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« Affranchis et descendants d'affranchis dans le monde atlantique (Europe, Afrique et Amériques) du XVe au XIXe siècle : Statuts juridiques, insertion sociale et identités culturelles »

« Affranchis et descendants d'affranchis dans le monde atlantique (Europe, Afrique et Amériques) du XVe au XIXe siècle : Statuts juridiques, insertion sociale et identités culturelles »

Publié le par Sophie Rabau

Appel àcommunications

« Affranchis etdescendants d'affranchis dans le monde atlantique (Europe, Afrique etAmériques) du XVe au XIXe siècle : Statuts juridiques, insertion sociale etidentités culturelles »

Musée d'Aquitaine, Bordeaux, France, 13au 16 mai 2009

2èmes rencontresatlantiques du Musée d'Aquitaine"

Colloque organisé par l'axe « droitet sociétés » du projet EURESCL (Slave Trade, Slavery, Abolitions andtheir Legacies in European Histories and Identities)-7ePCRD, coordonné par le GDRI-CIRESC (Centre International de Recherches sur lestraites et les Esclavages, Acteurs, Systèmes et Représentations), enpartenariat avec le Musée d'Aquitaine et le Centre d'Etudes des Mondes Moderneet Contemporain de l'université Michel de Montaigne-Bordeaux. 

Argumentaire

Ce colloqueinternational vise à mettre en évidence et à expliquer la manière dont lesÉtats et les sociétés du monde atlantique ont diversement appréhendé laprésence en leur sein de populations d'origine servile entre le XVe et le XIXesiècle. Le terme « affranchis » mentionné dans le titre concerne ausens strict la première génération d'hommes libres à la différence des ingénus.Il ne prétend pas limiter le cadre d'analyse, ni même rendre compte de lamultiplicité des statuts juridiques intermédiaires que l'on trouve dans lessociétés ayant connu l'esclavage de part et d'autre de l'Atlantique. Laterminologie portugaise, qui distingue à côté des libertos, forros ou alforriados, des coartados, l'illustrerait assez bien. L'expression« descendants d'affranchis » vise à introduire la question de laperduration ou de la non-perduration d'un éventuel stigmate servile. Elleenglobe tout naturellement des populations de « libres de couleur »,c'est-à-dire, dans le contexte impérial français, de personnes« noires » ou « métisses », libres de naissance ou paraffranchissement. Néanmoins, les communications portant sur les affranchis amérindiensou « blancs » et leurs descendants seront les bienvenues, commecelles sur les affranchis des sociétés africaines pré-coloniales, tant lacomparaison paraît une approche indispensable pour mettre en évidencel'importance ou la non-importance du facteur chromatique ou de la race dansl'intégration des populations d'origine servile.

Depuis les années 1970 et le colloque états-unien "Neither Slave Nor Free", de très nombreuses rencontres outre-Atlantique ont permis d'analyser lasituation originale des affranchis et des descendants d'affranchis des sociétéscoloniales américaines. A l'inverse, l'étude des populations d'origine servileen Europe ou en Afrique est longtemps restée plus modeste. L'historiographierécente sur l'Atlantique mettant au centre des outils conceptuels qu'elleutilise la notion de « circulation » des hommes, des biens et desidées entre les trois continents africain, européen et américain, noussouhaitons accueillir des communications de collègues issus et/ ou travaillantsur ces trois espaces. La période d'analyse retenue s'étendra du XVe au XIXesiècle inclus et correspondra donc à la période de formation de l'espaceatlantique avec notamment le développement de la traite entre l'Afrique et lapéninsule ibérique, puis de la traite atlantique, mais aussi des traitesamérindiennes et africaines internes.

Ce colloques'inscrit dans une double démarche d'histoire comparée et d'histoire croisée.Son objectif est à la fois d'analyser et de comparer la prise en comptejuridique, sociale et culturelle des affranchis et des descendants d'affranchisdans les sociétés européennes, africaines et américaines, mais aussi de mettreen évidence la manière dont les sociétés et cultures de part et d'autre del'Atlantique se sont influencées à cet égard. Il se propose d'explorer toutparticulièrement trois hypothèses que nous croyons importantes sur lesphénomènes de circulation et de transfert susceptibles d'influer sur lasituation des affranchis et de leurs descendants.

La premièreconcerne le fait que les premiers affranchis et libres de couleur d'origineafricaine ou mixte d'Europe apparaissent au Portugal et en Espagne dès la findu Moyen Âge, voire avant, et que la question de leur intégration se pose dansdes contextes sociaux ibériques, catholiques et musulmans, où d'autresindividus d'origine européenne sont aussi esclaves et parfois affranchis.L'influence potentielle de ce modèle sur les systèmes esclavagistes américainsqui concernaient parfois aussi des populations non-africaines sous des formesdiverses pourra être envisagée.

Le deuxièmeconcerne la culture particulière des captifs africains déportés en Europe oudans les Amériques. Ceux-ci provenaient de sociétés africaines, dans lesquellesil existait aussi des individus et des catégories sociales issues del'esclavage. Leurs expériences ont plus que vraisemblablement contribué àinformer la manière dont ils ont développé des stratégies de survie,d'adaptation ou de résistance dans leurs nouveaux lieux de vie. Porteurs d'unecertaine conception de l'esclavage, ils avaient également certaines idées surla manière dont les esclaves devaient se comporter, sur ce qu'ils pouvaientattendre et espérer en matière de rachat et d'auto-émancipation, ainsi que surla manière dont les affranchis pouvaient s'intégrer socialement.

Enfin, lesdiscussions s'attarderont sur le fait que le développement de l'esclavage dansles sociétés coloniales américaines a entraîné la venue de nombreux libres decouleur et esclaves en provenance des Amériques en Europe (on pense bien sûr aucas exemplaire d'Olaudah Equiano, mais Julien Raimond pour Saint-Domingue, lechevalier de Saint-Georges pour la Guadeloupe et tant d'autres moins célèbres pourraient aussiêtre évoqués). Certains de ces hommes et de ces femmes arrivés dans lesmétropoles encore esclaves ont ensuite été affranchis soit par leurs maîtres,soit à la suite d'actions en justice (dans le cadre du débat sur la légalité del'esclavage sur le sol européen). Or, les uns et les autres se sont intégrés demanière très différente selon les sociétés métropolitaines d'Europe, ce quenous essaieront d'expliquer.

L'axe « Droit : normes,pratiques et rapports sociaux » du programme EURESCL 7ePCRD fait appel auxchercheurs intéressés pour proposer des interventions ciblées sur ces thématiqueset fondées sur des recherches spécifiques et pointues, utilisant les sourcesprimaires, et examinant notamment, mais non exclusivement, les trois hypothèsesévoquées plus haut. Les communications d'une durée de 20 à 25 minutes pourrontêtre données en français ou en anglais. Les textes devront être remis avant le30 mars 2009. Les collègues intéressés sont invités à soumettre une propositiond'intervention, d'une page au maximum, comprenant obligatoirement les titres etqualités des auteurs ainsi que le titre de leur communication et un résumé.Elles doivent être envoyées au plus tard pour le 30 octobre 2008 à la coordination scientifique du colloque :Dominique Rogers (dominique.rogers@wanadoo.fr)et Céline Flory (celineflory@orange.fr)

Le colloque se déroulera àBordeaux en France dans le cadre des « 2èmes rencontres atlantiques duMusée d'Aquitaine". A l'occasion de cette manifestation, a été organisé unprogramme plus large de formation pour le public scolaire (élèves etenseignants du primaire et du secondaire), mais aussi de vulgarisation àdestination du grand public (festival de films, spectacles et expositions). L'ensembledu programme débutera le 10 mai 2009 avec l'inauguration des nouvelles sallespermanentes du Musée d'Aquitaine consacrées à "Bordeaux, le commerceatlantique et l'esclavage". Le détail des activités élaborées enpartenariat avec le Musée d'Aquitaine, le Rectorat et l'Inspection Académique seradisponible en ligne sur les sites du musée d'Aquitaine, du projet EURESCL, duGDRI-CIRESC, du Rectorat d'Aquitaine et de l'Inspection Académique de Gironde.

www.esclavages.cnrs.fr