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1914 : guerre et avant-gardes

1914 : guerre et avant-gardes

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Marine Branland)

COLLOQUE INTERNATIONAL

Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Centre allemand d’histoire de l’art / Deutsches Forum für Kunstgeschichte

Jeudi 5 et vendredi 6 décembre 2013

 

Provenant du vocabulaire militaire, la métaphore de l’« avant-garde » traverse le monde des arts avec une intensité particulière, en Europe et aux États-Unis, au début de l’année 1914. Partout, les arts contemporains se pensent et s’affirment sur le mode du conflit et de la rupture, de l’arasement du passé proche et de la conquête autoritaire d’un avenir à connotations utopiques. Cette pensée combattante est sensible aussi bien dans les beaux-arts que dans d’autres formes d’expression visuelle, de la photographie et du cinéma aux arts décoratifs et industriels et à toutes les technologies de l’image. Les pratiques sont concernées autant que dans les discours théoriques et critiques. Dans ce contexte, des phénomènes de fragmentation interne, entre groupes, tendances, inspirations mêmes, coexistent avec une visée universaliste, animée par un rêve d’abolition des frontières entre les arts et, plus radicalement, entre les visions du monde. La quête de croisements et d’interactions entre les langages de la philosophie, de la musique, de la danse, des arts visuels, de la littérature débouche sur le désir d’entremêler les temps et les lieux, les traditions culturelles et religieuses, et d’abolir les hiérarchies entre les formes d’expression. Autour des notions de « primitif », de « populaire », d’« enfantin », mais aussi de « technologique », de « rationnel », de « scientifique », un horizon psychologique et anthropologique commun paraît à portée de mains, pour mettre fin aux fractures entre les nations, voire entre les individus. Les rivalités n’en perdurent pas moins ; les consciences nationales continuent de s’aiguiser dans les champs de l’« avant-garde », pour s’assurer le magistère de l’avenir. Kandinsky, Russe vivant en Allemagne et exposant à l’occasion en France, fait de l’abstraction la grammaire intuitive d’une langue de « l’humanité » ; mais, tout en rendant hommage à Matisse ou à Delaunay, il dénonce aussi la « sensualité » de la tradition française.

Au mois d’août 1914, la violence concrète immédiate s’empare des destins individuels et les réoriente brutalement : étranger et ennemi, Kandinsky doit quitter l’Allemagne en hâte pour échapper à l’internement ; ses amis allemands du Cavalier Bleu rejoignent le front où August Macke est tué quelques semaines plus tard. A Paris, Guillaume Apollinaire, qui se préparait à faire une conférence à Berlin au mois de janvier 1915, se fait le porte-parole d’un patriotisme virulent et s’engage volontairement. Installé à Londres depuis 1910, le jeune Henri Gaudier-Brzeska passe de l’antimilitarisme à une poétique de la violence moderniste, dans les cercles proches d’Ezra Pound, avant de mourir dans les tranchées, lui aussi, en 1915. Rares sont ceux qui, comme Romain Rolland, Pierre-Jean Jouve, Maurice Loutreuil ou, plus brièvement, André Masson, choisissent l’exil en Suisse ou en Italie, terrains neutres, pour maintenir un discours pacifiste.

À l’occasion de ce colloque international et interdisciplinaire, on interrogera les relations complexes entre les arts visuels, au sens le plus large, et l’histoire, dans un moment où la crise de la conscience européenne se cristallise en catastrophe radicale. En s’en tenant strictement à une tranche temporelle précise, entre le 1er janvier et le 31 décembre 1914, il s’agira de penser la situation intellectuelle et pratique de la création visuelle pendant les six premiers mois « ordinaires » de l’année, et de comprendre aussi précisément que possible la nature des prises de conscience provoquées par l’événement de la guerre ainsi que par les premiers combats. Les œuvres et les objets, les orientations du goût et du marché, les discours critiques et théoriques seront explorés pour faire l’anatomie de ce qui s’est fracassé, dans les représentations occidentales, entre janvier et décembre 1914.

 

Jeudi 5 décembre 2013

Université Paris Ouest Nanterre La Défense – Nanterre

Salle des conférences (Bâtiment B)

 

MATINÉE – 9h-13h

INTRODUCTION Annette Becker (Université Paris Ouest Nanterre La Défense / Institut universitaire de France)

 

FRAGMENTATIONS

Modérateur – Itzhak Goldberg (Université Jean Monnet - Saint-Etienne)

Astrid Honold (Freie Universität – Berlin) - Marcel Duchamp : Playing the Draw

Iveta Slavkova (Trinity College Hartford-Paris / Université Paris Ouest Nanterre La Défense) - L’aviateur : chevalier éternel, héros moderne, Homme nouveau des avant-gardes

Maria Stavrinaki (Université Paris I - Panthéon Sorbonne) - Barbarie moderne: le cas des vorticistes anglais

David M. Lubin (Wake Forest University) - War, Death and Modernity in 1914 : Man Ray and Marsden Hartley

 

APRÈS-MIDI – 14h-18h

IDENTITÉS

Modérateur – Rémi Labrusse (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)

Hélène Ivanoff (CNRS / EHESS) - Art et ethnologie en 1914 : Leo Frobenius, l’ethnographie déchirée entre vision universaliste et ambitions nationales

Elitza Dulguerova (Université Paris I – Panthéon Sorbonne) - L’œuvre de l’art face à la crise de l’art

Andrew M. Nedd (Savannah College of Art and Design) - “Segodniashnii Lubok” : Avant-Garde, War and National Identity

Oriane Marre (Université Paris IV – Sorbonne) - Londres en 1914 : théâtre d'une bataille artistique, miroir de luttes politiques

Georgina S. Williams (Winchester School of Art – University of Southampton) - Advertising Conflict : Propagandist Aesthetics in 1914

 

Vendredi 6 décembre 2013

Centre allemand d’histoire de l’art – Paris

Salle Julius Meier-Graefe

 

MATINÉE – 9h-13h

INTRODUCTION – Andreas Beyer (Centre allemand d’histoire de l’art – Paris)

 

INSTITUTIONS

Modérateur – Ségolène Le Men (Université Paris Ouest Nanterre La Défense / Institut universitaire de France)

Claire Maingon (Université de Rouen) - Le « cubisme » de Salon en 1914 : tradition et art moderne français  

Friederike Kitschen (Humboldt-Universität – Berlin) - The art market of the Avant-Gardes and the War : 1914

Ole W. Fischer (University of Utah, School of Architecture) - Discontinued by Mobilization – Henry van de Velde, the Theater in Cologne and Werkbund Reform

Scott Budzynski (Savannah College of Art and Design) - A New City for The Generation of the Avant-Garde

 

APRÈS-MIDI – 14h-18h

MOBILISATIONS

Modérateur – Godehard Janzing (Centre allemand d’histoire de l’art - Paris)

Viola Hildebrandt-Schat (Goethe-Universität – Francfort-sur-le-Main / Ruhr-Universität – Bochum) - Du journal de la Tunisreise aux formes combattantes – Pressentiment de la guerre et sa réalité dans la peinture de Macke et Marc

Marine Branland (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) - Août 1914 et après ? La lente mobilisation artistique en France

Christian Joschke (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) - La mobilisation des amateurs. Photographie non officielle dans l'année 1914

Ève Mascarau (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) - Le théâtre du Vieux-Colombier au front

 

CONCLUSIONS

 

Comité scientifique :

Annette Becker (Université Paris Ouest Nanterre La Défense / Institut universitaire de France)

Andreas Beyer (Centre allemand d’histoire de l’art – Paris)

Itzhak Goldberg (Université Jean Monnet – Saint-Etienne)

Godehard Janzing (Centre allemand d’histoire de l’art – Paris)

Rémi Labrusse (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)

Ségolène Le Men (Université Paris Ouest Nanterre La Défense / Institut universitaire de France)

 

En coopération avec :

L’Institut universitaire de France (IUF)

La Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale

 

Coordination:

Marine Branland et Annabel Ruckdeschel

colloque.arts1914@hotmail.fr

 

Lieux :

Université Paris Ouest Nanterre La Défense

200, Avenue de la République

92001 Nanterre Cedex

Salle des conférences (Bâtiment B)

 

Centre allemand d’histoire de l‘art /

Deutsches Forum für Kunstgeschichte – Paris

Hôtel Lully, 45, rue des Petits Champs – 75001 Paris

Salle Julius Meier-Graefe