Édition
Nouvelle parution
A l'origine des Fioretti. Les actes du bienheureux François et de ses compagnons.

A l'origine des Fioretti. Les actes du bienheureux François et de ses compagnons.

Publié le par Marc Escola

A l'origine des Fioretti - Les actes du bienheureux François et de ses compagnons
Jacques Dalarun


Paru le : 25/09/2008
Editeur : Cerf
Collection : Sources fransiscaines
ISBN : 978-2-204-08698-1
Nb. de pages : 284 pages

Prix éditeur : 19,00€


Parmi les récits consacrés à François d'Assise, nul n'a atteint la notoriété des Fioretti qui ont fini par se confondre avec l'image même du " petit pauvre ".

Pourtant on sait depuis 1902 que le texte italien n'est que la traduction d'un original latin, plus authentique et plus long. Dans la collection " Sources franciscaines " donner la première traduction française des Actes du bienheureux François et de ses compagnons, ancêtre injustement négligé des célèbres Fioretti, a donc paru une nécessité. Le texte latin fut rédigé entre 1327 et 1337. Il reflète la sensibilité des Spirituels, frères mineurs partisans d'une application stricte de la Règle.

Les Actes ne sont pas une légende franciscaine au sens strict : pour héros, ils n'ont pas le seul François, mais aussi ses compagnons. Dans les Actes, François est identifié au Christ, comme aucune autre source n'avait osé le faire. Mais par rapport aux légendes antérieures, l'équilibre entre vie active et vie contemplative s'est inversé : le saint, littéralement, décolle de terre, dans une extraordinaire légèreté de l'être à quoi l'ont préparé sa conception et sa pratique d'une pauvreté absolue.

Les auteurs des Actes ont fait le choix de la simplicité stylistique comme ils avaient fait le choix de la simplicité franciscaine. Le charme n'est que plus fort : sur le mode du conte, les Actes du bienheureux François et de ses compagnons narrent une ascension toujours recommencée sur une échelle spirituelle projetant les frères vers François qui les entraîne à l'imitation du Christ. L'introduction, les notes, les concordances, l'index sont conçus pour multiplier les clés de compréhension et permettre ainsi à chacun, par une remontée aux sources franciscaines, de redécouvrir François d'Assise, dans la nudité et la simplicité qu'il aimait.

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Dans Libération du 18/12/8, on pouvait lire un article sur cet ouvrage:

Sainte saga, par R. Maggiori

Ouverture

Préférence. Parution du texte à l'origine des «Fioretti», récit desactes de saint François d'Assise, l'«autre Christ» qui apprivoisait lesloups et les tourterelles.

Les Actes du bienheureux François et de ses compagnonsIntroduction de Jacques Dalarun, traduction d'Armelle Le Huërou,révision de Jacques Dalarun et Olivier Legendre. Cerf-Editionsfranciscaines, 284 pp., 19 euros.

Comment François fitpromettre au féroce loup de Gubbio de ne léser plus jamais ni animal nihomme. Comment François soigna l'âme et le corps du lépreuxblasphémateur. Comment François «fit croître le vin dans une vigne où il n'y avait pas de raisin». Comment François «leva frère Massée en l'air avec son souffle»…Si les miracles existent, Dieu existe, disait Pascal - et son Fils itou: aussi saint François d'Assise, auteur de moult prodiges, peut-il être«l'autre Christ». Si les miracles existent, rétorquait Spinoza,Dieu n'existe pas, et François est certes un homme très saint et trèshumble, mais dont l'hagiographie n'est qu'à l'adresse des dévots.

Acceptation.Par leur succès universel, les Fioretti -imprimés pour la première fois à Vicence en 1476, deux siècles et demiaprès la mort de François - ont contribué de manière décisive à lalégende dorée du «Petit Pauvre». François est à jamais le François des Fioretti, qui amadoue les loups ou parle aux oiseaux, et les Fioretti,conçus probablement (on ne sait pas bien par qui) comme canevas à usagedes futurs prédicateurs ou livret d'édification des fidèles les pluscandides, demeurent l'expression la plus poétique des vertusfranciscaines, l'humilité, la pauvreté, la joie simple, l'amour de lacréation, l'acceptation résignée des maux et des humiliations. Orl'éclat même des Fioretti a comme aveuglé tout le reste, faitque les reconstructions historiques, idéologiques ou «pieuses» de lamémoire se soient mêlées, et rendu ainsi tâtonnants la recherchephilologique, l'établissement des textes, l'identification des«rapporteurs» et des scribes, la chronologie, le statut destémoignages, etc.

A l'occasion du huitième centenaire de la fondation de l'Ordre franciscain, le Cerf et les Editions franciscaines lancent une «nouvelle édition française des sources franciscaines», qu'inaugurent la publication des Vies de saint François d'Assise de Thomas de Celano - le premier biographe du Poverello - et, surtout, celle des Actes du bienheureux François et de ses compagnons. Les Actus beati Francisci et sociorum eiussont un document important, traduit pour la première fois en françaisde façon complète et selon les règles de l'édition scientifique : ils'agit du texte latin à partir duquel a été composé le florilège des Fioretti.

Entre 1327 et 1340, à peu près un siècle après la mort de François,un frère mineur, Hugolin de Montegiorgio (une bourgade des Marches,près d'Ancône) recueillit dans ces Actes, en latin, lesépisodes de la vie de François et de ses premiers compagnons, extraitsde la tradition orale - travail qui, dans les années suivantes, serapoursuivi par un autre frère, originaire lui aussi des Marches, Hugolinde Sarnano. Ce n'est que dans la seconde moitié du XIVe siècle qu'on tira des Actes cinquante-trois épisodes qui, traduits en toscan, donnèrent les Fioretti.

Quelles différences entre les Actes et les Fioretti ?L'oeuvre latine peut se diviser en quatre sections. La première décritles miracles de François, et la fraternité des origines, qui le lie àGilles, Elie, Bernard de Quintavalle, Léon, Ange, Claire d'Assise ; ladeuxième, «sans totalement éliminer François, fait la part belle aux compagnons» :Elie encore, frère Massée, Bernard, Conrad d'Offida ; les deuxdernières évoquent plus spécialement la mouvance des Spirituels desMarches - province adriatique où «les saints frères», dont «la mémoire est vraiment une bénédiction divine», «brillaient de vertus rayonnantes». Les Fioretti,vulgarisés oralement entre 1370 et 1390, font quasiment disparaîtrecette source de la spiritualité francescaine pour tisser la légende deFrançois.

Erémitique.Bien que canonisé dès 1228, François connut desrapports difficiles avec l'Eglise, qui, probablement, à d'autresépoques, l'eût brûlé comme hérétique. Le choix de la pauvreté, de lasoumission et du renoncement au pouvoir, d'une certaine marginalité,heurtait aussi bien son propre Ordre que la papauté. Les Actessont compilés au moment même où Rome condamne les Spirituels, partisansd'une stricte observance de la Règle et du Testament de François. Ilsne se présentent pourtant pas comme une arme de «résistance». Plutôtcomme rappel nostalgique d'un «franciscanisme primitif», érémitique,ascétique, tout en dénuement et sérénité, ou, écrit Jacques Dalarun,comme l'«échappée mystique hors de l'histoire» - une histoired'où le projet franciscain originel semblait déjà avoir été chassé.Mais François lui-même pensait-il être entendu par la puissante Egliselorsqu'il disait que «Dieu choisit la folie du monde pour confondre les sages» et «les choses ignobles, méprisables ou infirmes pour confondre les nobles, les puissants et les forts»?