Essai
Nouvelle parution
A. Mura-Brunel & F. Schuerewegen (éds.), L’Extime/L’Intime.

A. Mura-Brunel & F. Schuerewegen (éds.), L’Extime/L’Intime.

Publié le par Marc Escola (Source : Livre reçu)

Vient de paraître :

A. Mura-Brunel & F. Schuerewegen (éds.), LExtime/LIntime, CRIN (Cahiers de Recherches des Instituts Néerlandais de Langue et Littérature Française), 41, Amsterdamn-New York NY, 2002. 86 p.

Sommaire et résumés:

JEAN-GÉRARD LAPACHERIE DU PROCÈS DINTIMATION

On se propose ici d'étudier, en se fondant sur la dérivation à partir de l'adjectif intime, un phénomène récurrent (et toujours d'actualité), à savoir la tentation (qui hante les instances de pouvoir) de forcer l'intimité d'un sujet pour inscrire en lui, au plus profond de sa conscience, des ordres, des injonctions, un commandement, bref une intimation.

FRANC SCHUEREWEGEN "PARLE" (RACINE, BAJAZET)

Je propose ici une lecture un peu philosophique d'une pièce racinienne. Il s'agit plus exactement de philosophie du langage. Je cherche a montrer, à l'aide d'une série de références empruntées à la pragmatique linguistique, pourquoi les mots sont toujours si dangereux chez Racine et pourquoi le mal consiste à vouloir s'en servir.

PHILIPPE ANTOINE DEHORS ET DEDANS INDIFFÉRENCIÉS : LA PROMENADE

Le récit de voyage tel qu'il se transforme au XIXe siècle devient écriture du moi aussi bien que du monde, mais le clivage intérieur/extérieur n'est pas toujours pertinent. Certaines séquences, en effet, font hésiter le lecteur : il croit suivre le cheminement du personnage et s'aperçoit que les repères spatio-temporels s'effacent ; il pense avoir accès à l'intimité du voyageur et il n'identifie aucun des signes de l'introspection. La Promenade (définie comme une manière d'être au monde, de le voir mais surtout de le dire) permet cette indécision. Rhétorique du spontané, style simple et naturel, poétique de l'insignifiant... s'y combinent pour créer un " espace " paradoxal : dehors et dedans s'y confondent.

BRUNO BLANCKEMAN FIGURES INTIMES/POSTURES EXTIMES

Les récits de soi couvrent tout le spectre du fictionnel. L'article se propose d'étudier la relation intime/extime en déployant ce spectre. Dans certains cas, l'usage de la fable permet d'énoncer l'intime sans le révéler et de l'écrire pour ce qu'il est : une vie secrète, soustraite à ~a place publique, en retrait des réalités extérieures, un for intérieur de langue et de fiction. À l'opposé, caler la narration au plus près de l'expérience vécue, c'est en faire un objet d'identification possible pour autrui, l'instituer en figure de connaissance commune, cultiver le lien interpersonnel qui déplace l'intime hors les murs. De l'un à l'autre de ces extrêmes (lintime en huis clos/l'intime en piste), il est des modes de saisie et de représentation intermédiaires. Exemples à l'appui, cinq types de récits sont distingués selon leur degré d'intensité romanesque, du plus puissant au mieux contenu: le type autofictionnel, littérariste, généalogique, dialogual et ethnographique.

PHILIPPE DUCAT HOUELLEBECQ OU LA CASSE DU SUJET

Appliquant aux romans de Houellebecq une grille de lecture inspirée de la systématisation tentée par Foucault de la morale sexuelle antique, on s'efforce ici de montrer que c'est une " ontologie de la séparation " qui constitue le fond de l'expérience décrite par cette littérature : celle de la désagrégation progressive des relations du sujet singulier avec le monde et les autres, voire de sa capacité à rendre compte de sa propre vie comme d'une histoire cohérente et sensée.

FRANK WAGNER " QUEST-CE QUE CEST, MOI ? " (LA DIALECTIQUE "INTIME/EXTIME" DANS (ET AUTOUR DE) LA REPRISE, DALAINROBBE-GRILLET)

Si, dans nombre de ses déclarations, Alain Robbe-Grillet présente la volonté d'élucider l'énigme de son " moi " comme une constante fondamentale de son uvre, cependant, chez cet adversaire farouche de la psychologie des essences cette problématique, loin de renouer avec les conceptions unitaires classiques de la personne, aboutit à une virulente contestation de la dichotomie " dedans / dehors " ou, si l'on préfère, " intime / extime ". Je souhaiterais donc montrer comment et à quel point ce phénomène informe son dernier roman, La Reprise : l'examen successif de la prédétermination ironique et provocatrice des protocoles de réception et de sa confirmation/contestation par le traitement de la voix narrative, du substrat intertextuel et des structures et contenus fantasmatiques devrait ainsi autoriser une spécification graduelle de ce que pourrait être " l'intime selon Alain RobbeGrillet " conception singulière (?) dont les présupposés devront alors être clarifiés.