Édition
Nouvelle parution
A. Baillet, Vie de M. Descartes (éd. intégrale)

A. Baillet, Vie de M. Descartes (éd. intégrale)

Publié le par Marc Escola

LA VIE DE MONSIEUR DESCARTES
d’Adrien Baillet

En librairie le 12 janvier 2012

La Vie de Monsieur Descartes

Édition des Malassis/Éditions des Équateurs
Relié avec jaquette. Mis sous film.
Pagination : 1 072 pages.
Format : 168 x 260 mm.
Poids : 1 763 g.
ISBN : 978-2-84990-203-5.
 
Prix : 45,00 €

« Ce n’est point dans la vie d’un philosophe retiré du grand monde que l’on doit chercher une variété divertissante d’événements éclatants, qui semblent n’être représentés que pour jeter dans la surprise, et pour attirer l’admiration. Mais on y trouve la sagesse et la vertu dans un état plus naturel et plus proportionné à la portée de tout le monde. La vie d’un philosophe consiste moins en actions et en exploits extérieurs, qu’en sentiments et en pensées; mais parce que le philosophe est inséparablement attaché à l’homme, il s’agit principalement de savoir comme la philosophie aura gouverné la condition humaine dans les actions même les plus basses et les plus privées. »    (Adrien Baillet.)

La Vie de Monsieur Descartes d’Adrien Baillet est le récit d’une aventure humaine. Celle du philosophe français le plus connu. Sont retracés dans le détail ses études au collège de La Flèche, sa vie militaire et mondaine, ses voyages, sa retraite en Hollande, ses expériences scientifiques, ses amitiés, ses polémiques, enfin sa mort, en Suède, dans le palais glacé de la reine Christine. Cet ouvrage expose également, et avec clarté, une pensée – complexe – qui, cultivée « à l’ombre et dans le silence », fut à la source de la philosophie moderne.
 
Introuvable depuis sa parution en deux volumes en 1691, sinon sous sa forme abrégée, cette Vie fut la première biographie de celui que Hegel tenait pour un héros. Elle reste, à tout point de vue, la meilleure, celle à laquelle on fait référence et que l’on cite toujours. Celle qui, en 1930, inspira Samuel Beckett quand il composa Whoroscope, un poème sur le temps.

Lire quelques pages

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On peut lire sur le site remue.net un article sur cet ouvrage.

Et dans le Monde du 13/1/12, cet article de R.-P. Droit:

"Un matin tôt, début janvier, trouvant à votre porte un gros paquet mal fichu, à quoi pouvez-vous penser ? Cadeau venu de loin, chocolats tardifs... des choses comme ça. En tout cas, sûrement pas un millier de pages sur la vie de Descartes. Eh bien, si ! Arrivée on ne sait d'où, éditée par la coopération de deux petites maisons, réimprimée pour la première fois depuis 1691, voilà la première et la plus célèbre des biographies du superhéros de la pensée française et de la philosophie des Temps modernes réunis.

Rédigé quarante ans après la mort du philosophe, ce travail de l'abbé Baillet est toujours cité partout, mais sous sa forme abrégée. Chercheurs mis à part, personne ne met plus le nez dans ces deux gros volumes ici réunis en un seul. Il y a longtemps que les experts en ont souligné certaines erreurs et nombre de partis pris. La minutieuse enquête conduite par Geneviève Rodis-Lewis pour sa biographie de Descartes (Calmann-Lévy, 1995) met notamment en lumière une kyrielle de détails à redresser dans ce texte du "bon Baillet ", longtemps considéré comme "le meilleur et le plus complet ".

Peu importe, toutefois, les dates à corriger et les soucis d'historiens. Car ce qui réjouit, dès qu'on s'immerge dans cette prose désuète, ce ne sont pas les descriptions des savants du temps ni le récit des questions scientifiques débattues. En fait, c'est le romanesque - l'étrangeté du style, cette volonté constante de peindre le héros sous un jour probe et vertueux, de multiplier pieusement les signes : son discernement, son désintéressement, sa prudence et sa sagesse, sa douceur et sa modération, sa rigueur et sa lucidité, sa fidélité et sa vivacité...

Pour entrevoir autre chose, il faut scruter les arrière-plans. On y devine bien plus de bruit et de fureur que Baillet, qui rédigea ensuite des vies de saints (ça ne s'invente pas), n'en veut montrer. Descartes soldat, bretteur, homme à femmes, secret, dissimulateur, bouleversé par les trois rêves de 1619 qui changent le cours de sa vie, parfois craintif parfois téméraire, traversé de pressentiments, fidèle à sa nourrice (sa mère mourut avant qu'il eut un an) et surtout, au détour d'une page, surprenant de nudité.

Car, en lisant Baillet, de temps en temps, on est surpris. Que Descartes n'ait pas rencontré Galilée durant son voyage en Italie, quoi d'étonnant ? Qu'il semble ne pas l'avoir lu, c'est déjà plus étrange. Mais qu'il affirme que ce qu'il y a de mieux chez Galilée, c'est sa musique... parce qu'il le confond avec son père, voilà qui laisse rêveur. Tout comme cette remarque de Baillet : "Il faut avouer néanmoins qu'il ne lisait pas beaucoup, qu'il avait fort peu de livres, et que la plupart de ceux qui se trouvèrent par son Inventaire après sa mort étaient des présents de ses amis. "

On aurait donc tort de croire que la fragilité du superhéros soit un thème récent. L'Age classique en tirait déjà les ficelles. Il n'est pas simple de comprendre par quels détours elles agissent toujours. Il est sans doute plus malaisé encore de savoir pourquoi, au temps du numérique triomphant, il se trouve des anonymes pour se lancer dans pareille aventure de papier."