Essai
Nouvelle parution
A. Farge, Le silence le souffle.

A. Farge, Le silence le souffle.

Publié le par Marc Escola


Arlette Farge

Le silence le souffle

27 p.

Éditions La Pionnière, oct. 2008, 26 p.

  • EAN: 978- 2908092468 
  • 19 €

C'est à la lecture de deux tableaux, reproduits en quadrichromie, qu'Arlette Farge nous invite : le Lever de Fanchon, de Nicolas Lépicié et le Philosophe lisant, de Jean-Honoré Fragonard. Deux figures de ce dix-huitième siècle au cours duquel se lève l'envie de la connaissance, deux portraits à partir desquels Arlette Farge dessine un parallèle entre la vision d'un tableau et sa lecture si personnelle des textes d'archives.

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On peut lire sur le blog de P. Assouline un billet sur cet ouvrage:

Une historienne touchée au coeur

C'est très court, très bref, le temps d'un souffle. C'est un petitlivre tellement précieux, et si soigné, que l'auteur y a posé sadédicace au crayon à mine, comme le font souvent les artistes au basdes dessins ou des lithographies. Une manière délicate de respecter lebeau papier que lui a offert l'éditeur, un Tintoretto de Fedrigoni.C'est juste la rêverie d'une personne dont la profession n'est pasprécisément de rêver. Le songe d'une historienne devant deux tableaux, Le lever de Fanchon de Nicolas-Bernard Lépicié (Musée de l'hôtel Sandelin à Saint-Omer), et Le Philosophe lisant de Jean-Honoré Fragonard (Hamburger Kunsthalle à Hambourg). Le silence, le souffle (27pages, 19 euros, éditions La Pionnière ) d'Arlette Farge portel'empreinte d'un de ses plus beaux livres, paru en 1989 sous le titre Le goût de l'archive. Entre les pages et sous les lignes, on l'entend encore résonner. Cette fois, l'enjeu est autre. “Archive sobre, peinture parlante, poésie muette” écrit-elleface à Fanchon, dont le lever n'est pas vraiment celui d'une reine.Cette Fanchon, combien de fois n'a-t-elle pas vu sa fiche dans lesdossiers de police ! Fanchon habite les procès-verbaux depuis leXVIIIème. Son âme git entre les liasses dans les cartons. Soninquiétude touche autant la chercheuse que la violence qui sourd dechaque trait du vieillard.

Ce qui compte cette fois, c'est ce qu'un tableau a d'attentif.Sa capacité à nous interroger sur le lisible et le visible. Sa facultéà forcer le regard de l'historien pour pratiquer l'aller et retourpermanent entre la vision d'un tableau et la lecture d'un document.Lexique, syntaxe, grammaire : c'est aussi dans le tableau. Il fautapprendre à le lire, quitte à renouer aussitôt après avec l'émotion, età suivre l'injonction du Diderot aux peintres du Salon de 1765 : “Touchez les coeurs !”