Questions de société
2009: Bildungsstreik - Communiqué de l'alliance locale de la grève éducative à Heidelberg. 

2009: Bildungsstreik - Communiqué de l'alliance locale de la grève éducative à Heidelberg.

Publié le par Bérenger Boulay

Bildungsstreik

http://www.bildungsstreik.net/

Voir aussi le dossier Education is not for sale

Ce texte a été rédigé par l'alliance locale de la grève éducative à Heidelberg. Il se focalise sur la situation dans les universités. La grève est cependant soutenue par des élèves et des lycéens, par des apprentis, des enseignants, des parents, etc.

Contact: info@bildungsstreik-hd.de

Après des années de passivité et de tolérance immobile des "réformes" de la société et du système éducatif un nouveau mouvement contestataire s'est formé: La grève éducative 2009, le "Bildungsstreik 2009" - http://www.bildungsstreik.net/
Mais ce n'est que le début !

Le contexte

Des étudiant(e)s, des élèves, des enseignants-chercheurs et d'autres personnes engagées dans la politique de l'enseignement supérieur ont appelé à participer en juin 2009 à une semaine nationale de grève pour protester contre la situation de l'enseignement supérieur et du système éducatif en général.

La résonance en fut impressionnante : plus de 270.000 citoyens se sont mobilisés lors d'une journée nationale de manifestation, pour mettre en lumière les conditions insupportables dans le système éducatif ainsi que dans la société, et pour exiger un changement. Les manifestations ont donné lieu à plusieurs formes d'action différentes comme des braquages symboliques de banques, des blocages de rues et des occupations de présidences. Toute cette semaine a connu un écho médiatique considérable et plutôt positif.

Le refus complet du pouvoir politique de satisfaire les exigences des manifestants a provoqué une nouvelle semaine nationale de grève en novembre/décembre 2009. De nouveau, il y a eu de nombreuses manifestations et d'autres actions qui ont rassemblé beaucoup d'étudiant(e)s. Entre-temps, plus de 50 université ont été occupées (et certaines le sont encore).

Les étudiants ont conscience de la dimension internationale des problèmes. Les mouvements se sont partiellement mis en réseau à l'échelle internationale (via http://www.emancipating-education-for-all.org). En somme on peut constater que de nombreux étudiants se sont politisés et ont reconnu la nécessité de se battre pour leurs droits. Le mouvement s'étant formé spontanément, il doit s'organiser, aussi en ce qui concerne les revendications. On a réalisé localement de vraies utopies comme la démocratie directe, mais aussi dans l'alimentation des manifestants et des occupants par la "soupe populaire", dans l'établissement de médias indépendants (journaux, radio, vidéo en ligne...) etc. On a conscience qu'il faut contrevenir aux règles de façon bien ciblée pour arriver à un vrai changement.

Formes d'organisation

A l'échelle nationale, le principe d'organisation est la démocratie directe. Tous les accords et toutes les décisions doivent passer le plénum, où ils ne sont pas pris par la majorité mais par le consensus de tous. La grève éducative est une alliance d'individus. Les membres de partis ou d'autres groupes peuvent s'y joindre en tant qu'individus. Les alliances locales décident de façon libre et autonome de la manière dont elles s'organisent. Le réseau national ne présente donc qu'une sorte de plate-forme qui soutient les alliances locales. Tout le monde est appelé à se solidariser et à soutenir notre combat.

Les derniers développements


Entre-temps la politique a réagi en annonçant des "reformes des reformes". Cette réaction n'est cependant pas été adéquate car elle
ignore la critique fondamentale du système Bachelor-Master. Les responsables ne cherchent qu'à rétablir la "normalité" tandis que cette normalité n'est pas supportable pour nous : le système éducatif allemand est profondément sélectif, car il exclut certains groupes sociaux et reproduit la structure des classes sociales.

Les protestations nationales, européennes et internationales ne portent pas seulement sur l'influence croissante du néolibéralisme, mais aussi sur les forces conservatrices et fascistes qui tiennent à garder leurs privilèges traditionnels en cimentant les inégalités. Or, le mouvement est engagé dans un débat : la grève éducative est-elle un combat pragmatique pour un changement relatif du système d'éducation, ou est-elle un combat pour un changement profond de la société entière ?
L'avenir dira si la grève éducative se transforme en un mouvement social qui s'empare de la société entière. Les présidents des écoles et des universités réagissent aux manifestations et aux occupations cependant d'une manière de plus en plus répressive et de plus en plus par la force. Ils menacent les étudiants de l'exclusion de l'université. Il y a une semaine la police a évacué le campus de Francfort par la force

(vidéo: http://www.vimeo.com/8032263).


Les exigences des étudiant(e)s lors de la grève éducative 2009

L'idée de l'éducation est en train de se transformer : on repousse l'idéal humaniste d'une éducation qui permette la réflexion critique et qui vise à la volonté générale.
Dans le cadre de l'/Accord général sur le commerce des services /à l'échelle internationale, dans celui du /Processus de Bologne/ à l'échelle européenne, on adapte l'éducation aux besoins du marché et on transforme la connaissance en une marchandise. La résistance s'éveille cependant globalement. 

En nous plaçant dans ce contexte, nous exigeons:

*L'ouverture sociale de l'enseignement supérieur,* c'est-à-dire

- la réduction des restrictions d'admission et l'augmentation des places à l'université
- le libre accès à l'éducation et la suppression de tous les frais imposés, conformément aux lois
- la suppression de toute discrimination, en particulier de la discrimination institutionnalisée à l'encontre des étudiants étrangers.

*La suppression du système actuel "Bachelor-Master"*, c'est à dire

- l'abandon du bachelor en tant que diplôme standard
- l'abandon des restrictions temporelles, de la scolarisation et de l'excès d'examens
- l'organisation individuelle des études
- la réalisation de la mobilité dans l'éducation supérieure

*La démocratisation du système éducatif*, c'est à dire

- la suppression des contraintes économiques
- la codécision
- une représentation officielle des étudiants

*L'amélioration des conditions de l'enseignement aux université*, c'est
à dire

- la réalisation d'une conception libre de l'éducation
- l'abolition des postes précaires
- l'élévation du nombre d'enseignants
- le soutien financier de tous les étudiant au lieu du soutien de l'élite
- l'unité de la recherche et de l'enseignement au lieu de "l'excellence".

Ces exigences visent à réaliser le droit humanitaire à l'éducation. Une telle éducation libre, publique et émancipatrice est indispensable pour la démocratie. L'économisation actuelle indique le chemin contraire: les universités dépendent de plus en plus de l'économie, leur fonction sociale change profondément. L'éducation est soumise aux lois du marché. La concurrence reproduit l'inégalité. Il faut par conséquent un changement global pour réaliser nos exigences.

*Appel à la grève de 2009 contre le système de l'enseignement supérieur
et contre le système éducatif en général..*


Les conditions catastrophiques actuelles et l'évolution du système de l'enseignement supérieur ne sont plus supportables. Globalement, les restructurations concernant tous les domaines de notre vie ne recherchent plus l'intérêt commun. Elles sont soumises aux lois du marché. Depuis quelques années, les nombreuses réformes que l'on connaît visent l'enseignement supérieur : droits d'inscription et privatisation.

La crise budgétaire et économique montre clairement que les répercussions des critères de décision soumis à la logique de la concurrence ont des effets dévastateurs. Dans beaucoup de pays, s'amplifient les manifestations de protestation, par exemple au Mexique,en Espagne, en Italie, en France ou encore en Grèce. La grève de 2009 contre le système de l'enseignement supérieur allemand se fait dans ce contexte international.

Les protestations persistantes contre les droits d'inscription et la dégradation des politiques sociales de ces dernières années n'ont pas eu assez d'effets sur les décideurs dans les domaines médiatique, économique et politique. C'est pourquoi nous appelons à user de nos droits civiques et à les défendre par la grève sur l'ensemble du territoire fédéral. Des formes d'actions plurielles (manifestations, blocus et blocages, occupations et squats) trouveront leur place.
Pendant la semaine d'action qui aura lieu du 25 au 29 mai 2009, nous manifesterons avec les écoliers sur l'ensemble du territoire. Nous cherchons à nous allier avec le plus de groupes possible, comme, par exemple, les syndicats, les associations, les coordinations etc., que nous invitons expressément à manifester avec nous. Universités, lycées professionnels, écoles en général : nous sommes tous concernés par la même politique. L'objectif de cette grève est d'inciter à la discussion sur l'avenir du système de l'enseignement en général. Le progrès social et l'émancipation basée sur d'authentiques principes démocratiques découlant d'un changement politique s'imposent.

Nous proposons une véritable alternative :
·            l'autodétermination de nos savoirs et de nos modes de vie et non la compétitivité,
·        le libre accès à l'éducation et la suppression de tous les frais imposés, comme les frais de droit d'inscription, les frais de formation et les frais de garderie et de crèche,
·        le financement public de l'ensemble de l'enseignement, libéré de l'emprise de l'économie sur les contenus, sur la structure des études et sur la répartition des postes,
·        la démocratisation puis le renforcement de l'autogestion et de la cogestion des élèves et des étudiants.

Nous, les instigateurs du projet “grève 2009 contre le système de l'enseignement supérieur et contre le système éducatif en général”, appelons à la formation d'alliances au niveau local et régional. Participez à la planification sur l'ensemble du territoire.

Un autre système éducatif est possible. Il faut le réaliser de toute urgence. Le groupe du projet “grève 2009 contre le système de l'enseignement supérieur et contre le système éducatif en général”.

La liste actuelle de ceux qui nous soutiennent se trouve sur notre site Internet :

bildungsstreik.net <http://bildungsstreik.net/>

Contactez :
info[at]bildungsstreik2009.de