Édition
Nouvelle parution
A. Giraffi, La Révolution de Naples

A. Giraffi, La Révolution de Naples

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Editions Anacharsis)

Alessandro Giraffi, La Révolution de Naples. Les dix jours de Masaniello

Traduit par Jean-Luc Nardone  et Jacqueline Malherbe-Galy

Toulouse: Editions Anacharsis, "coll. "Famagouste", 2010, 240 p.

  • Isbn 13 (ean) 9782914777582
  • 21 €

 Présentation de l'éditeur:

« Tout Naples n'est qu'un cri. Le fait seul de décrire une révolte populaire, massive, porte naturellement à donner vie aux murmures grandissants, aux grognements sourds, aux déplacements de la foule qui constituent une basse continue ponctuée fréquemment d'éclats sonores, d'interjections, de “Vive !” et de “À mort !”, des marques d'une frénésie, en somme, qui s'épancherait dans une fureur sonore. » (Introduction)

En cette année 1647, Naples est l'une des plus grandes villes d'Europe, l'une des plus populeuses aussi, et la capitale du Royaume des Deux-Siciles, domaine du roi d'Espagne administré par un Vice-roi nommé par la couronne madrilène. Mais la domination espagnole, relayée peu ou prou par l'aristocratie et les ecclésiastiques locaux, pèse sur le peuple.

Les taxes se font toujours plus lourdes, toujours plus nombreuses, et, à l'été de cette année-là, suite à une nouvelle taxe sur les fruits, la révolte éclate.

C'est un obscur pécheur, fils d'une prostituée, qui prend à sa charge d'organiser la protestation en rassemblant à ses côtés les lazzaroni de Naples. Tommaso Aniello, dit Masaniello, se propulse, en dix jours d'une révolution populaire violente et radicale, à la tête d'une éphémère « République Royale de Naples », comme on l'appela étrangement parfois.

Mais Masaniello, parvenu brusquement au faîte d'une puissance absolue, semble avoir basculé dans une démence sanguinaire. Et ce sont ceux-là mêmes qui l'ont soutenu dans son ascension qui vont, tournant casaque, littéralement le massacrer.

Dès lors, Masaniello devint une figure populaire de la Naples frondeuse, personnage énigmatique à la fois allégorie christique dévouée à la cause du peuple napolitain jusqu'à en mourir et tyranneau atteint d'une folie hystérique incapable de supporter le poids du pouvoir sans borne qui lui aura échu.

Alessandro Giraffi, tel un John Reed du XVIIe siècle, donne à lire dans ces pages palpitantes l'histoire de cette révolution jour par jour, pour ainsi dire d'heure en heure, qui, d'émeutes en coups de mains, de négociations houleuses en affrontements armés, s'enfle et grossit au point d'expulser un temps la vice-royauté de la ville.

Alessandro Giraffi, ou Scipione Napolini, narrateur demeuré inconnu par ailleurs, a écrit à chaud, l'année même de la Révolution, et son ouvrage fut aussitôt traduit, en 1648, en anglais, à l'époque où la Grande Bretagne connaissait elle aussi des mouvements de « Nivelleurs ». C'est que la Révolution de Naples est loin d'être une simple anecdote, et les révoltes égalitaristes ou communautaristes fleurissaient en même temps en Europe : c'est deux ans plus tard seulement, le 30 janvier 1649, que la tête de Charles Ier d'Angleterre roulait au sol…

Témoignage haletant sur une crise sociale et politique majeure très méconnue, le récit vibrant de cette révolte populaire est aussi l'histoire de l'élévation puis de la déroute d'un homme lancé à corps perdu dans les méandres dangereux de la lutte pour le pouvoir et la liberté.

Les traducteurs

Jean-Luc Nardone est professeur de littérature italienne à l'université de Toulouse-le Mirail, et Jacqueline Malherbe-Galy est professeur émérite de littérature italienne de la même université ; tous deux ont traduit chez Anacharsis les romans d'Alberto Ongaro.