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Absence, enquête et quête dans le roman d'expression française

Absence, enquête et quête dans le roman d'expression française

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Alice Delphine TANG et Patricia BISSA ENAMA)

Absence, enquête et quête dans le roman d'expression française

Appel à contribution pour un ouvrage collectif [paru en 2010: A. D. Tang, P. B. Enama (dir.), Absence, enquête et quête dans le roman francophone]

Nous vous proposons de réfléchir au paradoxe ouvert sur un monde littéraire nouveau. La littérature moderne se veut de plus en plus lucide et expression d'un malaise. Faisant sa propre autopsie, elle analyse tous les aspects de la construction dans le récit : les personnages, la narration, le romancier, le lecteur…

Au départ, tout semble fonctionner sur la base d'une énigme à élucider. Les choses comme les personnages sont engagés dans une vaste entreprise d'élucidation. La raison devenant la chose du monde la mieux partagée. La déduction, l'analyse, la déconstruction, la reconstitution/reconstruction organisent le mode d'écriture et de lecture.

L'enquête inscrit donc dans l'ordre du récit l'avènement d'un savoir, d'une arithmétique dans la construction de l'oeuvre. Celle-ci se présente dès lors comme un puzzle offert en pièces détachées et éparses. Le but que poursuivent la lecture et la compréhension d'un texte étant sa reconstruction et sa modélisation en une pièce unie à la fin du roman.

Lorsque le roman ne met pas en scène un enquêteur, il élit le lecteur en substitut d'enquêteur, ou en collecteur d'indices pour le plus grand bonheur du récit construit et achevé à la fin du roman. Et le romancier sorte de criminel qui laisse quelques indices devant servir plus tard à recréer l'unité du récit. Une telle narrativité fait de tout récit éclaté et discontinu une histoire à venir et à faire. 

L'absence, l'enquête et la quête forment les mots d'ordre à la base de la création littéraire dans certains textes romanesques : roman, roman policier, roman d'aventures, roman historique, etc.…. Ils se trouvent à la genèse de la tension dramatique qui anime le récit.

Cet ouvrage se propose d'étudier les ressorts épistémologiques et esthétiques de ce type de narration selon que l'investigation est vouée à la résolution d'une énigme (enquête policière, enquête judiciaire, quête de soi, enquête sur l'histoire…) qui vise une meilleure compréhension dans le contexte de l'enquête administrative ou de l'enquête sociale, à la manière de L'Etranger de Camus, du Procès de Joseph Kafka, de Perpétue de Mongo Beti, de L'aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane.

De fait, nous constatons que d'une part, tout livre est une question posée, une énigme à résoudre et d'autre part, que la narration se sert des ressorts du policier : suspens, mystère, désir de découvrir la face cachée des choses…

Dans cette perspective, les pistes suivantes pourraient être privilégiées :

1) - La figure de l'enquêteur : son statut, ses motivations, ses caractéristiques psychologiques…

2) - Les lieux de l'enquête (Chambre close, les espaces sub-urbains, la ville, la figure du labyrinthe…), le fait divers ou les témoignages.

3) - L'absence, le vide et le silence comme supports de l'enquête ; en même temps, ils posent la question de la réception narratologique. Dans ce sens, ils relèvent l'intérêt et la passion que peut ressentir un lecteur pour ce qui n'est pas dans le texte, plutôt que pour ce qui s'y trouve manifestement.

 L'imaginaire du lecteur : la conscience, d'un manque, d'un vide, d'un bat qui blesse… motive la lecture, la critique, l'explication, l'interprétation, le commentaire. En somme l'énigme inhérente à toute narration entretient l'intérêt du récepteur. Elle reste active tant que perdure l'absence, le vide, l'enquête ou la quête.

Les notions (enquête, quête (requête, conquête) et absence reposent sur une attente, un silence par rapport à un ordre. Cet écart ou déséquilibre est la condition du mouvement et motive le désir.

4) - Psychologie et pathologique

Ces notions font référence à une inadaptation souvent existentielle, une anormalité, un état de vacuité mentale, une absence à soi-même. La reconquête de soi peut ramener un ordre révolu, comme aussi la quête des origines peut motiver une entrée en écriture ou un acte créateur.

- l'absence préverbale de laquelle émerge la parole créative est aussi celle-là qui travaille le héros, le romancier ou le lecteur. De ce point de vue, tout est signe, fait signe et interroge dans la narration. Le vide est un lieu d'émergence qui suscite un désir à combler. Il engage un processus de connaissance et une nouvelle conscience au monde.

5) – La poétique du vide, de l'absence ; les imaginaires de l'enquête, ses logiques et ses méthodes.

- Ces notions, alternativement ou mises en commun évoquent une présence implicite et voilée dans le texte qui influence le sens d'un signifiant explicite et manifeste ; (on parle souvent des silences assourdissants comme aussi de quelque chose qui brille par son absence).

- Sur un plan stylistique, on peut évoquer les métaphores in absentia, où le comparé n'est pas donné mais laissé à l'interprétation. L'absence lie/lit avant tout l'imagination chargée de faire un travail de démontage et de recomposition de la trame romanesque.

L'absence est un facteur de littéralité dans la mesure où elle est susceptible de déclancher une réponse de plaisir ou de jouissance esthétique (Roland Barthes) ou un travail d'élucidation et d'archéologie sociale, historique, comportementale, etc...

L'enquête, la quête et/ou l'absence complexifient l'accès au sens, anime et passionne toute recherche.

Ainsi voudrions-nous montrer que l'intérêt majeur que l'on peut porter à un texte est d'ordre pragmatique, relève d'une culture herméneutique et représente la raison en action. 

Les propositions de résumés d'articles devront être envoyées avant le 31 Août 2008 à Alice Delphine TANG (Université de Yaoundé I Cameroun) (tangdelphine@yahoo.fr) et Patricia BISSA ENAMA (Université de Yaoundé I Cameroun) (bissaenama@yahoo.fr). Les propositions retenues devront être finalisées et transmises aux adresses ci-dessus avant le 31 Octobre 2008, selon un protocole d'écriture qui sera communiqué ultérieurement.


Le comité scientifique de l'ouvrage

1) - Bernard MOURALIS (Université Cergy-Pontoise)

2) -Justin BISANSWA (Université Laval Canada)

3) - André Marie NTSOBE (Université Yaoundé I)

4) – Alain MONTANDON (Université de Clermont Ferrand)

5) – Gervais MENDO ZE (Université de Yaoundé I)

6) – Félix Nicodème BIKOI (Université de Douala)

7) - OMGBA Richard Laurent (Université Yaoundé I)

8) -Tang Alice Delphine (Université Yaoundé I)

9) - BISSA ENAMA Patricia (Université de Yaoundé I)

10) - Françoise NAUDILLON (Université Concordia Canada)

11) - TONYE Alphonse (Université de Yaoundé I)

12) - RIOUX Catherine (Université Clermont Ferrand)