Questions de société
(07/02/09, revue de Presse: Axel Kahn prône le retrait du projet de réforme des universités, Bayrou s'en mêle + video.

(07/02/09, revue de Presse: Axel Kahn prône le retrait du projet de réforme des universités, Bayrou s'en mêle + video.

Publié le par Bérenger Boulay

Sur cette page:

  • Axel Kahn prône le retrait du projet de réforme des universités (Véronique Tison, Reuters 07/02/09).
  • Communiqué de presse d'Axel Kahn
  • Bayrou : Sarkozy fait naître un doute "malsain" autour des chercheurs (NOUVELOBS.COM 07.02.2009)
  • Vidcast: La voix est libre (France 3 Alsace).



Le chercheur et président d'université Axel Kahn a demandé samedi àNicolas Sarkozy de retirer le projet de réforme des universités.

Dans son émission télévisée de jeudi, le chefde l'Etat avait présenté le président de l'Université Paris-Descartescomme un homme de gauche favorable au projet de réforme porté par laministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, ValériePécresse.

Le même jour, des milliers d'universitaires etd'étudiants avaient manifesté dans plusieurs villes de France contre leprojet, en contestant notamment son volet sur l'évaluation desenseignants chercheurs.

"Depuis plus d'un an j'étais favorable àune modification du décret fixant le service des enseignantschercheurs," a déclaré sur Europe1 Axel Kahn, qui s'était initialement prononcé en faveur de la réformeavec d'autres présidents d'université dans les colonnes du journal LeMonde.

"Aujourd'hui l'affaire est emmanchée de telle sorte qu'elle n'aboutira pas," a-t-il poursuivi.

"Puisquele président de la République a fait l'honneur d'accorder quelque poidsà mon avis, il s'est réclamé de moi, qu'il m'écoute : M. le présidentde la République, vous n'arriverez pas à faire passer ce décretaujourd'hui et par conséquent il faut reprendre le dialogue, voircomment on évalue le métier des enseignants chercheurs, comment onvalorise toutes leurs activités."

Pour Axel Kahn, le gouvernementa multiplié les erreurs sur le dossier et Nicolas Sarkozy a tenu despropos "blessants" sur les chercheurs et la réalité de leur engagement.

"Toutcela fait qu'aujourd'hui la communauté est à ce point remontée contrece qui se fait que la seule possibilité de reprendre un dialogue et dediscuter d'une évolution du métier des chercheurs, c'est de retirer cetexte," a-t-il dit.

Il a cependant ajouté qu'il ne fallait pasnon plus enterrer purement et simplement la réforme car "personne nepeut désirer revenir au statu quo antérieur".

Véronique Tison

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Communiqué de presse d'AXEL KAHN – Président de l'Université Paris Descartes 7/2/2009:


J'ai été cité par le Président de la République lors de son émission à la télévision le Jeudi 5 février
2009. Le Président de la République s'est déclaré renforcé dans ses opinions par la Tribune publiée
dans le Monde par moi-même et trois autres Présidents d'universités, Alain Beretz, Université de
Strasbourg, Yvon Berlan, Université de la Méditerranée, et Jean-Charles Pomerol, Université Pierre
et Marie Curie.

Je désire par conséquent préciser les points suivants :
1. Je suis favorable depuis longtemps, dans son principe, à la modification du Décret de 1984
fixant les services des enseignants-chercheurs à l'Université.
2. En effet, une telle modification est indispensable pour prendre en compte dans la promotion
des enseignants-chercheurs l'éventail de leurs activités (recherche, enseignement, pilotage)
et non plus seulement la recherche.
3. L'évaluation des activités selon des critères discutés collégialement et sous la responsabilité
d'une instance nationale est la contrepartie d'une réelle prise en compte des services, et le
seul garde-fou contre l'arbitraire.

4. La présentation initiale par le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche de
la réforme du Décret de 1984 semblait indiquer que l'augmentation des charges
d'enseignement serait la punition infligée aux mauvais chercheurs ; une telle vision n'est pas
acceptable.

5. De plus, la décision prise par l'Etat de supprimer deux-cent cinquante postes dans les
universités alors même que les besoins s'accroissent du fait du passage à l'autonomie, a
donné du poids à la crainte d'une mesure comptable, compensant l'insuffisance des effectifs
par des surcharges de service.

6. Dans son allocution sur la recherche et l'innovation française, le Président de la République a,
le 22 janvier 2009, gravement blessé les chercheurs et les enseignants-chercheurs par des
considérations qui remettaient en cause, souvent, l'engagement de toute une vie.

7. Dans ces circonstances, la communauté universitaire s'est très massivement dressée contre
les modifications proposées du Décret de 1984, et cela malgré d'incontestables
améliorations de ce texte.

8. Mon analyse est que la reprise du dialogue sur la nécessaire évolution de ce décret, dans le
contexte d'exaspération et de mobilisation actuel, exige le retrait du texte adressé au
Conseil d'Etat et une reprise à zéro des discussions.

9. La Conférence des Présidents d'Universités doit aussi porter très haut la revendication
d'une annulation de la suppression des postes et d'un plan pluriannuel d'embauches afin
d'accompagner le passage à l'autonomie et toutes les charges nouvelles que cela entraîne.

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Bayrou : Sarkozy fait naître un doute "malsain" autour des chercheurs (NOUVELOBS.COM 07.02.2009)

Le président d'université Axel Kahn, cité par Nicolas Sarkozy commeétant un homme de gauche favorable à la réforme du statut desenseignants-chercheurs, appelle également au retrait du projet.

Le centriste François Bayrou, président duMouvement Démocrate (MoDem), a fermement critiqué vendredi 7 février laréforme du statut des enseignants-chercheurs et les déclarations deNicolas Sarkozy sur leur évaluation, qui selon lui font naître un doute"malsain" à leur égard.
"Non seulement je comprends cette colère, mais je trouve qu'il faut quetous les responsables réfléchissent à ce qui est en train de se passerà l'université", a déclaré François Bayrou durant l'émissionhebdomadaire de Samuel Etienne "Comme un vendredi" sur France 3.
Par ailleurs, le chercheur et président d'université, Axel Kahn ademandé ce samedi à Nicolas Sarkozy de retirer le projet de réforme desuniversités, alors que dans son émission télévisée de jeudi, le chef del'Etat avait présenté le président de l'Université Paris-Descartescomme un homme de gauche favorable au projet de réforme porté par laministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, ValériePécresse.
Unanimité droite-gauche dans le monde de la recherche

"Ce n'est pas une bonne réforme", a estimé l'ancien ministre del'Education, François Bayrou. "Pour ma part, je n'ai jamais vu unetelle unanimité du monde de la recherche, qui est d'habitude toujoursscindé entre gauche et droite. Cette fois-ci, tout le monde estprofondément blessé".
"Nicolas Sarkozy a dit hier soir [lors de son intervention téléviséesur la crise, ndlr] une contre-vérité absolument flagrante etdangereuse" en affirmant que les chercheurs doivent être évalués, ajugé le député des Pyrénées-Atlantiques. "Il se trouve que leschercheurs, c'est l'un des métiers les plus évalués en France".
"Il y a là quelque chose de dangereux, parce qu'on est en train defaire naître dans le pays un doute à l'égard de la communautéscientifique, et c'est malsain", a-t-il regretté.
Des dizaines de milliers d'enseignants-chercheurs et d'étudiants ontmanifesté jeudi 5 février contre les réformes universitaires dugouvernement, qui prévoient de confier aux seuls présidentsd'université les pouvoirs de promotions et de répartition des heures decours et de recherche. Une nouvelle mobilisation est prévue mardiprochain.

"Vous n'arriverez pas à faire passer ce décret"

"Depuis plus d'un an j'étais favorable à une modification du décretfixant le service des enseignants chercheurs," a déclaré pour sa partsur Europe 1 Axel Kahn, qui s'était initialement prononcé en faveur dela réforme avec d'autres présidents d'université dans les colonnes dujournal Le Monde.
"Aujourd'hui l'affaire est emmanchée de telle sorte qu'elle n'aboutira pas," a-t-il poursuivi.
"Puisque le président de la République a fait l'honneur d'accorderquelque poids à mon avis, il s'est réclamé de moi, qu'il m'écoute : M.le président de la République, vous n'arriverez pas à faire passer cedécret aujourd'hui et par conséquent il faut reprendre le dialogue,voir comment on évalue le métier des enseignants chercheurs, comment onvalorise toutes leurs activités."
Pour Axel Kahn, le gouvernement a multiplié les erreurs sur le dossieret Nicolas Sarkozy a tenu des propos "blessants" sur les chercheurs etla réalité de leur engagement.
"Tout cela fait qu'aujourd'hui la communauté est à ce point remontéecontre ce qui se fait que la seule possibilité de reprendre un dialogueet de discuter d'une évolution du métier des chercheurs, c'est deretirer ce texte" a-t-il dit. Il a cependant ajouté qu'il ne fallaitpas non plus enterrer purement et simplement la réforme car "personnene peut désirer revenir au statu quo antérieur". (avec Reuters)

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S. Huet, blog {Sciences2}:

Axel Kahn, le Président de Paris-5, lache Sarkozy et Pécresse

Le front des Présidents d'Universités craque : après l'appel de plusieurs d'entre eux à une réunion lundi à la Sorbonne, c'est Axel Kahn, le président de Paris-5 Descartes qui abandonne en rase campagne Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse.

Alors même que le Président de la République s'était réclamé de sonsoutien lors de son émission télévisée jeudi - en insistant sur sonpositionement à gauche - Axel Kahn vient de déclarer : "M. le présidentde la République, vous n'arriverez pas à faire passer ce décret (...).

Cette volte-face d'Axel Kahn sera diversement appréciée. Il avait eneffet récemment réaffirmé, avec trois autres Présidents dans une tribunesoutenant cette réforme. Mais nul ne peut se tromper sur sa cause :comme de nombreux Présidents d'Universités, au contact de leurscollègues et électeurs, il ne peut que constater l'énorme colère de ces derniers.A moins de décider de se couper de leur base électorale mais aussi deleurs collègues avec lesquels ils doivent travailler, il leur devientde plus en plus difficile de suivre Valérie Pécresse.
La nouvelleposition d'Axel Kahn reflète une réalité désagréable pour NicolasSarkozy et sa ministre : le refus de la communauté universitaire de sevoir imposer un nouveau statut analysé par beaucoup comme atteignant la dignité de leur métier, est clairement majoritaire, toutes opinions politiques confondues.

Enoutre, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont commis l'erreur tactiquede provoquer un front commun d'actions en cumulant plusieurs raisons decolère du milieu universitaire et scientifique.

A la réforme du statut s'ajoute en effet celle de la formation des enseignants et de leur recrutement. Réforme baptisée mastérisation,mais dont le refus n'est pas celui d'une hausse du diplôme exigé pourêtre enseignant, mais la manière dont elle est conduite.

Pour les professeurs des écoles, c'est la diminution de la formationpédagogique et la disparition de l'année de stage payée qui est aucoeur de la colère des IUFM et explique pourquoi ils se mettent en grève. Pour les enseignants du secondaire, c'est presque l'inverse : les contestataires visent l'affaiblissement des contenus disciplinaires,la possiblité d'être recruté comme professeur de langue vivante sansexamen oral, le risque de voir les reçus au master/recalés aux concoursgonfler les rangs des futurs vacataires.

Surtout, les choix budgétaires encadrent et déterminent complètementle sens réel des réformes. Avec moins d'enseignants-chercheurs, il estévident que la charge de cours de la majorité ne peut qu'augmenter.Avec le démantèlement des Organismes de Recherche et leurtransformation en Agence de Moyens, la précarisation des jeunes chercheurs, c'est la structuration de la recherche qui vacille.

L'addition de ces différentes décisions par le gouvernement se payeaujourd'hui par un mouvement social inédit, de très grande puissance,et dont les participants sont loin de se limiter à la gaucheuniversitaire. L'irruption possible des étudiants, déjà perceptibledans les manifestations de jeudi dernier, pourrait mettre en difficultépolitique Valérie Pécresse et même le Président de la République. Or,ces étudiants ont bien des raisons d'entrer en action :  les problèmesde formations, de bourses, de qualité d'accueil dans les Universités,d'orientation scolaire, de réussite... sont tout aussi énormes qu'il ya un an, deux ans, trois ans.

Voici des extraits des déclarations d'Axel Kahn sur Europe-1, d'après Reuters.

"Depuis plus d'un an j'étais favorable àune modification du décret fixant le service des enseignantschercheurs. Aujourd'hui l'affaire est emmanchée de telle sorte qu'elle n'aboutira pas. Puisquele président de la République a fait l'honneur d'accorder quelque poidsà mon avis, il s'est réclamé de moi, qu'il m'écoute : M. le présidentde la République, vous n'arriverez pas à faire passer ce décretaujourd'hui et par conséquent il faut reprendre le dialogue, voircomment on évalue le métier des enseignants chercheurs, comment onvalorise toutes leurs activités."

Il a également regretté lespropos "blessants" sur les chercheurs et la réalité de leur engagement tenus par Nicolas Sarkozy. "Toutcela fait qu'aujourd'hui la communauté est à ce point remontée contrece qui se fait que la seule possibilité de reprendre un dialogue et dediscuter d'une évolution du métier des chercheurs, c'est de retirer cetexte, même si personne nepeut désirer revenir au statu quo antérieur".

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