Anne- Marie Picard, LIRE / DELIRE, Psychanalyse de la lecture
Editions Erès
coll. "Psychanalyse et écriture" - dirigée par Jean-Pierre Lebrun
En librairie : 03.06.2010
ISBN : 978-2-7492-1239-5
180 pages
PRÉSENTATION DE L'OUVRAGE :
La psychanalyse nous a appris que le sujet est le produit d'une culture alphabétique, un sujet à la lettre. Aborder « l'illettrisme » comme un symptôme plutôt que comme une maladie, peut nous éclairer sur le refus inconscient des enfants non lecteurs (15% d'irréductibles qui font vraiment couler beaucoup d'encre !) mais aussi sur la nature psychologique du plaisir de la lecture et de l'écriture.
Devenir lecteur, c'est aussi advenir, pour l'enfant, à la dernière initiation : il doit en effet admettre que la lettre n'est pas un dessin de chose, que la signification n'est pas magique mais se construit, à rebours, à la fin de la phrase, qu'il faut travailler avec le matériau de l'écrit pour pouvoir un jour, refouler l'alphabet pour ne plus voir que le sens. Pour pouvoir mettre en pièces (comme dit Freud) la mélodie de la langue de maman et admettre le phonème puis la lettre, il lui faudra aussi séparer son corps à elle du langage, de sa voix et de son regard… c'est-à-dire la mettre en pièces, elle aussi ! Ceci équivaut à un matricide imaginaire, ou tout du moins une décomplétude de la mère. Ce qui s'avère plus difficile pour les garçons que pour les filles.
Ce qu'on retrouve alors dans le plaisir de la lecture, n'est-ce pas le lieu d'une origine, d'une régression vers le Paradis de la langue maternelle, là ou le mot convoquait la chose ? La « page vierge » de l'écrivain, n'est-ce pas ce territoire fantasmatique perdu où on peut faire comme si… le langage redevenait formule magique, celui de la bonne Fée qui, d'un coup de plume, créerait le monde, le moi et son objet de désir ? C'est là notre dé-lire : faire semblant que les mots sont des pictogrammes empreints de la valeur sacrée ou des maléfices de notre subjectivité… Cette théorie erronée de l'écrit est une solution onirique partagée par les non-lecteurs et les écrivains… mais aussi les sujets de culture alphabétique que nous sommes. Elle est le lieu de naissance de la littérature.
LIRE / DELIRE, Psychanalyse de la lecture
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION : Les Facteurs inconscients dans la lecture
I. ADVENIR A LA LECTURE
Le Sujet avant la lettre : un petit croyant Le Livre entre totem et tabou
L'enfant merveilleux
Le bain de mère : heimlich sweet heimlich
Le Sujet à la lettre : castration symbolique et initiation à la langue Une mère étrangère : Qui parle ?
De la langue maternelle à la langue du livre : Ça parle !
A qui ? La place psychique du lecteur à venir
Lettre ou ne pas être : le Cauchemar des non-lecteurs Théories erronées et croyances: comment ne pas accéder au savoir
Maintenir le statu quo, composer avec l'Impossible
KESKESEXA? Conserver l'illisible
II. LA CHOSE DU LIVRE & LE CORPS LISANT
Lire est un acting out « A haute et intelligible voix » : le Lesen freudien
« Les mots … m'ont livré leur sens sans que je les nomme »
L'Autre voix : La Chose du livre Eros lecteur
La Lecture féminise
Etre ce que lis ou la « pénombre de l'efficacité symbolique »
III. ECRIRE, DE-LIRE : LE REVE DES POETES
Dé-lire 1 : Le Livre, Pays natal de l'être Le moi, un effet de lecture ?
La lettre, ce morceau de corps
Dé-lire 2 : Effacer le nom du père SPLENDID SPLENDID SPLENDID SPLENDID
X : la première lettre d'un nouvel alphabet
Ecrire, un travail du corps contre la précarité de la lettre
Dé-lire 3 : Ecrire pour dé-lire la nécessité de la séparation La voix du père dans les mots
Sur le corps du père, la lettre primordiale
OR : lettres ou ne pas être
Les lettres du père ou l'interdit de lecture
Ecrire, un « inceste magique »
Dé-lire 4 : L'Aventure littéraire, un matricide impossible L'ad-venture ou le Temps hors-la-mère
« Mon épouvantable richesse »
L'impensable inscription ou écrire comme on tue
On a tué la mère... au nom du symbolique
La littérature ou l'échec de la père-version
Conclusion : La lecture, critique de la jouissance maternelle