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Appels à contributions
10ème anniversaire de la disparition de Léopold Sédar Senghor

10ème anniversaire de la disparition de Léopold Sédar Senghor

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Fondation Léopold Sédar Senghor)

Appel à contributions

ETHIOPIQUES Numero SPECIAL

Commémoration du 10e anniversaire de la disparition du Président L. S. Senghor

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1. littérature

La stature de Senghor, le rayonnement de son oeuvre poétique et théorique ainsi que l'audience de son anthologie, « acte de naissance de la littérature négro-africaine », ont marqué si durablement les lettres et la pensée africaine qu'un bilan d'étape s'impose périodiquement. Dix ans après la disparition du héraut et inlassable théoricien de la négritude, figure tutélaire et prestigieux aux parcours multiples, présent à tous les carrefours de ce long XXème siècle qu'il a traversé en lui imprimant sa marque ineffaçable, ce numéro spécial se donne comme tâche de réexaminer le legs senghorien de pousser plus loin le questionnement sur les problématiques qu'il a su imposer.

Ce numéro se donne comme tâche de parcourir de nouveau l'une des oeuvres les plus essentielles de notre modernité, qui a profondément imprégné nos valeurs, notre vocabulaire, notre langage, donné forme à nos images collectives et à nos représentations, déployant un jeu d'échos incessants entre création et réflexion, de ressaisir ce qu'elle a fait advenir afin d'en démultiplier la portée au travers de diverses recontextualisations.

Ce numéro se propose de frayer de nouvelles pistes de relecture d'une oeuvre riche et complexe, à la fois cohérente et dynamique, édifiée dans une continuité fidèle à ses intuitions originelles, mais tout autant en évolution constante, s'incarnant dans l'expérience et l'engagement.

L'objectif est aussi de faire le point sur les nouvelles approches et perspectives que suscite cette oeuvre qui a façonné de façon décisive ce qui est en jeu pour nous dans l'histoire et dans la littérature, d'explorer les nouvelles directions de la littérature africaine.

Il s'agit enfin non pas de célébrer Senghor dans un unanimisme réducteur, mais de susciter des regards pluriels sur ces recueils poétiques et ces essais qui ont modifié la perception de l'Afrique par le monde et du monde par l'Afrique.

AXES DE RECHERCHES

- Que reste t-il de l'aventure historique de la Négritude ? Les grands thèmes senghoriens (culturel-civilisation de l'universel) font- ils sens aujourd'hui ?

- Quels sont les rapports négritude-métissage entre ces référents et les nouvelles idéologies du tout-monde et des identités multiples ?

- Quelle analyse faire de la présence et de la subversion des modèles senghoriens dans la littérature vivante d'aujourd'hui ?

- Quelle est la posture de la postérité senghorienne : filiation et/ou dissidence ?

- Que deviennent les expressions identitaires à l'heure des multiculturalismes et des stratégies postcoloniales ?

- Dans quelle mesure s'inscrit la puissance de la tradition orale dans les textes écrit ?

- comment lire les dynamiques de l'hybridité et les approches critiques nouvelles ?

- Quelle est la Relecture de l'histoire de la littérature africaine, de ses traditions critiques et de ses mouvements d'inflexions et d'innovations au miroir des essais senghoriens ?

- Comment lire le parcours de Femme noire aux voix féminines d'aujourd'hui ?

 

2. La pensée et l'action politique

Se questionner sur le thème : « Senghor, d'hier à demain », c'est sans doute une invite à repenser les sources et l'a-venir de la pensée du poète président, à la fois penseur et homme politique.

A l'heure du bilan d'étape des études senghoriennnes, il est aisé de constater que le problème posé par les sources semble être rebelle à toute analyse cohérente et systématique. C'est dire que les chercheurs sont invités, d'une part, à établir les rapports multiformes que ce lamantin des temps modernes a appris de l'Autre, afin de dévoiler les fondements de ses convictions métaphysiques, religieuses et morales qui, sans nul doute, ont déteint sur l'acteur politique. Par exemple, quels liens a-t-il entretenus avec des auteurs encore insoupçonnés comme Max Scheler ? Jacques Maritain ? Quelle a été l'influence de ces derniers sur ses décisions politiques ? Jusqu'à quelle limite ont collaboré chez Senghor l'homme de foi et l'acteur politique ?

D'autre part, que faire alors de l'héritage de Senghor ? question à tendance anonyme, mais qui risque d'être au coeur des solutions supérieures de nos crises d'identité actuelles. Il semble que toute réponse allant dans ce sens convoque les épigones que nous sommes à une appropriation de son oeuvre, afin d'en découvrir les présupposés théoriques et théorétiques. N'est- ce pas temps aujourd'hui que les philosophes de formation s'engagent courageusement à une interprétation plus conséquente, en particulier, de l'oeuvre poétique de Senghor ? Quelles orientations philosophiques proprement africaines proposait-il ? Au moment où les tenants « d'une philosophie africaine » déploient des trésors d'ingéniosités à asseoir une métaphysique propre à l'Afrique, pourquoi ne nous tournons-nous pas vers ce visionnaire qu'est Senghor ?

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3. Critique d'art : Les arts et l'esthétique de la Négritude

C'est au début des années 1960, avec ce qu'on a appelé « L'École de Dakar », qu'est apparu au Sénégal le style artistique de la Négritude, inspiré et promu par le poète-président Léopold Sédar Senghor. Au fondement de l'art de la Négritude Senghor place l'émotion et la sensibilité, le rythme et la danse, l'image rythmée et l'image analogique, le parallélisme asymétrique.

Contre le déni radical de l'existence d'une esthétique négro-africaine, il a insisté sur l'aspect conceptuel pour établir une classification des appréciations esthétiques en Afrique. C'est ainsi qu'il nous rappelle que chez les Wolof, les termes « taar » et « rafet », « beauté » et « beauté », désignent, de préférence, un homme ; tandis que « jekk », « yem » et « matt », qu'il traduit par « qui convient », « qui est à la mesure de », « qui est parfait », s'emploient pour l'oeuvre d'art.

Mais l'existence dans les langues africaines des mots « beau » ou « laid » ou de critères esthétiques propres aux Africains est-elle suffisante pour parler d'une esthétique négro-africaine ? Dans quelle mesure peut-on parler d'une Esthétique « négro-africaine » ou d'une Philosophie de l'art « négro-africain » ? Quelles sont les conditions d'un discours de type esthétique qui pourrait être formulé à propos des arts africains ou, autrement dit, comment formuler des concepts philosophiques dans leur approche ?

La culture, dit-on très souvent, est au début et à la fin de tout développement. Voilà pourquoi la pensée esthétique de Senghor est indissociable de son mécénat d'art et de sa politique d'action culturelle. Il a exposé de nombreux artistes parmi lesquels Pablo Picasso, Pierre Soulages, Iba Ndiaye, André Masson. Senghor était aussi un grand collectionneur : grâce à lui, « l'État sénégalais dispose désormais d'une riche collection d'oeuvres d'art qui constituent le Patrimoine privé artistique de l'État (PPAE) » (cf. Abdou SYLLA, Éthiopiques n°69). Il a mis en place des institutions d'action culturelle telles le Musée Dynamique, Mudra-Afrique, le Théâtre national Daniel Sorano, l'Institut islamique de Dakar, l'Université des Mutants de Gorée, les Manufactures sénégalaises des Arts décoratifs, les Nouvelles Éditions africaines, le Bureau sénégalais des Droits d'Auteur.

Quelle lecture peut-on faire de cette politique culturelle de Senghor ? Que sont devenues aujourd'hui toutes ces institutions ? Que reste-t-il de l'action mécénale de Senghor dans les arts plastiques ?

Le véritable art, écrit Senghor, « est enracinement et déracinement. Enracinement au plus profond de la terre natale : dans son héritage spirituel. Mais déracinement : ouverture à la pluie et au soleil, aux apports fécondants des civilisations étrangères ». C'est dans cette seule mesure que l'humanisme sera une Civilisation de l'Universel : une civilisation nouvelle, plus civilisée parce que plus totale et sociale, plus métissée. Comment l'artiste africain contemporain peut-il continuer à revendiquer son africanité et en même temps s'ouvrir au monde ? Quelle sera sa place dans la mondialisation ou dans cette Civilisation de l'Universel ? Quel rapport peut-il y avoir entre le discours esthétique de la Négritude et celui du Postcolonialisme ?

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Les propositions seront reçues jusqu'au 15 août 2011 à

- senghorf@orange.sn

- bachir@refer.sn

Important : les auteurs sont priés de respecter les normes de présentation d'Ethiopiques  (voir revue en ligne : www.refer.sn/ethiopiques) et de laisser leur(s) contact (s) ou de donner une adresse postale précise.