécificités des différentes mises en scènes discursives élaborées par des locuteurs collectifs.

Au total, Akofena, avec ce numéro spécial, lève un pan du voile sur nos diversités : le plurilinguisme. Entre tensions vivaces et flexibilité, les expériences décrites montrent les enjeux d’une politique de la diversité que la fusion des espaces réels et virtuels de même que la connexion des individus dans le maillage communicationnel imposent.

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