Actualité
Appels à contributions
3ème rencontre des Jeunes Chercheurs en Études Africaines

3ème rencontre des Jeunes Chercheurs en Études Africaines

Publié le par Marc Escola (Source : Elara Bertho)

3ème rencontre des Jeunes Chercheurs en Études Africaines
 

Dans la continuité d'une démarche initiée en 2013, la 3ème rencontre des Jeunes Chercheur.e.s en Etudes Africaines (JCEA) aura lieu à Paris les 14, 15 et 16 janvier 2016. Comme lors des éditions précédentes, il s’agira de permettre aux doctorant.e.s, jeunes docteur.e.s et post-doctorant.e.s de dialoguer autour de leurs travaux portant sur les Afriques sans exclusive, Caraïbes et Afrique du Nord comprises, au croisement de toutes les disciplines. Cet espace d'échanges favorisera un vaste état des lieux des travaux des jeunes chercheur.e.s en cours. Les communications, qui pourront se faire aussi bien en français qu’en anglais, seront articulées autour de vingt-deux panels dont les lignes directrices sont présentées dans l'appel à communication.

Les inscriptions s'effectuent en ligne sur le site de la manifestation : http://jcea2016.sciencesconf.org/

Voici les panels à dominante littéraire : 

Panel 4 : Musique(s) d’Afrique(s) ?

Les musiques associées au continent africain, de par leur diffusion à l'échelle mondiale, ont été étudiées par l'ensemble des sciences humaines et sociales pour illustrer les mécanismes du transfert culturel. Dans cette perspective, de nombreuses études opèrent un glissement de la notion de musique africaine vers celle de "musique noire". L'espace atlantique comme cadre d'étude y exerce un poids considérable, écrasant peut-être, si l'on considère qu'il tend à s'émanciper des complexités internes au continent africain. Ce panel se propose de penser les musiques africaines en contexte, en portant une attention particulière aux genres populaires nés de la période coloniale et des indépendances, du highlife à la rumba congolaise, en passant par le raï. On pourrait par exemple interroger l'importance des influences extérieures – rumba, jazz, hymnes religieux, rap... –, le poids des contextes politiques – les indépendances, les situations postcoloniales... –, les circulations continentales – la question de l'espace saharien en particulier –, ou encore le rapport dialectique entre musique dite "traditionnelle" et musique dite "moderne".

Panel 12 : Corps, genre(s) et sexualité(s)

Depuis deux décennies, les études africaines ont pleinement investi les réflexions initiées par les études de genre, que ce panel vise à aborder par le prisme du corps et des sexualités. En abordant les thématiques liées à la prostitution, au concubinage, au mariage, aux pratiques sexuelles, mais aussi à l’homosexualité et à l’hybridité du féminin et masculin, il s’agit d’interroger la construction et l’articulation d’un ensemble de discours et de pratiques de colonisation, d’encadrement et de gestion de l’intime dans les sociétés africaines. Il s'agit aussi de "reconnecter" l'Afrique en montrant que l'évolution des sexualités et des pratiques corporelles se fait souvent, mais pas exclusivement, en regard de valeurs et de normes, souvent politisées, d'autres régions du monde. En outre, en élargissant la réflexion aux techniques  corporelles et à la mise en scène de soi, ce panel vise à analyser non seulement la manière dont les corps sont investis et disciplinés par des enjeux et politiques visant à assigner une place aux individus dans l’espace social, mais aussi comment ces derniers habitent, négocient, voire superposent ces "normes".

Panel 13 : Espaces du rire et formes de la dérision politique

Dans le cadre des travaux sur le politique par le bas en Afrique, le rire est surtout perçu comme un défi à l’autorité, un instrument de contestation et de transgression. Pourtant, la dérision peut aussi servir à exorciser la peur et à ce titre être revendiquée et récupérée par les autorités d’un régime répressif, qui la tolère ou l’encourage, voire se l’approprie pour empêcher des mobilisations directes et violentes. Par ailleurs, les frontières de l’humour politique se restructurent en permanence, soulignant la dimension historicisée du rire. Ce panel propose d’étudier les différentes formes du rire : boutades, bons mots, graffitis, caricatures, slogans subversifs ou satiriques, ou plaisanteries irrévérencieuses et grivoises incarnées par la figure du bouffon. Outre l’humour politique, on s’intéressera à toutes les déclinaisons du rire, dans les domaines religieux et sexuels par exemple où il est sujet comme ailleurs à d’importants tabous. D’une manière générale, il s’agit d’interroger le rôle du rire comme signe d’appartenance sociale et comme source ou mode de gestion des conflits, dans le cadre des relations à plaisanterie par exemple. Langage chuchoté ou raillerie assumée, le rire se situe à la charnière de l’oralité et de l’écriture, depuis l’espace public de la rue ou de l’arène politique jusqu’à l’espace privé, en passant par l’espace médiatique.

Panel 18 : Imaginaires, pratiques et connexions linguistiques

Les langues introduites par les anciens empires coloniaux européens (le français, l’anglais, le portugais, l’espagnol) s’entremêlent avec les autres langues du continent, elles-mêmes parfois issues d’anciens empires (à l’instar de l’amharique), ou encore avec l’arabe. Ce panel interroge les pratiques langagières au regard des évolutions, imbrications, rapports de force et interrelations entre les différentes langues usitées, à travers des études de cas linguistiques, historiques, sociolinguistiques, ou des illustrations en littérature et dans les arts. Ces frontières fluctuantes engendrent des rapports de domination, des constructions mythifiées et des investissements identitaires complexes qui dépendent des subjectivités des acteurs, des lieux et de multiples désirs d’appartenance. Les variations linguistiques, comme les rapports de pouvoir symbolique, inscrits dans des contextes mouvants de plurilinguisme et de multilinguisme, rendent par exemple les politiques linguistiques ou les campagnes d’alphabétisation en "langue locale", complexes à harmoniser. Les communications attendues pourront donc analyser les jeux d’échelles et de labilité entre les langues, qui induisent des dynamiques plurielles de bricolage, syncrétisme, rejet et appropriation. Ce panel s’intéressera également au positionnement du chercheur face à l’usage des langues lors du travail de terrain, le choix linguistique constituant un enjeu méthodologique qui détermine tant l’accès au terrain que la production des données.

Panel 19 : Fabriques mémorielles

Comme dans d’autres régions du monde, mémoire et histoire sont articulées et recomposées à différentes échelles sur le continent africain. Elles sont associées à des objectifs politiques, économiques et sociaux diversifiés, qui font aussi écho aux enjeux de légitimation politique des Etats-nations. De la "fabrique des grands hommes" aux processus de reconstruction de la mémoire des conflits, en passant par un retour de la mémoire coloniale qui oscille entre rejet et nostalgie, l’histoire est réinterprétée, hybridée et frôle souvent la fiction. Ce panel transdisciplinaire propose d’interroger les constructions mémorielles selon différents angles. Il s’agira par exemple de décrire et d’expliquer la façon dont l’histoire se mythifie, l’évènement entre dans la légende et la personne historique devient héroïque. Quels sont les acteurs de ces processus, les outils qu’ils mobilisent, les arènes dans lesquelles ils se déploient, ou encore l’impact politique, médiatique ou culturel de ces récits ? On s’intéressera également au traitement actuel des matérialités du passé qui informe sur la transformation des pratiques, des représentations et des discours dans les processus historico-mémoriels et la circulation des savoirs. Nous questionnerons enfin la position du chercheur face à ces enjeux de mémoire : comment observer et analyser les réécritures de l’histoire et comment rendre compte de leur imbrication et de leur circulation ?

 

Panel 20 : Diversifier et articuler les sources

Les sources orales ont été des sources privilégiées de la recherche africaniste, et les chercheurs s’en sont abondamment emparés. Nous fondant sur ce constat, nous souhaitons cependant interroger l’articulation de ces sources orales aux autres types de sources : comment la collecte se pratique-t-elle aujourd’hui, avec quels moyens, et de quelle façon par exemple l’oral entre-t-il en résonance avec les nouveaux moyens de communication ? Ce panel interrogera également les types de sources qui émergent sur les ondes, dans la presse populaire, dans les bandes dessinées ou caricatures, dans les nouveaux médias, sur internet… Il analysera les pratiques scripturaires qui sont à l’œuvre dans ces nouveaux corpus, et les redéfinitions de l’oralité qui s’opèrent (que ce soit la néo-oralité ou l’oralité seconde, à la radio ou au théâtre...). Comment penser l’hybridité de certaines sources et de certaines pratiques, jusque dans les écrits du quotidien ? Que dire des formes d’écriture ordinaire et littéraire qui mettent aussi en récit les sociétés, matérialisent des supports de connaissance, s’approprient ou élaborent des savoirs, constituent des obstacles à leur circulation, ou encore servent l’exercice du pouvoir ? Enfin, comment se positionne le jeune chercheur pour décrire et articuler l’ensemble de ses sources dans ses propres écrits ?