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13èmes rencontres des chercheurs en didactique de la littérature. École et patrimoines littéraires : quelles tensions, quels usages aujourd'hui ?

13èmes rencontres des chercheurs en didactique de la littérature. École et patrimoines littéraires : quelles tensions, quels usages aujourd'hui ?

Publié le par Pierre-Louis Fort

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13èmesrencontres des chercheurs en didactique de la littérature

École etpatrimoines littéraires :

quellestensions, quels usages aujourd'hui ?

Université deCergy-Pontoise (site de Gennevilliers) les 29, 30 et 31 mars 2012

Les précédentes Rencontres ont abordé des questionscentrales pour traiter des finalités de l'enseignement de la littérature :les corpus, le choix des littératures, la langue et les valeurs (Louvain 2007,Bordeaux 2008, Sousse 2009, Genève 2010). Dernièrement, ce sont les transformationsde l'école et de la formation, liées aux mutations sociales, politiques etéconomiques qui ont été au coeur des débats (Rabat 2011). Or il nous semble queces différents aspects sont à mettre en relation. En effet, face auxchangements, à la perte supposée des repères et des valeurs, à la difficultéd'ouvrir le champ à d'autres littératures, les discours officiels se réfugientderrière le patrimoine littéraire comme « pilier », comme valeur àtransmettre, comme élément de fondation d'une culture commune. N'est-ce pasopposer les mouvements de la modernité à un enseignement du patrimoinelittéraire qui serait gage de permanence et de stabilité ?

Les 13èmes Rencontres vont donc s'attacher àquestionner la notion de patrimoine littéraire, à travers sa constitution et satransmission par l'école ainsi qu'au regard des valeurs qu'il véhicule et destensions suscitées.

Tout d'abord, l'usage de la notion de patrimoine dansl'univers scolaire, comme fondateur de catégories littéraires plus ou moinsexplicites (Louichon 2007), nécessite d'être analysé. Par cette fonction decatégorisation, l'école opère un processus de légitimation (Aron et Viala 2005)qui à travers l'institution d'un canon exclut un certain nombre d'oeuvres(Schaeffer 2011). Cette opération, fondatrice, mérite d'être interrogée à sontour, d'autant que la notion de patrimoine, ce « lieu de mémoire »,est corrélée à un mouvement de patrimonialisation (Nora, 1986) qui ne s'arrêtesans doute pas au seuil de l'école. Par ailleurs, la constitution du patrimoinese réalise dans des supports matériels (notamment les manuels et ouvragesscolaires) dont le rôle est moins souvent évoqué et qui, cependant, sont aucoeur de l'institution et de la préservation de ce patrimoine (Choppin 2008,Chartier et Hébrard 2000). Enfin, ces différentes notions, ces objets, cessupports, ces catégories ont varié dans l'espace et le temps, selon les pays etles époques et en fonction des finalités assignées à l'éducation (Chervel2006).

La question des patrimoines littéraires scolaires, de leurfabrication, de leur transmission et de leur conservation est centrale danstoute réflexion sur la didactique de la littérature (Daunay 2007). Elle a déjàété posée, sous différents aspects, au cours de colloques ou séminaires (Arras,novembre 2009). Aujourd'hui, dans un contexte éducatif particulier et dans unevisée internationale, il semble nécessaire, dans le cadre de l'enseignement dela littérature, de l'aborder, en croisant les problématiques.

Il convient tout d'abord d'essayer de circonscrire plusprécisément la notion elle-même, en tant que construction culturelle etidéologique, avant de reposer la question en termes de patrimonialisation et depatrimoines – au pluriel cette fois. En effet, ce sont bien despatrimoines qui permettent la constitution de sujets sociaux et scolaires, entransmettant des valeurs, des savoirs (Manesse 1995). Visant à faciliter laconstitution de cultures partagées dans des espaces nationaux, ils en sont à lafois les gardiens et les principaux objets. Or ces cultures, ces ensembles devaleurs, ont changé selon les époques et varient selon les pays. L'observationdes pratiques et des supports facilite la connaissance du rôle et des usagesdes patrimoines littéraires qui ne peuvent être étudiés en dehors des contextesdans lesquels ils sont élaborés.

Il convient également d'interroger la fonction detransmission des patrimoines dévolue à l'école et de savoir de quelle natureest cette transmission, quels en sont les moyens, les supports matériels et surtoutles finalités. Là encore, des variations existent, et l'on peut par exemple sedemander si le patrimoine transmis est le même pour toutes les filièresscolaires et à tous les niveaux.

Enfin, réfléchir aux patrimoines littéraires nécessite des'intéresser aux phénomènes d'exclusion et aux corpus illégitimes (ou« illégitimés » ?), qui connaissent des évolutions inégalesselon les époques et les espaces. Si la « paralittérature », lalittérature de jeunesse, et certains corpus francophones, par exemple, sontentrés dans les programmes scolaires ces dernières décennies, cela ne signifiepas pour autant que leur place et leur statut soient exempts de tensions et depolémiques. Les usages scolaires des patrimoines littéraires produisent ainsides tensions entre intégration et exclusion, culture commune et variationssociales.

Ces différents points conduisent à s'interroger sur les sensque l'on peut donner à la notion de patrimoine littéraire ainsi qu'auxpatrimoines littéraires tels que l'école les institue et en assure lapréservation ; sur les valeurs véhiculées par ces patrimoines ; surles raisons des choix effectués par l'école ; sur les corpus et lessupports qui en permettent la transmission ; sur les choix culturels misen jeu ; enfin sur les lecteurs et les lectures institués par cespatrimoines. Ces questions ouvrent de larges perspectives de recherche etnécessitent des approches synchroniques, diachroniques et comparatistes.

Axe1 : les supports 

Le premier axe envisage laquestion du patrimoine sous son aspect « matériel ».

Il s'agit donc d'interroger ceque l'école fait des formes patrimoniales matérielles (brouillons d'écrivain,archives diverses) mais aussi de s'intéresser aux supports scolaires despatrimoines littéraires : quels rôles, quelles places, quels usages,attribue-t-on aux manuels, aux ouvragesscolaires, aux exercices, aux cahiers, etc. ? Avec quels enjeuxdidactiques ?

Il s'agit aussi d'envisagerl'évolution et la transformation de ces différents supports, et notamment leurdématérialisation par le numérique. Quels sont ces nouveaux supports ? Quelleplace leur fait-on ? Quels usages scolaires et disciplinaires ? Etces évolutions ont-elles une incidence sur la transmission ou la constructiondes patrimoines ?

Enfin, les techniques et lespolitiques de conservation de ces supports peuvent également être envisagées.Quelles sont notamment les conséquences de la modernisation de ces supports surles modes de conservation et sur la valeur des objets conservés ?

Axe2 : les valeurs

Réfléchir à la notion de patrimoineen littérature appelle nécessairement la notion de valeur, puisqu'au sens propre le patrimoine est un bien que l'ontransmet.

Qu'implique, du point de vue desvaleurs – au pluriel pour passer de la valeur comptable à la valeur morale –l'emploi métaphorique du terme patrimoinepour évoquer cet ensemble d'oeuvres à transmettre ? C'est-à-dire, quellessont alors les valeurs transmises par l'école ? En quoi sedifférencient-elles de celles qui sont transmises aussi en dehors de l'école ? Quelles sont les évolutions notables,dans la transmission des valeurs et du patrimoine, par l'école, au cours dutemps ? Si les valeurs peuvent être considérées comme un ensembleprogressivement construit par la société pour servir de cadre, lesquellessont-elles, comment sont-elles explicitement présentes – ou pas – dans lesoeuvres patrimoniales ? Ces dernières sont-elles les seules ou lesmeilleures pour les représenter ? A contrario, les oeuvres nonpatrimoniales, ou « paralittéraires » seraient-elles dépourvues devaleurs, et donc, sans valeur ?

Axe 3 : la recherche et la formation

L'école place comme élément central la connaissance par lesélèves des oeuvres majeures du patrimoine littéraire et culturel (Socle communfrançais), ce qui suppose pour les enseignants des connaissances spécifiques dans ces domaines. Or, on peut se demandersi les patrimoines sont des objets de recherche et de formation. Comment etsous quelles formes s'étudient-ils ? Sur quelles recherchess'appuie-t-on ? De plus, la recherche et la formation des enseignantsconstituent-elles un lieu où se redéfinissent les patrimoines ? Comment laformation s'empare-t-elle de ces questions ? Selon les cursus scolaires,la formation envisage-t-elle la transmission des mêmes patrimoines ?Quelles peuvent être les incidences de ces variations sur les contenus deformation ? Enfin, quels rôles les modalités de recrutement desenseignants et des chercheurs jouent-elles dans la définition et latransmission des patrimoines ?

Axe4 : la lecture littéraire

L'approche contemporaine de lalittérature et de l'art, qui se fonde sur la relation esthétique que le sujetlecteur ou le sujet spectateur entretient avec les oeuvres, entre-t-elle encontradiction avec l'une des missions majeures de l'école, à savoir laconstruction d'une culture commune, patrimoniale, garante de valeurs éthiqueset esthétiques partagées ? Le passage d'une conception de la lecturelittéraire inscrite dans une théorie du texte à une conception qui s'intéresseà la reconfiguration du texte par le lecteur réel est-il compatible avec leprocessus de patrimonialisation auquel l'école participe ? Commentconcilier un enseignement de la littérature qui privilégie les lecturessingulières que les élèves réalisent et la constitution d'une mémoirecollective ? Cette mémoire peut-elle vraiment être commune à l'ensembledes lecteurs, quel que soit l'espace culturel dans lequel ilss'inscrivent ? La littérature patrimoniale sur support numériqueinduit-elle un régime de lecture particulier ? Ce régime de lecturefavorise-t-il l'émergence du « texte du lecteur » ?  

Inscriptions au colloque :

Avant le 15 février 2012 : 50 €

Après le 15 février 2012 : 70 € 

Contacts et envoi despropositions de communication :

13rencontres-2012@ml.u-cergy.fr

Site du colloque :

www.versailles.iufm.fr/13rencontres-2012.html

Calendrier :

Date limite pourl'envoi des propositions (remplir formulaire joint) : 15 octobre 2011

Retour desexpertises : 15 décembre 2011

Date limite pourl'envoi du titre et du résumé définitifs de la communication : 15janvier 2012

Date limite pourl'envoi des textes des communications : 28 février 2012